jeudi 29 décembre 2005

Partir à point.

Je cours, je cours, je suis en retard, alors je cours, changer les draps, passer l'aspirateur, arroser les plantes, vérifier les PCR, ah non pas l'temps, faire les courses, gratter la voiture, ne pas tomber sur le verglas, courir, zut plus qu'une heure avant de partir pour l'aéroport, je suis en retard, je suis en retard...
Et voilà que l'avion de Sophie a lui aussi du retard.
Un monde où tout le monde serait systématiquement en retard, ce serait quand même un monde parfait.
Et donc si vous nous cherchez, Sophie et moi on est .
Et puis bonne année, hein.

mardi 27 décembre 2005

Même habitants du même temps.

Hier, en passant en coup de vent récupérer la voiture de chef en prévision de l'invasion franco-suisse prévue pour cette fin de semaine, parce que cette année Hogmanay sera écossais et entre copines, je suis tombée dans une faille spatio-temporelle, sorte de piège à mauvaise humeur, dont il me reste de vagues images.
Comme de se retrouver à faire "boing" sur le canapé du salon avec un chien, un bébé phoque et 2 gamins surexcités, au son de "If you're happy and you know it", parce qu'un petit garçon a découvert comment faire marcher la télé et le lecteur de DVD, et qu'à présent il faut danser et chanter toute la journée.
Ou comme le moment où mari-de-chef a décidé de me resservir un quatrième verre de rouge en poussant un plat de meringue vers mon assiette, à peine vidée de son dernier morceau de poisson fumé, alors que les bougies éclairaient 6 visages souriants autour de la table.
Ou comme le moment où l'équipe jaune composée de soeur-de-chef, mère-de-chef et moi-même avons victorieusement célébré dans le whisky notre écrasante victoire pas du tout sur le fil du rasoir sur l'équipe verte composée de chef, mari-de-chef et père-de-chef. Avec un moment d'anthologie familiale désormais gravée dans le marbre de la famille H. lorsque mère-de-chef a eu la lourde tache de nous faire deviner "Wee Willy Winkie" ... non, je n'ai pas pris de photo du dessin, mais je suis sure que la pièce à conviction est en sûreté quelque part.
Ou comme lorsque j'ai expliqué à chef que malgré les tous petits 400 mètres et la quasi-ligne droite qui séparent nos 2 maisons, il me semblait plus raisonnable de repasser prendre la voiture demain, une histoire d’alcoolémie qu’on rigole pas avec quand il s’agit des affaires du boss, quoi, tu comprends ?
Ce qui me fait penser que, quand je dis que je suis particulièrement douée pour me faire adopter, finalement, c’est pas du pipeau.

lundi 26 décembre 2005

La p'tite monnaie de Noël.

Ce que j'aime par dessus tout le 24 décembre au soir, c’est recevoir un message de chef qui me demande "au fait, à quel âge tu les as transférées tes plantes ?".
Et la rappeler, du coup, parce que c'est plus simple de vive voix.
Et donc parler boulot.
Et se dire l'une à l'autre que quand même, ce soir, on ne devrait pas y penser.
Mais que quand même, c'est dur de ne pas.
Comme quoi, je ne suis pas la seule.

Ce que j’aime aussi, c’est recevoir un coup de fil d’Helen, et se raconter nos vies tranquillement, malgré les festivités qui prennent place autour, et décider de passer le réveillon à regarder le même film à la téloche, juste pour se dire qu’on passe Noël ensemble.

Ce que j’aime encore, au petit matin, c’est ouvrir le colis qu’Helen m’a envoyé, ainsi que les paquets laissés par chef, Carole et Gary, et de réaliser qu’il y a une poignée d’amis qui me connaissent tellement bien qu'ils arrivent à me faire rigoler, comme ça, là, toute seule, dans le salon envahi de papiers déchirés.

Comme quoi Noël, c’est pas si mal.

vendredi 23 décembre 2005

Transgène de Noël.

Cher papa Noël,
Cette année, je ne veux qu'une seule chose.
Oh, je sais, c'est une grosse chose, c'est sur.
Mais j'ai été gentille, j'ai travaillé très dur, et il parait que t'es vachement balèze, alors je te fais confiance.
Ne me déçois pas, parce que franchement c'est ta dernière chance.
Non, non, ne te sens pas agressé, je ne menace pas, je préviens. Nuance.
Je voudrais juste que ça là, ce soit vrai:
Evil transgenic Christmas weed
Merci.

Le loup-garou de James Bond.

Puisqu'en essayant un peu énergiquement de nettoyer mes lunettes ce matin, j'ai fait valser un des bitoniaux qui les calent sur mon nez -après d'ailleurs l'avoir fait FONDRE à l'éthanol 100%, comme quoi il m'arrive parfois des trucs incroyables- j'ai du filer chez l'opticien du centre commercial, pour le faire remplacer.
£3.50 l'un, £5 les deux, mais il vaut mieux changer les 2 ensembles ma p'tite dame m'a t’on dit.
D'accord, whatever.
Quand l'opticienne m'a rendu mes lunettes avec un sourire ultra-brite assez flou dans mes brumes myopes, je me suis retrouvée un peu surprise. Désagréablement surprise, s'entend.
Là où ce matin encore trônaient des petits triangles en plastique d'une épaisseur discrète d'un quart de millimètre au grand maximum, sont apparus des boudins d'un bon 2mm de tranche.
Oh, la belle affaire pourrait-on penser. Si tu le penses vraiment, tu ne portes pas de lunettes, et tu ferais mieux de te taire.
Bref, une fois sortie de ma surprise et en continuant à regarder le sourire ultra-brite m'annoncer un truc à propos du resserrage des branches, j'ai fini par murmurer "but... don't you have anything a wee bit more... er... thin ?"
Le sourire ultra-brite se fige un chouilla, "no, that's all we've got", mais reprend du poil de la bête en rajoutant un "so, is this all right ?" qui attend si visiblement un "yes, thanks" qu'il m'en retourne l'humeur.
Et au lieu de me contenter de me taire et d'être polie, au lieu de sourire à cette gentille vendeuse, je m'entends dire, dans ma voix des mauvais jours, celle qu'aucun inconnu n'a jusqu'alors eu le déplaisir de croiser, cette voix glaciale empruntée à mon père et que j'arrive pourtant de mieux en mieux à contrôler, "It's not as if i had any choice, is it ?", en jetant mon billet de £5 sur le comptoir.
Métamorphose immédiate, le sourire se fond en un regard mouillé, je viens bêtement de blesser une vendeuse qui pensait avoir fait du bon travail en me rendant service. Incroyable sensation de culpabilité et de colère mêlées, que j'ai fini par laisser couler.
Cette fille vient juste de payer. De payer pour toutes ces années à dire "oui merci, c'est très bien merci". De payer pour toutes ces fois où je n'ose pas dire ce que je pense, pour toutes ces frustrations, et tous ces gens heureux en plein coeur des fêtes de fin d'année, et pour toutes les peurs que je me trimballe ces derniers temps, et pour cette vulnérabilité que j'aimerai pouvoir complètement camoufler, et pour cette putain de bronchite qui refuse de partir, et pour ces gens qui continuent à me voir transparente, à commencer par ma propre mère, trop occupée par son Géant Vert pour pouvoir ne serait-ce que passer à la poste, et pour cette impression que je parle dans le vide et que mes mots ne servent le plus souvent à rien, transformés, déformés et interprétés par des gens qui ne m'écoutent pas, et pour ces séquences ratées, cette translocation pourrie, tous ces murs sur lesquels je me tape la tête pour rien, et pour toutes mes déceptions, mes envies inavouées, mes échecs, ma trouille, mon ras-le-bol, mon envie de retourner sous la couette chaque matin.
Il y avait tout ça dans cette colère. Complètement inappropriée. Totalement injuste.
Mais pour tout ça, le prix est finalement minuscule. Une vendeuse contrariée, qui aura certainement tôt fait d'oublier l'incident, puisque c'est Noël et que le monde entier ne pense qu'à acheter sa dinde avant que les magasins ne ferment, mais pas de panique, Sainsbury's est ouvert jusqu'à minuit ce soir.
Il n'empêche, honteuse de toute cette haine, j'ai fini par souhaiter poliment un "Merry Christmas" en sortant précipitamment de la boutique pour retourner au labo. Duquel je devrai à l'évidence éviter de sortir ces temps-ci.
Parce qu'à Noël, la lune est pleine.

jeudi 22 décembre 2005

Avec une pipette à la main, j'ai peur de rien ?

Le problème avec les conférences comme ça où tout le monde se connait et se tappe dans le dos, où l'humeur bon(ne ?) enfant ferait presque chaud au coeur, nous autres photobiologistes britanniques on s'aime et on se le dit, bref, le problème, c'est de s'apercevoir que mon travail à moi n'avance pas assez vite. Du tout.
Du tout.
Le problème c'est qu'au lieu d'échanger et de pulluler de nouvelles idées à tester dès le pied reposé en Ecosse, j'ai finalement passé mon temps à me comparer aux autres et à me morfondre dans ma peur de ne pas réussir à produire une chouette histoire, un jour.
Proche si possible, le jour.
Le problème c'est qu'au lieu d'apprécier les sourires des gens pas mécontents de me revoir, au lieu de me concentrer sur les discussions interessantes auxquelles j'ai participées, au lieu de me souvenir que JC (le chercheur le plus sexy d'Ecosse himself, ouais, ouais) m'a demandé avec un gentil sourire si la place à coté de moi était libre et s'il pouvait s'y assoir au conference diner, je ne revois que les regards vides des quelques-uns qui continuent depuis plus de 3 ans à m'ignorer, visiblement.
Le problème, c'est que le verre n'existe que vide ou plein, et que je ne connais pas les demi-mesures.
Et qu'à choisir entre 2 options, je prends rarement celle qui me fait du bien.

mercredi 21 décembre 2005

Builletin de santé.

L'ennui avec des poumons qui brulent, outre l'impossiblité de courir dans les escaliers de Birmingham New Street station pour ne pas rater son train ou de porter un sac sans se transformer en Darth Vader, et ne parlons même pas du paquet de cigarettes qu'on regarde avec des yeux de chiens battus en se disant que c'est chiant d'être raisonnable quand même, non, l'ennui c'est surtout que si je suis malade samedi je ne pourrai pas passer la journée avec ce petit garçon que j'aime et dont les poumons sont bien plus fragiles que les miens.
J'ai donc rendez-vous chez le General Practitioner tout à l'heure.
Preuve s'il en fallait que je ne suis pas aussi têtue qu'on le prétend.
Si l'argument est valable.
Parfois.
Hm.

dimanche 18 décembre 2005

Respire.

Chaque journée amène sa nouvelle théorie loufoque, même si je ne suis pas hypocondriaque, ni même très douillette, mais quand même.
Décollement de la plèvre ? Un peu dramatique, certes. Mais se faire réveiller en sursaut par une douleur aiguë et des poumon qui ne peuvent plus se remplir, du tout, puis un petit peu, mais au prix d'un supplice qui ressemble à un massage d'épines à coeur ouvert, ça fait penser à des trucs cons.
Bon, en se calmant, et malgré la douleur qui déchire sa mère, et qui fait pleurer à gros bouillons en grelotant dans le couloir, parce qu'en pleine nuit il fait froid chez nous, surtout dans le couloir, mais ce serait tout de même balot de mourir dans ma chambre fermée sans que personne ne s'en aperçoive, alors restons dans le couloir, bref, j'ai fini par me dire que c'était peut-être un machin musculaire, finalement, après tout, mon décollement de la plèvre. Un simple muscle froissé, et qui crie sa detresse.
Alors je suis retournée pleurnicher en respirant par petits à-coups dans mon lit, sans pouvoir me rendormir, et j'ai passé la journée suivante à essayer de faire taire la douleur à coup de codéine, paracétamol et ibuprofène, chacun son tour, et on recommence. Sans effet.
On m'a suggéré une côte fêlée autour d'un plat de sushis. Hypothèse très vite rejetée, juste parce qu'elle ne me plait pas, et que les sushis à l'avocat étaient trop bons pour penser à s'inquiéter. Oui, oui, j'appelerai NHS direct en rentrant. Si, j'ai mal, j'ai même une grosse envie de pleurer, mais bon, je ne vais pas m'y mettre là, les larmes dans le calamar, c'est très moyen, et le vin rouge, c'est finalement plus efficace que la codéine. Et puis, tu sais, je n'ai jamais cassé un seul os là-dedans, l'avantage d'avoir une épaisse armure de gras protectrice.
Une nuit avec une bouillote sous le bras gauche, oscillant entre le dos et la poitrine, ne m'a pas empêchée de me réveiller toussotante, grelotante, fatiguée. Alors quoi, bronchite ? Pneumonie ? Tuberculose ?
Non, je n'appelerai pas NHS direct, je suis tétue.
Même si je donnerai beaucoup pour me retrouver sur mon petit lit parisien, un cataplasme sur le dos, un pot de citronnade chaude sur le sol, et papa me racontant Hensel et Gretel pour que je m'endorme après le départ du Dr Brestovansky.
Au lieu de ça, j'ai acheté/emballé/torché tous les cadeaux de Noël, vaincu Endnote et enfin rentré toutes mes références, passé l'aspirateur et la serpillère, et demain dès l'aube je m'envole vers Leicester, célébrer l'année qui s'achève et la photobiologie.
Parce que le travail, c'est la santé.

vendredi 16 décembre 2005

Christmas spirit.

Oh il s’en passe des trucs, il s’en passe.
Comme de se retrouver un peu éméchée à raconter ma vie au postdoc du labo du dessous qui du coup me raconte la sienne. Le tout sur fond de pubcrawl départemental, parce que Noël chez nous, c’est juste un prétexte de plus pour descendre des bières.
Comme de se retrouver sur un canapé à lire des histoires à un petit garçon blond et câlin sous les regards un peu incrédules de la douzaine de collègues, venus célébrer Noël devant un (ou deux) (ou plus) verre(s) de bon vin offerts par chef et son mari (parce que finalement Noël ce n’est pas que de la bière), collègues qui donc n’avaient pas vraiment réalisé que j’avais un amoureux secret dans la famille de chef. Mais si, il n’a d’yeux que pour moi, et moi que pour lui.
Comme de se retrouver en pleine nuit dans la cuisine à tartiner du Mont d’Or sur une baguette juste chaude, parce qu’il faut quand même éponger la bière / le vin / le gin-tonic / le whisky, qui font tourner la Terre bien trop vite pour que je puisse dormir, puisque je vous dis que Noël c’est fait pour boire.
Comme de s’apercevoir que le temps passe, puisque oui, le rendez-vous annuel à Leicester c’est encore pour lundi et mardi (et non je ne suis pas de corvée de talk cette année, il y a une justice dans ce monde), et que finalement mes années ne sont pas rythmées par les guirlandes et les santons, mais bel et bien par des conférences prétextes à boire un peu plus. Ma théorie se confirme donc.
Comme de se dire "Noël prochain en Laponie ?" en rigolant dans le téléphone avec Helen, et d’y repenser sans rigoler finalement, parce qu’il parait qu’on ne vit qu’une seule fois. Et puis ils font peut-être un tord-boyaux qui vaut le déplacement dans l’usine du père Noël, non ?

mardi 13 décembre 2005

Juste une illusion.

Il fait nuit. Ma cigarette se consume, un peu toute seule. Il y a du vent. Je regarde au loin, là-bas, au-dessus des serres, et j’aperçois le Vercors. Un reflet bleuté clairement découpé au dessus des lumières de la ville. Le vent souffle encore. Le nuage se déplace, et mon Moucherotte se disloque, disparaît, laissant place à l’obscurité du ciel écossais.
Pour un trop court instant, je m’étais imaginée chez moi.

lundi 12 décembre 2005

Hexagone.

Puisque j’avais décidé que ce voyage en France se ferait sous le signe de la positive attitude, même si j’ai récemment appris que c’était vraiment trop connoté pour le dire trop fort dans le métro, et puisque j’ai vu uniquement des gens que j’aimais pendant ces quelques jours franciliens, je me suis levée ce matin à 3h30 GMT la mort dans l’âme et pas du tout prête à quitter le sol parisien -même si Roissy c’est déjà plus Paris, et le Formule 1 pas exactement un bijou de l’hôtellerie française, m’enfin on va pas chipoter quand même- et j’ai épié les quelques rares bâillements en version française qui me séparaient de mes bus à double étage avec l’anxiété du condamné qui retourne s’enfermer dans sa cellule après sa toute dernière promenade. Dernière cigarette. Dernier café. Dernier croissant. Dernier regard. Bref, loin de moi le soulagement habituel de quitter la mère patrie et de rentrer dans mon home sweet home bien-aimé. Finalement, le sol importe peu si le cœur est là.
J’ai comme l’impression de ne plus savoir parler anglais aujourd’hui, d’avoir oublié tous mes verbes irréguliers, de faire répéter chaque phrase 3 fois, et surtout de zézayer un peu beaucoup, and zis iz ridiculousse, quand même, là. Quel est le con qui m’a re-retransformé en frenchie de base le temps d’un long week-end, m’enfin ?
Alors je me cache sous mon baladeur, avec les derniers Bénabar et Raphaël qui tournent en boucle, parce qu’en plus d’une pile de magazines féminins et du Mont d’Or acheté à l’aéroport pour remplacer celui qui doit encore m’attendre dans le frigo de Tantine, j’ai ramené des tas de CDs achetés chez Gibert, puisqu’après tout, j’avais bien dit que c’était Noël.
Alors je me dis que… ça ira mieux demain, du moins je l'espère, même si je crois bien, que ça n’pourra pas être mieux qu’hier.

vendredi 9 décembre 2005

Color blind.

Les tickets de métro ils ne sont plus du tout verts mais totalement violets.
Comme quoi quand on ne veut voir qu'avec le coeur on devient aveugle à la réalité.

jeudi 8 décembre 2005

Paname, béton et macadam.

A Paris, il y a toujours ces petits tickets de métro verts, ces gens qui parlent fort et qui partagent leur intimité sans le vouloir dans le RER, ces arbres encagés dans leur grille de fer, ces voitures sur les passages piétons, le vent qui souffle sur la Seine, rien n'a changé, vraiment.
Et pour une fois, mon regard est tendre, rempli de bons souvenirs, parce qu'il y en a des tas, finalement, et je revois le chemin du lycée avec Nam-Binh au petit matin le long du canal St Martin, la boulangerie avec ses beignets à la crème derrière la gare du nord, et les banc publics sur lesquels on peut lire et parler aux inconnus, et cette odeur, l'odeur du Paris qui avait fini par m'apprivoiser, après 10 ans ici, l'odeur de la ville le matin, grise mais fraiche.
Après le sourire et la gentillesse de l'accueil de ma Tantine hier soir, il ne manque plus que l'arrivée de ma cousine-préférée-avec-les-croissants, et il semblerait que les vacances commencent pour de vrai, alors...

mardi 6 décembre 2005

Super size me.

J'ai pas faim.
Putain bordel de merde j'ai toujours pas faim.
Non, parce qu'hier soir, dans une discussion intense et entre 4 yeux avec ma psy chérie, j'ai promis pris la résolution de ne plus manger sans avoir faim, puisqu'il fallait bien se décider à agir, au lieu de continuer à sombrer.
Alors j'attends d'avoir faim.
Et puis ça vient pas, j'ai pas faim.
Oh l'envie de manger me torture depuis quelques heures déjà. Quelques heures pendant lesquelles il m'a été impossible de continuer à écrire, alors que je dois rendre ma copie au plus tard demain à 15h avant de sauter dans un taxi pour l'aéroport, parce que demain mes vacances de Noël commencent, comme du 7 au 12 décembre, cette année, c'est mon Noël à moi.
Toujours est-il que chef veut notre book chapter enfin bouclé avant mon départ pour Paris, et qu'au lieu de me dépêcher de finir de raconter le gibberellic acid, j'attends d'avoir faim.
Mais non, j'ai pas faim.
J'ai pas faim du tout, du tout, du tout.
J'ai pourtant exactement 90 pences dans mon porte-monnaie. 2 paquets de chips, donc. Smoked bacon et Worcester sauce. J'imagine la cafét plongée dans l'obscurité, la lumière projetée par la vending machine, les fauteuils vides qui m'attendent, le goût métallique du paquet qu'il faut déchirer avec les dents, le bruit craquant et les premières saveurs salées qui atteignent ma langue.
Mais non, j'ai pas le droit, j'ai pas faim.
Manger sans avoir faim c'est le mal, la dégénération ultime, ma façon à moi de me "donner l'amour que je n'ai pas reçu" (et je paye une américaine immigrée en Ecosse £35 de l'heure pour qu'elle me dise de telles trivialités, oui...), l'ennemi ultime qu'il me faut combattre si je veux reprendre le contrôle de ma vie.
Alors je combats.
Le ventre même pas vide, puisque j'ai pas faim.
Eh, est-ce qu'il est possible de finir par mourir de faim sans avoir faim ?

dimanche 4 décembre 2005

Le marché de Noël.

Fiona a acquis un nouvel aspirateur. Et des sacs qui vont dedans.
Pour célébrer comme il se doit cet évènement majeur, j'ai donc courageusement fuit la maison. Direction les magasins, histoire de ne pas arriver les mains complètement vides dans la ville de mon adolescence mercredi soir.
Princes Street est hystérique. Un flot compact et bi-directionnel, des cris, le bruit des bus, des lumières un peu partout, laissant malgré tout la ville dans une obscurité épaisse, parce qu'il fait nuit à 15h30, ces temps-ci, des guirlandes, des bonnets rouges, des bonnes-femmes au visage énervé, des bonshommes qui portent les sacs, une histoire de partage des taches je présume, la pluie qui mouille tout ce beau monde, mais personne ne rale, on est en Ecosse après tout, et la cornemuse accompagnée de son kilt détrempé résonne au coin de Princes Street et d'Hanover Street, petite touche spéciale touristes.
Le rayon "Christmas food" de Jenners, la Samaritaine locale, est rempli de spécialités européennes, chocolats belges d'Edimbourg, huile d'olive de Provence d'Edimbourg, vins de France d'Edimbourg, et tout à coup je me demande si je vais réussir à exporter un peu des saveurs de mon pays vers la mère patrie. J'aurai du aller au Sainsbury's du coin, finalement.
La mission du jour est double, puisque, outre l'achat de shortbreads, il me faut des chaussures, la pirouette mettre-des-sandales-pour-le-mariage-à-Dundee-en-octobre semblant un stratagème impossible à renouveler pour le-baptême-à-Villepreux-en-décembre. Foule compacte et en délire ou non, je ne repartirai pas de l'enfer sans mes chaussures de fille. Et évidemment, lorsque des Stan Smith roses et en promotion me tendent les lacets, je finis par me demander si des baskets roses avec une jupe rouge ça ne ferait pas l'affaire, tout compte fait. Ami(e) du bon gout, rassure-toi, j'ai pris les deux. Les baskets ET les chaussures de fille toutes moches.
En rentrant chargée de 4 gros sacs, j'ai trouvé une moquette propre comme un sou neuf, et j'ai réalisé que finalement, passer l'aspirateur aurait été définitivement moins satisfaisant que de survivre à un samedi de décembre dans les magasins d'Edimbourg.

vendredi 2 décembre 2005

Le bonheur serait-il sous le sapin ?

Envie de creuser un trou et de hurler très fort dedans. Sans raison, juste énervée par la colère, juste épuisée de ne pas être capable de voir la beauté des gens qui m'entourent. Agacée, méprisante, difficile à supporter.
Juste envie de descendre la Dent de Crolles avec des sacs en plastique aux pieds en rigolant parce que bordel MAIS LA NEIGE C'EST FROID ! Sauf qu'il n'y a ni neige, ni Dent de Crolles, ni matière à rigoler, mais PUTAIN C'QUE T'ES CHIANTE QUAND TU RONCHONNES !
Je grelotte, sans sourire, sans entrain, pas très fière de mes coups de gueules de la journée, même pas envie de passer yet another week-end sans pouvoir m'allonger dans l'herbe loin du monde, loin de tout, loin de moi.
Le Braidburn Inn a sorti le sapin, les guirlandes, et Last Christmas à la sono. Ca doit encore être cette époque là qui recommence, donc. Dommage. Christmas shopping. Christmas cards. Christmas party. Christmas overdose, déjà. "Are you going home for Christmas ?" - "Well, yes, as everyday actually, i'm not planning to sleep in the street while it's so fucking freezing outside !" - "...". Marre des questions idiotes, conventionnelles, inintéressantes. Des complaintes sur la famille, sur le manque d'imagination pour aller fouiller les magasins, sur le froid qui fouette sa race, sur les nuages gris et le temps qui passe trop vite. Même pas indifférente, ce serait tellement plus gérable, mais irritée. Et je le cache mal, très mal.
Alors quoi ?
Noël et ses familles heureuses, réunies, ces putains d'image d'Epinal qui ne correspondent à rien dans ma mémoire, une légende urbaine qui ré-apparait chaque année, ou alors peut-être suis-je juste jalouse de tous ces autres, avec leurs familles joyeuses qui s'engueulent-mais-qui-s'aiment, qui envahissent, qui irritent, mais qui sont là, qui existent, qui savent briller autrement que par leur absence même pas cruelle, parce qu'on s'habitue très bien à la liberté, finalement. Et puis j'éxagère, j'ai toujours été particulièrement douée pour combler mes manques et m'inventer des familles, des plus mieux, des comme je les aurai voulu, et SURTOUT des que je peux quitter pour rentrer chez moi le soir venu.
Quoi alors ?
Rien.
Et voilà donc qu'aujourd'hui ce petit garçon que j'aime vient de m'inviter à passer Christmas Eve avec lui. Et ma chef, donc. Alors tout à coup moi aussi je vais aller faire les magasins, moi aussi je vais acheter du papier cadeau, moi aussi je vais chanter des chansons de Noël, même si on est un peu bloqué à "'apy beuday to youuuu", parce qu'à 2 ans, les paquets cadeaux déclenchent certains automatismes indépendants des gros barbus en rouge, il semblerait.
Bref, moi aussi je vais devenir chiante.
Et je m'en réjouis d'avance.
Façon Droopy.
C'est dire si je nage dans le bonheur.

jeudi 1 décembre 2005

Thanksgiving.

Des fois je dis des trucs vraiment stupides. Commes mes idées pas tellement bien réfléchies sur les méfaits des progrès de la science et de la médecine qui rend finalement l'homme faible en le soustrayant à la sélection naturelle.
Connerie théoricienne.
Parce que ce soir, un petit garçon est à l'hopital pour la 3ème fois cet automne. Oh c'est pas vraiment très grave, une grosse crise d'asthme, quelques nuits sous oxygène. Mais il y a quelques dizaines d'années, il n'aurait pas survécu au delà de sa deuxième année, et je n'aurai plus eu la chance de lui lire des histoires de poissons et de gros matous de temps en temps.
Alors je vais arrêter de raler sur notre société de dégénérés où tout va à vau l'eau, parce que demain, je sais qu'il va rentrer à la maison et recommencer à courir en rigolant. Et ça me donne juste envie de dire merci.