mardi 20 septembre 2005

On juge l'arbre à ses fruits...

J'ai peur, ça continue, ça ne me lache plus, je ne sais plus, et je n'aime pas ça.
Je n'aime pas ce que cette psy réussit déjà à me faire dire, l'air de rien, je n'aime pas ses regards étonnés, je résiste, je ne veux pas voir, je refuse, putain je vais en passer des £35 avant d'admettre que je suis bonne à quoique ce soit. Je n'aime pas qu'on me renvoie en pleine gueule qu'effectivement, mon père ne m'a pas tellement aidée, qu'effectivement, il y a de quoi en vouloir à ma mère, qu'effectivement, mon estime de moi est à reconstruire entièrement, et que ce n'est même pas étonnant. Je le sais, mais je ne veux pas l'entendre, on ne touche pas à mes croyances, à bientot 29 ans de bourrage de crane, à mes raisonements dichotomiques, être la meilleure ou rien, c'est ce qui m'a toujours fait tenir, c'est ce qui me fait avancer chaque jour, c'est ce qui me mange à chaque instant, parce que je ne suis pas la meilleure, et que je ne le serai jamais, parce que même si je l'étais je refuserais de le croire, parce que je sais bien que c'est impossible, je suis 'malheureusement' de la catégorie des "c'est pas mal", papa me l'a assez répété, et j'ai bien appris ma leçon.
"What are you good at then ?". I don't know and i don't care ! I don't want to be 'good' at anything, i want to be 'the best', don't you get it ?
Alors je continue à ne pas réflechir, à lancer des PCR d'une main en coulant des gels d'acrylamide de l'autre, sans oublier de vérifier la dernière version en date du manuscrit, et Eve have you posted a project to get an undergrad ? Non, pas encore, oui, je le fais immédiatement, oui, je sais, je suis en retard, Oh, and Eve, have you made the last spatula figure ? Well, no, err... ok, it'll be on your desk first thing in the morning... non parce que ce WE j'ai eu un coup de mou, mesurer des cotylédons m'est soudainement apparu insupportable, alors je me suis contentée de semer d'autres trucs tout en finissant des constructions et en planifiant un peu de bioch, histoire de changer mon quotidien. Pretty relaxing bank holiday WE, in'it ?
Mais c'est parce que je le veux bien, parce que je n'arrive pas à me donner un autre choix, parce que c'est tellement plus facile de ne pas penser, de me noyer dans des listes écrites en bleu et barrées en vert, d'essayer d'oublier ce putain de noeud qui n'arrive plus à partir, et surtout continuer à me lever tôt pour limiter le nombre de cauchemards, continuer à me coucher tard pour la même raison, et vivre dans le déni, me forcer à croire, juste pour quelques jours, juste pour quelques heures, que toutes mes valeurs ne sont pas à fouttre à la poubelle en appuyant bien fort sur le couvercle.
Et cette putain de bande qui refuse d'apparaitre sur mon gel. Not in frame or what ? Mon drame de la journée, microscopiquement ridicule, et pourtant, et pourtant... je n'ai de place pour rien d'autre, et je vais surement en pleurer de rage en refermant la porte de ma chambre ce soir.
Putain de bordel de métier de merde que j'aime à en crever, même si je sais bien qu'il ne me le rendra jamais. Et ouais, je sais que je devrais arrêter d'utiliser à tort et à travers les 'jamais' et autres 'toujours'.

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