jeudi 8 décembre 2011

Perspective.

2 heures plus tard, ce même lundi soir, après son trajet habituel à vélo, le collègue de labo de chéri arrive chez lui.
Marié, 2 enfants, 47 ans, sportif, en bonne santé, chimiste talentueux, apprécié et respecté par tout le monde au labo.
Il arrive donc, et monte les escaliers pour aller prendre sa douche.
Et s’écroule.
Arrêt cardiaque.
L’institut n’a même pas annulé le Christmas lunch de demain. Après tout, pourquoi pénaliser le reste du département parce qu’on enterre quelqu’un au même moment ?
Ce serait trop injuste.

lundi 28 novembre 2011

Nowhere.

Où en étais-je déja ?
Fin novembre, le mois le plus long laisse encore des traces. Je m’isole, je m’isole, je me noie un peu aussi, et je m’auto-censure beaucoup, constamment.
C’est con aussi, quand la vie refuse de marcher comme je veux, et que je me retrouve à pleurer en dedans, parce que je sais, je sais, ça n’intéresse personne, mes dramelets quotidiens.
Surtout pas chéri, qui vit dans son monde à lui.
Surtout pas les copines, qui ont d’autres chats à fouetter, avec une saison de bébés qui mûrit rapidement.
Alors je m’isole, pour ne pas déranger, pour observer la vie des autres, et la mienne.
Reconversion ratée, fellowship ratée, fécondité ratée, maison ratée, ces 6 derniers mois, tous mes projets me renvoient la même réponse: NON.
Au moins les manips du moment marchent, alors je m’y accroche, 12 heures par jour, parce qu’il semblerait que je ne sache rien faire d’autre. Je me retrouve à pleurer quand un gel migre de travers, à hurler à la mort quand un des thésards finit les tampons sans les remplacer, et à mettre des coups de pieds aux portes quand mes clones disparaissent comme des cons, parce que je les ai mis à la poubelle en faisant du ménage dans le congélo. Bref, mon comportement est non seulement hystérique mais ridicule - mais que faire ? Faire face aux vraies déceptions ? Faire face aux vraies peines ?
Non, c’est bien plus simple d’accuser le labo, chéri, la vie sans prozac, le manque de vacances, novembre.

Où en étais-je déjà ?

mercredi 30 mars 2011

Postdoc-ing seriously harms you and others around you

Pour la première fois en des mois, j'ai battu mon chat à la course au réveil lundi matin. Dans les dents l'heure d'été, Katty dormait encore profondément dans le salon, sans avoir eu le temps d'entonner son "meeeeow" des petits matins calmes. Bon, elle s'est rattrapée ce matin, ce qui montre que son horloge circadienne est quand même très réactive, en une journée elle est totalement ré-entrainée, jetlag connait pas, pas comme mes Arabidopsis.
Bref.
Ceci dit et puisqu'on en est à ma plante favorite (oui, Arabidopsis), je songe sérieusement à changer de métier ces temps-ci, tellement sérieusement que j'ai candidaté ailleurs, quelque part où la recherche est limitée, et Arabidopsis considérée comme une mauvaise herbe. Ca fait un peu peur, quand même. Mais enfin bon, depuis 8 ans et demi que je fais la postdoc de service (et 7 ans jour pour jour que j'ai ouvert un blog !), il fallait bien que ca arrive. C'est balot, alors que mon beau papier a *ENFIN* été accepté, après une dégringolade d'une année à errer de Nature à Plant Cell (via Science, Genes and Development et Current Biology), bref, alors disais-je donc que j'ai un vrai papier rien qu'à moi (et 10 autres co-auteurs qui n'ont pas fait grand chose, mais la politique c'est la politique...), voila que je laisse tomber.
Enfin, que j'essaye de laisser tomber.
"Postdoc-ing is highly addictive, don't start"
"Postdoc-ing can cause a slow and painful death" ?
"Postdocs die younger" ??
Il me reste quand même l'option d'une fellowship, l'actuel plan A. Qui ressemble de plus en plus à un plan B, ou à un plan sur la comète.
Il faudra bien choisir avant le retour de l'heure d'hiver - à moins que je n'aie pas le choix.

mercredi 2 mars 2011

Sens unique.

Ma collègue (et bonne copine) retourne demain pour son 3eme transfert d’embryon. Evidemment, elle ne parle que de ça, et évidemment, comme je suis la seule dans la confidence, elle n’en parle qu’à moi. Que j’aie vraiment une montagne de travail et besoin de me concentrer sur ce que je fais, que je sature un chouilla d’entendre et de re-entendre les mêmes histoires, ça n’a pas d’importance.
C’est bien connu, je suis la bonne copine, l’oreille, toujours disponible.
Qu’elle ait été voir son psy ce midi même, ce psy à qui elle parle de son envie de maternité et des deux premières tentatives qui ont échouées, ça compte pour du beurre. J’ai droit à l’évolution de ses frustrations heures par heure, minute par minute – et ce depuis plus d’1 an. J’ai droit à ses lamentations quand x est enceinte et y a accouché, comme si la vie devait s’arrêter pour le monde entier puisqu’elle s’est arrêtée pour elle. Je me retrouve projetée dans le "monde selon elle", et je me dois de l’adopter, on dirait.
Je comprends bien, ceci dit, je l’aime beaucoup ma collègue, j’ai été triste avec elle, j’ai espéré avec elle, et je vais repartir dans ses émotions pour encore des semaines et des mois.
Mais là, maintenant, tout de suite, j’en ai un peu marre.
Mais bon, comme je suis une bonne copine, j’écoute et je me tais.
Et elle est où, ma bonne copine à moi ?

dimanche 20 février 2011

Child substitute.

Katty se tortille en dormant. Elle fini par montrer son ventre et ouvrir les yeux. Je lui gratouille derrière l’oreille, elle me gratifie d’un "mmm" et se rendort, dans sa fameuse pose superman, les 2 pattes avant prêtes à partir à l’aventure.
A quoi rêve t'elle quand elle dort ?
Quelle est la vraie vie quand on dort 18h par jour ?
Avec qui passe-t'on ses nuits d'insomnie quand on n'a pas de chat à gratouiller ?

mercredi 9 février 2011

Des pommes, des poires.

La dernière nuit des vacances de Noël, celle où je n'arrivais pas à dormir après une semaine de décalage horaire progressif, j'ai eu l'idée du siècle.
Enfin je croyais.
Du coup, la semaine dernière, chéri et moi avons passé nos "vacances" dans un fat camp. Enfin, je devrais dire "fitness and weight loss retreat", mais bon, en même temps, les longues périphrases polies, c'est pas tellement mon habitude.
J'ai appris plusieurs trucs ceci dit:
- que je refuse totalement de compter les calories et les grammes de glucides, ça va, les régimes c'était quand j'avais 20 ans, que je pesais 65kg toute mouillée et que je trouvais ça ENORME. Maintenant je suis grosse et je mange à ma faim. [et plus si affinités, oui, oh, ça va...]
- que je peux courir pendant 10 min non-stop avec 5 jours de torture dans les jambes (et le myocarde), mais que je n'ai AUCUNE envie de répéter l'exploit.
- qu'il est possible d'avoir une seconde vague de courbatures paralysantes après le passage de la première.
- que lorsqu'un nutritioniste nous demande de lui donner des exemples de protéines, chéri et moi on devient un peu geeks crétins, mais bon, faut bien rigoler.
- qu’il est possible de faire de la boxe, de grimper une colline (ou deux) ou de jouer au rugby alors qu’on ne peut pas marcher sans gémir.
- que chéri aime bien me rappeler que it was YOUR idea, not mine !..
- que l'entraîneur, soit-il gentil, encourageant, rigolo, attentionné, voire même mignon, l'entraîneur donc restera TOUJOURS l'ennemi.
- qu'il y a peu de différence entre faire des pompes dans la boue ou dans les crottes de moutons.
- qu'une douche journalière n'est pas nécessaire, surtout en cas de piscine tous les matins suivie de 6h d'autre chose - l'énergie restante pour une éventuelle utilisation de savon fini par tendre vers zéro.
- que 6 jours et des brouettes de sport intense sans massage intégral, ce n'est PAS possible, même à £45 l'heure de massage; l’investissement est NECESSAIRE.
- qu'il peut faire plus froid dans le Devon qu'en Ecosse en janvier. Bordel.
Bref, une belle façon d'utiliser une rare semaine de vacances.
La prochaine fois, on pourrait peut-être directement faire un stage torture à Guantánamo ? Ça me parait la progression idéale.
(mais je sais, c'était MON idée.)

jeudi 27 janvier 2011

La phrase de la semaine dernière.

"Well, i was told that you were totally fantastic and that you were capable of great things... the only problem is, i have yet to see it !"
Thanks boss, i love you too.

mardi 4 janvier 2011

Sans modération

A force de tourner et de me retourner, j'ai fini par abandonner, et me relever. C'est que je voulais écrire tout de suite ce que je pensais de last night in Twisted River, ca ne pouvait pas attendre. C'est que j'avais envie de manger un cracker et de fumer une clope. Comment peut-on essayer de dormir quand il y a des trucs à faire ? Quand il reste encore un programme-à-la-con à la télé que je voulais regarder chéri, je sais oui, c'est super nul "4 weddings" ou "america's next top model", mais je voulais quand même regarder.
Bon, c'est vrai qu'après 2 semaines de vacances (DEUX SEMAINES. oui. je sais. moi aussi, je n'y crois pas), je me couche quand le jour se lève, et je me réveille quand il fait nuit, je bouquine 16h/24 (en moyenne) (c'pas ma faute, c'est mon nouveau kindle), et je n'arrive pas à dormir "quand il faut" (i.e. la nuit). Et comme le retour au labo doit se faire dans 29 heures environ, et que je dois dormir 2 fois d'ici là, et ben c'est pas gagné. (D’autant qu’une fois au labo, je dois m’inventer un nouveau projet. ah, ah, ah, vite la tête dans le sable, 29h c'est dans un siècle)
Ceci dit, cette envie de me lever là, au lieu de rester au lit et de me retourner jusqu'à attendre le sommeil, est-ce que ca ne pourrait pas m'arriver le matin ? Le matin où, qu'il pleuve, qu'il soleille ou qu'il vente, je veux juste me retourner sous la couette et DORMIR ?
Non parce que le soir, j'ai plein de trucs à faire, des envies à la pelle, et des projets (aussi stupides soient-ils) jusqu'à me forcer à ne pas aller me coucher alors que je m'ensommeille - mais le matin, je n'ai AUCUNE envie de sortir du lit, rien ne m'appelle, rien ne me motive (si ce n'est la tactique du chéri qui me fait culpabiliser et me lever de mauvais poil au bout du compte - oh je hais chéri le matin - et il me le rend bien).
Alors, au lieu de tout faire le soir, je devrais en garder pour le matin ?
Sur le même principe du paquet de gâteau qu'il n'est pas NECESSAIRE de finir là tout de suite, gardes-en pour plus tard quand tu auras faim à nouveau ?
Et donc c'est pas gagné non plus.