jeudi 29 décembre 2005

Partir à point.

Je cours, je cours, je suis en retard, alors je cours, changer les draps, passer l'aspirateur, arroser les plantes, vérifier les PCR, ah non pas l'temps, faire les courses, gratter la voiture, ne pas tomber sur le verglas, courir, zut plus qu'une heure avant de partir pour l'aéroport, je suis en retard, je suis en retard...
Et voilà que l'avion de Sophie a lui aussi du retard.
Un monde où tout le monde serait systématiquement en retard, ce serait quand même un monde parfait.
Et donc si vous nous cherchez, Sophie et moi on est .
Et puis bonne année, hein.

mardi 27 décembre 2005

Même habitants du même temps.

Hier, en passant en coup de vent récupérer la voiture de chef en prévision de l'invasion franco-suisse prévue pour cette fin de semaine, parce que cette année Hogmanay sera écossais et entre copines, je suis tombée dans une faille spatio-temporelle, sorte de piège à mauvaise humeur, dont il me reste de vagues images.
Comme de se retrouver à faire "boing" sur le canapé du salon avec un chien, un bébé phoque et 2 gamins surexcités, au son de "If you're happy and you know it", parce qu'un petit garçon a découvert comment faire marcher la télé et le lecteur de DVD, et qu'à présent il faut danser et chanter toute la journée.
Ou comme le moment où mari-de-chef a décidé de me resservir un quatrième verre de rouge en poussant un plat de meringue vers mon assiette, à peine vidée de son dernier morceau de poisson fumé, alors que les bougies éclairaient 6 visages souriants autour de la table.
Ou comme le moment où l'équipe jaune composée de soeur-de-chef, mère-de-chef et moi-même avons victorieusement célébré dans le whisky notre écrasante victoire pas du tout sur le fil du rasoir sur l'équipe verte composée de chef, mari-de-chef et père-de-chef. Avec un moment d'anthologie familiale désormais gravée dans le marbre de la famille H. lorsque mère-de-chef a eu la lourde tache de nous faire deviner "Wee Willy Winkie" ... non, je n'ai pas pris de photo du dessin, mais je suis sure que la pièce à conviction est en sûreté quelque part.
Ou comme lorsque j'ai expliqué à chef que malgré les tous petits 400 mètres et la quasi-ligne droite qui séparent nos 2 maisons, il me semblait plus raisonnable de repasser prendre la voiture demain, une histoire d’alcoolémie qu’on rigole pas avec quand il s’agit des affaires du boss, quoi, tu comprends ?
Ce qui me fait penser que, quand je dis que je suis particulièrement douée pour me faire adopter, finalement, c’est pas du pipeau.

lundi 26 décembre 2005

La p'tite monnaie de Noël.

Ce que j'aime par dessus tout le 24 décembre au soir, c’est recevoir un message de chef qui me demande "au fait, à quel âge tu les as transférées tes plantes ?".
Et la rappeler, du coup, parce que c'est plus simple de vive voix.
Et donc parler boulot.
Et se dire l'une à l'autre que quand même, ce soir, on ne devrait pas y penser.
Mais que quand même, c'est dur de ne pas.
Comme quoi, je ne suis pas la seule.

Ce que j’aime aussi, c’est recevoir un coup de fil d’Helen, et se raconter nos vies tranquillement, malgré les festivités qui prennent place autour, et décider de passer le réveillon à regarder le même film à la téloche, juste pour se dire qu’on passe Noël ensemble.

Ce que j’aime encore, au petit matin, c’est ouvrir le colis qu’Helen m’a envoyé, ainsi que les paquets laissés par chef, Carole et Gary, et de réaliser qu’il y a une poignée d’amis qui me connaissent tellement bien qu'ils arrivent à me faire rigoler, comme ça, là, toute seule, dans le salon envahi de papiers déchirés.

Comme quoi Noël, c’est pas si mal.

vendredi 23 décembre 2005

Transgène de Noël.

Cher papa Noël,
Cette année, je ne veux qu'une seule chose.
Oh, je sais, c'est une grosse chose, c'est sur.
Mais j'ai été gentille, j'ai travaillé très dur, et il parait que t'es vachement balèze, alors je te fais confiance.
Ne me déçois pas, parce que franchement c'est ta dernière chance.
Non, non, ne te sens pas agressé, je ne menace pas, je préviens. Nuance.
Je voudrais juste que ça là, ce soit vrai:
Evil transgenic Christmas weed
Merci.

Le loup-garou de James Bond.

Puisqu'en essayant un peu énergiquement de nettoyer mes lunettes ce matin, j'ai fait valser un des bitoniaux qui les calent sur mon nez -après d'ailleurs l'avoir fait FONDRE à l'éthanol 100%, comme quoi il m'arrive parfois des trucs incroyables- j'ai du filer chez l'opticien du centre commercial, pour le faire remplacer.
£3.50 l'un, £5 les deux, mais il vaut mieux changer les 2 ensembles ma p'tite dame m'a t’on dit.
D'accord, whatever.
Quand l'opticienne m'a rendu mes lunettes avec un sourire ultra-brite assez flou dans mes brumes myopes, je me suis retrouvée un peu surprise. Désagréablement surprise, s'entend.
Là où ce matin encore trônaient des petits triangles en plastique d'une épaisseur discrète d'un quart de millimètre au grand maximum, sont apparus des boudins d'un bon 2mm de tranche.
Oh, la belle affaire pourrait-on penser. Si tu le penses vraiment, tu ne portes pas de lunettes, et tu ferais mieux de te taire.
Bref, une fois sortie de ma surprise et en continuant à regarder le sourire ultra-brite m'annoncer un truc à propos du resserrage des branches, j'ai fini par murmurer "but... don't you have anything a wee bit more... er... thin ?"
Le sourire ultra-brite se fige un chouilla, "no, that's all we've got", mais reprend du poil de la bête en rajoutant un "so, is this all right ?" qui attend si visiblement un "yes, thanks" qu'il m'en retourne l'humeur.
Et au lieu de me contenter de me taire et d'être polie, au lieu de sourire à cette gentille vendeuse, je m'entends dire, dans ma voix des mauvais jours, celle qu'aucun inconnu n'a jusqu'alors eu le déplaisir de croiser, cette voix glaciale empruntée à mon père et que j'arrive pourtant de mieux en mieux à contrôler, "It's not as if i had any choice, is it ?", en jetant mon billet de £5 sur le comptoir.
Métamorphose immédiate, le sourire se fond en un regard mouillé, je viens bêtement de blesser une vendeuse qui pensait avoir fait du bon travail en me rendant service. Incroyable sensation de culpabilité et de colère mêlées, que j'ai fini par laisser couler.
Cette fille vient juste de payer. De payer pour toutes ces années à dire "oui merci, c'est très bien merci". De payer pour toutes ces fois où je n'ose pas dire ce que je pense, pour toutes ces frustrations, et tous ces gens heureux en plein coeur des fêtes de fin d'année, et pour toutes les peurs que je me trimballe ces derniers temps, et pour cette vulnérabilité que j'aimerai pouvoir complètement camoufler, et pour cette putain de bronchite qui refuse de partir, et pour ces gens qui continuent à me voir transparente, à commencer par ma propre mère, trop occupée par son Géant Vert pour pouvoir ne serait-ce que passer à la poste, et pour cette impression que je parle dans le vide et que mes mots ne servent le plus souvent à rien, transformés, déformés et interprétés par des gens qui ne m'écoutent pas, et pour ces séquences ratées, cette translocation pourrie, tous ces murs sur lesquels je me tape la tête pour rien, et pour toutes mes déceptions, mes envies inavouées, mes échecs, ma trouille, mon ras-le-bol, mon envie de retourner sous la couette chaque matin.
Il y avait tout ça dans cette colère. Complètement inappropriée. Totalement injuste.
Mais pour tout ça, le prix est finalement minuscule. Une vendeuse contrariée, qui aura certainement tôt fait d'oublier l'incident, puisque c'est Noël et que le monde entier ne pense qu'à acheter sa dinde avant que les magasins ne ferment, mais pas de panique, Sainsbury's est ouvert jusqu'à minuit ce soir.
Il n'empêche, honteuse de toute cette haine, j'ai fini par souhaiter poliment un "Merry Christmas" en sortant précipitamment de la boutique pour retourner au labo. Duquel je devrai à l'évidence éviter de sortir ces temps-ci.
Parce qu'à Noël, la lune est pleine.

jeudi 22 décembre 2005

Avec une pipette à la main, j'ai peur de rien ?

Le problème avec les conférences comme ça où tout le monde se connait et se tappe dans le dos, où l'humeur bon(ne ?) enfant ferait presque chaud au coeur, nous autres photobiologistes britanniques on s'aime et on se le dit, bref, le problème, c'est de s'apercevoir que mon travail à moi n'avance pas assez vite. Du tout.
Du tout.
Le problème c'est qu'au lieu d'échanger et de pulluler de nouvelles idées à tester dès le pied reposé en Ecosse, j'ai finalement passé mon temps à me comparer aux autres et à me morfondre dans ma peur de ne pas réussir à produire une chouette histoire, un jour.
Proche si possible, le jour.
Le problème c'est qu'au lieu d'apprécier les sourires des gens pas mécontents de me revoir, au lieu de me concentrer sur les discussions interessantes auxquelles j'ai participées, au lieu de me souvenir que JC (le chercheur le plus sexy d'Ecosse himself, ouais, ouais) m'a demandé avec un gentil sourire si la place à coté de moi était libre et s'il pouvait s'y assoir au conference diner, je ne revois que les regards vides des quelques-uns qui continuent depuis plus de 3 ans à m'ignorer, visiblement.
Le problème, c'est que le verre n'existe que vide ou plein, et que je ne connais pas les demi-mesures.
Et qu'à choisir entre 2 options, je prends rarement celle qui me fait du bien.

mercredi 21 décembre 2005

Builletin de santé.

L'ennui avec des poumons qui brulent, outre l'impossiblité de courir dans les escaliers de Birmingham New Street station pour ne pas rater son train ou de porter un sac sans se transformer en Darth Vader, et ne parlons même pas du paquet de cigarettes qu'on regarde avec des yeux de chiens battus en se disant que c'est chiant d'être raisonnable quand même, non, l'ennui c'est surtout que si je suis malade samedi je ne pourrai pas passer la journée avec ce petit garçon que j'aime et dont les poumons sont bien plus fragiles que les miens.
J'ai donc rendez-vous chez le General Practitioner tout à l'heure.
Preuve s'il en fallait que je ne suis pas aussi têtue qu'on le prétend.
Si l'argument est valable.
Parfois.
Hm.

dimanche 18 décembre 2005

Respire.

Chaque journée amène sa nouvelle théorie loufoque, même si je ne suis pas hypocondriaque, ni même très douillette, mais quand même.
Décollement de la plèvre ? Un peu dramatique, certes. Mais se faire réveiller en sursaut par une douleur aiguë et des poumon qui ne peuvent plus se remplir, du tout, puis un petit peu, mais au prix d'un supplice qui ressemble à un massage d'épines à coeur ouvert, ça fait penser à des trucs cons.
Bon, en se calmant, et malgré la douleur qui déchire sa mère, et qui fait pleurer à gros bouillons en grelotant dans le couloir, parce qu'en pleine nuit il fait froid chez nous, surtout dans le couloir, mais ce serait tout de même balot de mourir dans ma chambre fermée sans que personne ne s'en aperçoive, alors restons dans le couloir, bref, j'ai fini par me dire que c'était peut-être un machin musculaire, finalement, après tout, mon décollement de la plèvre. Un simple muscle froissé, et qui crie sa detresse.
Alors je suis retournée pleurnicher en respirant par petits à-coups dans mon lit, sans pouvoir me rendormir, et j'ai passé la journée suivante à essayer de faire taire la douleur à coup de codéine, paracétamol et ibuprofène, chacun son tour, et on recommence. Sans effet.
On m'a suggéré une côte fêlée autour d'un plat de sushis. Hypothèse très vite rejetée, juste parce qu'elle ne me plait pas, et que les sushis à l'avocat étaient trop bons pour penser à s'inquiéter. Oui, oui, j'appelerai NHS direct en rentrant. Si, j'ai mal, j'ai même une grosse envie de pleurer, mais bon, je ne vais pas m'y mettre là, les larmes dans le calamar, c'est très moyen, et le vin rouge, c'est finalement plus efficace que la codéine. Et puis, tu sais, je n'ai jamais cassé un seul os là-dedans, l'avantage d'avoir une épaisse armure de gras protectrice.
Une nuit avec une bouillote sous le bras gauche, oscillant entre le dos et la poitrine, ne m'a pas empêchée de me réveiller toussotante, grelotante, fatiguée. Alors quoi, bronchite ? Pneumonie ? Tuberculose ?
Non, je n'appelerai pas NHS direct, je suis tétue.
Même si je donnerai beaucoup pour me retrouver sur mon petit lit parisien, un cataplasme sur le dos, un pot de citronnade chaude sur le sol, et papa me racontant Hensel et Gretel pour que je m'endorme après le départ du Dr Brestovansky.
Au lieu de ça, j'ai acheté/emballé/torché tous les cadeaux de Noël, vaincu Endnote et enfin rentré toutes mes références, passé l'aspirateur et la serpillère, et demain dès l'aube je m'envole vers Leicester, célébrer l'année qui s'achève et la photobiologie.
Parce que le travail, c'est la santé.

vendredi 16 décembre 2005

Christmas spirit.

Oh il s’en passe des trucs, il s’en passe.
Comme de se retrouver un peu éméchée à raconter ma vie au postdoc du labo du dessous qui du coup me raconte la sienne. Le tout sur fond de pubcrawl départemental, parce que Noël chez nous, c’est juste un prétexte de plus pour descendre des bières.
Comme de se retrouver sur un canapé à lire des histoires à un petit garçon blond et câlin sous les regards un peu incrédules de la douzaine de collègues, venus célébrer Noël devant un (ou deux) (ou plus) verre(s) de bon vin offerts par chef et son mari (parce que finalement Noël ce n’est pas que de la bière), collègues qui donc n’avaient pas vraiment réalisé que j’avais un amoureux secret dans la famille de chef. Mais si, il n’a d’yeux que pour moi, et moi que pour lui.
Comme de se retrouver en pleine nuit dans la cuisine à tartiner du Mont d’Or sur une baguette juste chaude, parce qu’il faut quand même éponger la bière / le vin / le gin-tonic / le whisky, qui font tourner la Terre bien trop vite pour que je puisse dormir, puisque je vous dis que Noël c’est fait pour boire.
Comme de s’apercevoir que le temps passe, puisque oui, le rendez-vous annuel à Leicester c’est encore pour lundi et mardi (et non je ne suis pas de corvée de talk cette année, il y a une justice dans ce monde), et que finalement mes années ne sont pas rythmées par les guirlandes et les santons, mais bel et bien par des conférences prétextes à boire un peu plus. Ma théorie se confirme donc.
Comme de se dire "Noël prochain en Laponie ?" en rigolant dans le téléphone avec Helen, et d’y repenser sans rigoler finalement, parce qu’il parait qu’on ne vit qu’une seule fois. Et puis ils font peut-être un tord-boyaux qui vaut le déplacement dans l’usine du père Noël, non ?

mardi 13 décembre 2005

Juste une illusion.

Il fait nuit. Ma cigarette se consume, un peu toute seule. Il y a du vent. Je regarde au loin, là-bas, au-dessus des serres, et j’aperçois le Vercors. Un reflet bleuté clairement découpé au dessus des lumières de la ville. Le vent souffle encore. Le nuage se déplace, et mon Moucherotte se disloque, disparaît, laissant place à l’obscurité du ciel écossais.
Pour un trop court instant, je m’étais imaginée chez moi.

lundi 12 décembre 2005

Hexagone.

Puisque j’avais décidé que ce voyage en France se ferait sous le signe de la positive attitude, même si j’ai récemment appris que c’était vraiment trop connoté pour le dire trop fort dans le métro, et puisque j’ai vu uniquement des gens que j’aimais pendant ces quelques jours franciliens, je me suis levée ce matin à 3h30 GMT la mort dans l’âme et pas du tout prête à quitter le sol parisien -même si Roissy c’est déjà plus Paris, et le Formule 1 pas exactement un bijou de l’hôtellerie française, m’enfin on va pas chipoter quand même- et j’ai épié les quelques rares bâillements en version française qui me séparaient de mes bus à double étage avec l’anxiété du condamné qui retourne s’enfermer dans sa cellule après sa toute dernière promenade. Dernière cigarette. Dernier café. Dernier croissant. Dernier regard. Bref, loin de moi le soulagement habituel de quitter la mère patrie et de rentrer dans mon home sweet home bien-aimé. Finalement, le sol importe peu si le cœur est là.
J’ai comme l’impression de ne plus savoir parler anglais aujourd’hui, d’avoir oublié tous mes verbes irréguliers, de faire répéter chaque phrase 3 fois, et surtout de zézayer un peu beaucoup, and zis iz ridiculousse, quand même, là. Quel est le con qui m’a re-retransformé en frenchie de base le temps d’un long week-end, m’enfin ?
Alors je me cache sous mon baladeur, avec les derniers Bénabar et Raphaël qui tournent en boucle, parce qu’en plus d’une pile de magazines féminins et du Mont d’Or acheté à l’aéroport pour remplacer celui qui doit encore m’attendre dans le frigo de Tantine, j’ai ramené des tas de CDs achetés chez Gibert, puisqu’après tout, j’avais bien dit que c’était Noël.
Alors je me dis que… ça ira mieux demain, du moins je l'espère, même si je crois bien, que ça n’pourra pas être mieux qu’hier.

vendredi 9 décembre 2005

Color blind.

Les tickets de métro ils ne sont plus du tout verts mais totalement violets.
Comme quoi quand on ne veut voir qu'avec le coeur on devient aveugle à la réalité.

jeudi 8 décembre 2005

Paname, béton et macadam.

A Paris, il y a toujours ces petits tickets de métro verts, ces gens qui parlent fort et qui partagent leur intimité sans le vouloir dans le RER, ces arbres encagés dans leur grille de fer, ces voitures sur les passages piétons, le vent qui souffle sur la Seine, rien n'a changé, vraiment.
Et pour une fois, mon regard est tendre, rempli de bons souvenirs, parce qu'il y en a des tas, finalement, et je revois le chemin du lycée avec Nam-Binh au petit matin le long du canal St Martin, la boulangerie avec ses beignets à la crème derrière la gare du nord, et les banc publics sur lesquels on peut lire et parler aux inconnus, et cette odeur, l'odeur du Paris qui avait fini par m'apprivoiser, après 10 ans ici, l'odeur de la ville le matin, grise mais fraiche.
Après le sourire et la gentillesse de l'accueil de ma Tantine hier soir, il ne manque plus que l'arrivée de ma cousine-préférée-avec-les-croissants, et il semblerait que les vacances commencent pour de vrai, alors...

mardi 6 décembre 2005

Super size me.

J'ai pas faim.
Putain bordel de merde j'ai toujours pas faim.
Non, parce qu'hier soir, dans une discussion intense et entre 4 yeux avec ma psy chérie, j'ai promis pris la résolution de ne plus manger sans avoir faim, puisqu'il fallait bien se décider à agir, au lieu de continuer à sombrer.
Alors j'attends d'avoir faim.
Et puis ça vient pas, j'ai pas faim.
Oh l'envie de manger me torture depuis quelques heures déjà. Quelques heures pendant lesquelles il m'a été impossible de continuer à écrire, alors que je dois rendre ma copie au plus tard demain à 15h avant de sauter dans un taxi pour l'aéroport, parce que demain mes vacances de Noël commencent, comme du 7 au 12 décembre, cette année, c'est mon Noël à moi.
Toujours est-il que chef veut notre book chapter enfin bouclé avant mon départ pour Paris, et qu'au lieu de me dépêcher de finir de raconter le gibberellic acid, j'attends d'avoir faim.
Mais non, j'ai pas faim.
J'ai pas faim du tout, du tout, du tout.
J'ai pourtant exactement 90 pences dans mon porte-monnaie. 2 paquets de chips, donc. Smoked bacon et Worcester sauce. J'imagine la cafét plongée dans l'obscurité, la lumière projetée par la vending machine, les fauteuils vides qui m'attendent, le goût métallique du paquet qu'il faut déchirer avec les dents, le bruit craquant et les premières saveurs salées qui atteignent ma langue.
Mais non, j'ai pas le droit, j'ai pas faim.
Manger sans avoir faim c'est le mal, la dégénération ultime, ma façon à moi de me "donner l'amour que je n'ai pas reçu" (et je paye une américaine immigrée en Ecosse £35 de l'heure pour qu'elle me dise de telles trivialités, oui...), l'ennemi ultime qu'il me faut combattre si je veux reprendre le contrôle de ma vie.
Alors je combats.
Le ventre même pas vide, puisque j'ai pas faim.
Eh, est-ce qu'il est possible de finir par mourir de faim sans avoir faim ?

dimanche 4 décembre 2005

Le marché de Noël.

Fiona a acquis un nouvel aspirateur. Et des sacs qui vont dedans.
Pour célébrer comme il se doit cet évènement majeur, j'ai donc courageusement fuit la maison. Direction les magasins, histoire de ne pas arriver les mains complètement vides dans la ville de mon adolescence mercredi soir.
Princes Street est hystérique. Un flot compact et bi-directionnel, des cris, le bruit des bus, des lumières un peu partout, laissant malgré tout la ville dans une obscurité épaisse, parce qu'il fait nuit à 15h30, ces temps-ci, des guirlandes, des bonnets rouges, des bonnes-femmes au visage énervé, des bonshommes qui portent les sacs, une histoire de partage des taches je présume, la pluie qui mouille tout ce beau monde, mais personne ne rale, on est en Ecosse après tout, et la cornemuse accompagnée de son kilt détrempé résonne au coin de Princes Street et d'Hanover Street, petite touche spéciale touristes.
Le rayon "Christmas food" de Jenners, la Samaritaine locale, est rempli de spécialités européennes, chocolats belges d'Edimbourg, huile d'olive de Provence d'Edimbourg, vins de France d'Edimbourg, et tout à coup je me demande si je vais réussir à exporter un peu des saveurs de mon pays vers la mère patrie. J'aurai du aller au Sainsbury's du coin, finalement.
La mission du jour est double, puisque, outre l'achat de shortbreads, il me faut des chaussures, la pirouette mettre-des-sandales-pour-le-mariage-à-Dundee-en-octobre semblant un stratagème impossible à renouveler pour le-baptême-à-Villepreux-en-décembre. Foule compacte et en délire ou non, je ne repartirai pas de l'enfer sans mes chaussures de fille. Et évidemment, lorsque des Stan Smith roses et en promotion me tendent les lacets, je finis par me demander si des baskets roses avec une jupe rouge ça ne ferait pas l'affaire, tout compte fait. Ami(e) du bon gout, rassure-toi, j'ai pris les deux. Les baskets ET les chaussures de fille toutes moches.
En rentrant chargée de 4 gros sacs, j'ai trouvé une moquette propre comme un sou neuf, et j'ai réalisé que finalement, passer l'aspirateur aurait été définitivement moins satisfaisant que de survivre à un samedi de décembre dans les magasins d'Edimbourg.

vendredi 2 décembre 2005

Le bonheur serait-il sous le sapin ?

Envie de creuser un trou et de hurler très fort dedans. Sans raison, juste énervée par la colère, juste épuisée de ne pas être capable de voir la beauté des gens qui m'entourent. Agacée, méprisante, difficile à supporter.
Juste envie de descendre la Dent de Crolles avec des sacs en plastique aux pieds en rigolant parce que bordel MAIS LA NEIGE C'EST FROID ! Sauf qu'il n'y a ni neige, ni Dent de Crolles, ni matière à rigoler, mais PUTAIN C'QUE T'ES CHIANTE QUAND TU RONCHONNES !
Je grelotte, sans sourire, sans entrain, pas très fière de mes coups de gueules de la journée, même pas envie de passer yet another week-end sans pouvoir m'allonger dans l'herbe loin du monde, loin de tout, loin de moi.
Le Braidburn Inn a sorti le sapin, les guirlandes, et Last Christmas à la sono. Ca doit encore être cette époque là qui recommence, donc. Dommage. Christmas shopping. Christmas cards. Christmas party. Christmas overdose, déjà. "Are you going home for Christmas ?" - "Well, yes, as everyday actually, i'm not planning to sleep in the street while it's so fucking freezing outside !" - "...". Marre des questions idiotes, conventionnelles, inintéressantes. Des complaintes sur la famille, sur le manque d'imagination pour aller fouiller les magasins, sur le froid qui fouette sa race, sur les nuages gris et le temps qui passe trop vite. Même pas indifférente, ce serait tellement plus gérable, mais irritée. Et je le cache mal, très mal.
Alors quoi ?
Noël et ses familles heureuses, réunies, ces putains d'image d'Epinal qui ne correspondent à rien dans ma mémoire, une légende urbaine qui ré-apparait chaque année, ou alors peut-être suis-je juste jalouse de tous ces autres, avec leurs familles joyeuses qui s'engueulent-mais-qui-s'aiment, qui envahissent, qui irritent, mais qui sont là, qui existent, qui savent briller autrement que par leur absence même pas cruelle, parce qu'on s'habitue très bien à la liberté, finalement. Et puis j'éxagère, j'ai toujours été particulièrement douée pour combler mes manques et m'inventer des familles, des plus mieux, des comme je les aurai voulu, et SURTOUT des que je peux quitter pour rentrer chez moi le soir venu.
Quoi alors ?
Rien.
Et voilà donc qu'aujourd'hui ce petit garçon que j'aime vient de m'inviter à passer Christmas Eve avec lui. Et ma chef, donc. Alors tout à coup moi aussi je vais aller faire les magasins, moi aussi je vais acheter du papier cadeau, moi aussi je vais chanter des chansons de Noël, même si on est un peu bloqué à "'apy beuday to youuuu", parce qu'à 2 ans, les paquets cadeaux déclenchent certains automatismes indépendants des gros barbus en rouge, il semblerait.
Bref, moi aussi je vais devenir chiante.
Et je m'en réjouis d'avance.
Façon Droopy.
C'est dire si je nage dans le bonheur.

jeudi 1 décembre 2005

Thanksgiving.

Des fois je dis des trucs vraiment stupides. Commes mes idées pas tellement bien réfléchies sur les méfaits des progrès de la science et de la médecine qui rend finalement l'homme faible en le soustrayant à la sélection naturelle.
Connerie théoricienne.
Parce que ce soir, un petit garçon est à l'hopital pour la 3ème fois cet automne. Oh c'est pas vraiment très grave, une grosse crise d'asthme, quelques nuits sous oxygène. Mais il y a quelques dizaines d'années, il n'aurait pas survécu au delà de sa deuxième année, et je n'aurai plus eu la chance de lui lire des histoires de poissons et de gros matous de temps en temps.
Alors je vais arrêter de raler sur notre société de dégénérés où tout va à vau l'eau, parce que demain, je sais qu'il va rentrer à la maison et recommencer à courir en rigolant. Et ça me donne juste envie de dire merci.

mardi 29 novembre 2005

Weed worker's day.

29/11/05

Personal Protective Equipment required.

J'ai mis le mauvais sous-tif aujourd'hui.
Si.
Le trop petit là, que j'ai quand même acheté comme il était vraiment pas cher et plutot joli. Mais duquel tout déborde, comme faire beaucoup trop de kilos, ça fini par avoir des répercussions un peu partout.
Enfin bref, j'aurai pas du. Le mettre s'entend. Pas aujourd'hui.
Parce que c'est quand même vachement embarassant de se retrouver la tête dans la poubelle transgénique et les seins à l'air sous les yeux ébahis d'une blouse blanche de passage. C'est à dire que prise dans l'action de pousser les autres sacs pour y glisser le mien, histoire d'éviter d'être celle qui s'y colle pour aller vider le tout à la serre, comme j'apprends à ne plus être gentille, serviable, et bonne poire, j'avais pas remarqué que mon décoleté s'était pris dans le scotch à autoclave. Dévoilant donc un sous-tif trop petit, et les morceaux de chair associées. Damned, si encore ça avait éte le le hollandais de l'étage du dessous... mais non.
Enfin bref, la prochaine fois je mettrai une blouse.
Boutonnée.
Jusqu'au cou.
Comme il se doit.
Bordel.
Et pendant ce temps là, la Science avance.
Ouais.

Relativité de comptoir.

G.: You know, i've been told that to know the age of the youngest possible partner you should have, you're supposed to divide your age by 2 and then add 7.
Eve: Uh ? Ok, whatever, let's try. Let's say i'm 30, coz you can't divide 29 by 2. So it would mean 30/2 = 15 + 7 = 22 years old ?!.. Hey, that's WAY too young for me !
G: Hey, you can't say that, it was my age 6 months ago !
Eve: Yeah, well, exactly !...
G: ....
Eve: Oh, hold-on, let's do it the other way, what would be the upper limit then ? 29-7 =22 x 2 = 44. Hm, 44 seems all right actually...
G: 44 ?!? You've got to be kidding, that's WAY too old for you !!!
Eve: Well, i don't think so, it's only 15 years older than me !
G: Yeah, well, exactly !...
Eve: ...

Tie your mother down...

Ma psy va bien, elle continue à écouter ma version des misérables [la version comique avec franches rigolades à la clef] un peu avachie dans sa chaise, les jambes croisées, chaque lundi soir. La semaine dernière, puisque le vent faisait tourbillonner la pluie, elle m’a dit que je devrais m’acheter un blouson avec une capuche qu’on peut attacher, c’est pas bien adapté là ton truc... j’ai réprimé l’envie de lui rappeler que j’avais déjà une mère mais merci, parce qu’après tout ça l’aurait encore fait plus rire, comme si elle ne savait pas qu’il y a une différence entre les noms qu’on donne aux gens et les faits, les vrais, elle qui m’écoute raconter mes histoires droles d’orpheline même pas orpheline chaque semaine.
Bref.
Ma chef va bien, un peu débordée, un peu surmenée, ce qui ne l’empêche pas de venir papoter auprès de ma paillasse chaque jour, et pas seulement pour me demander si j’ai enfin fini ma partie sur light and gibberellin signal integration, parce qu’elle sait bien que je vais la finir, un jour, oui, un jour. En attendant elle me raconte Annelie qui commence à marcher et Eben qui est à l’hopital cette semaine, elle me raconte son voyage à NY et ses dernières idées de funding. En attendant elle m’envoie des trucs à lire aussi, si jamais j’ai 5 minutes, et puis on se dit qu’on pourrait faire çi ou ça, d'ailleurs yes, that’s a good idea Eve... but i know you’re really busy too....
Bref.
Helen va bien, malgré le nouveau boulot stressant, malgré les embrouilles familiales, elle continue à me sourire dans le téléphone aussi souvent que j’en ai besoin, je continue à écouter ses histoires et à raconter mes aventures, parce qu’une relation à distance c’est possible quand même, quand on n'a pas d'autre choix, et qu'on s'aime.
Bref.
Ma mère... euh, aucune idée, je crois qu’elle n’a pas le temps, là.

lundi 28 novembre 2005

L'enfer, c'est les autres.

Sometimes, not really knowing why, i'm pretty pissed off with the world. All of it, including my friends, including people i usually care a lot about. Everybody just pisses me off. Big time. People say it's just hormonal. I'm not so sure. I guess i just reach a point where i'm fed up with "friends" assuming they can just ask anything from me, and colleagues who just don't really bother taking care of my feelings.
Today is one of those days. Wasn't a bad day though, i've felt quite happy harvesting seeds while listening to some old cheesy 80's french music, until the light switch of the growth rooms kicked me out. I'm not really stressed either, nor tired, nor even bored. Just pissed off. Maybe this email from my best friend in the morning has set the tone for the day though. Not knowing whether she was just joking (ah, ah, you're such a funny girl...) or if she was actually being serious telling me i'd have to lead the choir for her daughter's christening. You'd kind of expect a friend of 20 years to know that this kind of prospect is just very close to your vision of hell. Or maybe am i just being very naive, when i'm expecting my own best friend to care or even to think about my feelings. Oh well, anyway, she was surely joking, wasn't she ?
Make their day, be kind, be nice, don't do to others what you wouldn't like them to do to you...
Bullshit, obviously.

dimanche 27 novembre 2005

Les dimanches à la con...

En fait, le secret est là: je devrais juste arrêter d'avoir de grands projets pour tous mes dimanches. De ceux qui incluent des milliers de mots à écrire et bien plus de graines à récolter. Parce que le résultat est systématiquement le même, à croire que travailler le dimanche, c'est pêcher pécher.
Ah, tiens d'ailleurs, ça l'est.
Enfin, à défaut d'avoir commencé à remplir les objectifs studieux de la journée, et puisque dans 10 jours je débarque pour un court séjour en terre natale, je peux vous annoncer tout de go que j'suis vachement bien à jour dans les programmes de Canal+, là, ce soir. C'est quand même essentiel ça, non ?

J'ai donc je suis.

C'est en effectuant mon webshopping dominical que j'ai réalisé qu'aujourd'hui, Amazon me conseille tout spécialement et rien que pour moi l'achat du calendrier de Westlife et le dernier DVD de Barbie...
Très perspicaces, limite extra-lucides, chez Amazon... à l'évidence.

vendredi 25 novembre 2005

Hibernation.

Puisqu'il n'y a plus de saisons ma bonne dame, enfin du moins de mon coté de la planète s'entend, comme même Papa m'a envoyé une photo de son jardin tout blanc ce matin, c'est dire si c'est sérieux, et dans ce contexte de perte de repères climatiques et photopériodiques pas très bon pour la production de vitamine D, je me félicite de garder la tête sur les épaules et de conserver ce sens des priorités inégalé qui me caractérise si bien.
La question du jour est donc: "Putain quand est-ce qu'on dort ?", suivie de très près par "Putain quand est-ce qu'on bouffe ?", comme quoi la poésie du coton mouillé qui tombe, et tombe, et tombe, et fond bien trop vite, elle ne passera pas par moi. Aujourd'hui.

La maman des poissons elle est bien gentille...

Il est tard dans la nuit, nous glissons d'ailleurs tout doucement vers le tôt dans le matin, j'ai la tête farcie des centaines de références que j'ai lues ces derniers jours, je suis une newborn auxin-worshiper, même si je m'étais jurée qu'on ne m'y prendrait jamais, comme quoi fontaine machin ouais, ouais, oh ça va hein, et j'ai pondu une millionième théorie qui pourrait expliquer pas mal de choses, et qui a l'air presque plausible... tellement que c'en est un peu effrayant, en fait.
Les cones bleus finntip sont devenus mes meilleurs amis, parce que ça se machouille encore mieux que des capuchons de stylos, la health and safety compliance en moins, ce qui est évidemment le dernier de mes soucis, sauf aujourd'hui, où ma collection de mugs et de thés a du trouver asile politique dans le bureau là-bas, là où je ne vais jamais, visite annuelle des services de sécurité, et branle-bas de combat dans tout l'institut. Evidemment j'étais sans blouse, et "on" me l'a fait remarquer, ce à quoi j'ai répondu que pour rédiger un article sur mon ordinateur, fut-ce dans l'enceinte du labo, fallait quand même pas venir me casser les couilles avec une blouse... euh, enfin non, je ne suis pas aussi courageuse agressive grossière, mais je l'ai pensé très fort, quand même.
Enfin bref, on dirait donc qu'il serait temps d'essayer de faire un peu de vide et d'OUBLIER LE LABO pour réussir à m'endormir [ouais, ouais, les majuscules c'est pour me convaincre]. Ce qui m'attire autant qu'une assiette d'oignons crus, c'est à dire quand même vachement pas du tout.
J'aimerais bien habiter sur une planète où les jours durent des années, et où la sélection naturelle ne nous obligerait pas à dormir... eh, j'y pense, peut-être que je pourrai devenir un poisson dans une prochaine vie ?

mercredi 23 novembre 2005

Mauvaise foi matinale.

Ce n'est pas une, mais 2 boites de chocolats que chef m'a apportées ce matin.
1 de la part des enfants, parce que je suis leur copine préférée.
1 "for your hard work on machintruc", parce qu'il parait qu'il faut quand même fêter ça.
Alors comment je fais moi, pour garder mon capital grognon qui me va si bien au teint, la bouche pleine de chocolat, hein ?
Life sucks, really...

mardi 22 novembre 2005

Once bitten, twice shy.

Je crois qu'un seule conclusion définitive s'impose: life sucks.
Ce qui malgré ce que j'ai pensé pendant de nombreuses années n'a rien de cochon, et tout d'une conclusion vachement logique aux évènements de la journée, et des 10000 autres qui l'ont précédée, en admettant que jusqu'à 2 ans et demi, ça allait quand même encore (mais en même temps j'ai pas tellement de souvenirs)
Enfin bref, puisque je ne sais pas dire non, même si j'ai pourtant bien appris, malgré ce que je m'évertue à répéter (non, comme ce que je n'ai jamais appris c'est que si je dis "non" on ne va pas m'abandonner, mais ça c'est la leçon d'après, celle pour ma prochaine vie, là c'est foutu, j'peux plus changer de parents il parait), enfin bref, me voici donc avec un téléphone qui n'arrête plus de sonner depuis 3 jours, avec 5 misscalls juste pour ce soir entre 16h30 et 20h34, parce que je suis une fille gentille qui sait se laisser bouffer, et que du coup, je suis la cible parfaite pour une invasion surprise. Effectivement, je pourrais répondre au téléphone et demander un arrêt des hostilités, mais c'est sans compter sur ma trouillardise légendaire dès qu'il s'agit de dire que je me sens un tantinet harcelée là, surtout quand le monsieur en face a 86 ans et se sent un peu tout seul, ce qui me fait de la peine.
Bref, life sucks.
D'autant que ma psy ne m'aide pas, à me répéter qu'il vaut mieux s'entendre dire "non" plutot que "oui" en réalisant plus tard que c'était de mauvaise grace, et que si je continue à ne pas être capable de définir les limites de mon acceptable, je vais finir par blesser du monde. C'est simple pourtant, mon acceptable il se limite à un petit garçon de 2 ans et sa soeur de 1 an. Les autres, ils sont hors limite, à de rares exceptions près, non comme quand même je ne suis pas complètement misanthrope, c'est juste ce soir. Une simple réaction nerveuse face à la pénurie de capuchons de stylos à bouffer, parce qu'il parait qu'il faut que j'arrête d'aller chercher 2 nouveaux BIC au store chaque jour, ça devient louche. Je vais peut-être me mettre à téter des eppendorfs, finalement, ça devrait faire l'affaire.
Enfin bref, et au cas où le message ne serait pas passé, life sucks disais-je donc.
Alors j'ai décidé de me suicider au thé à la mure. Parce que malgré mes nombreuses tentatives au cours de mes années étudiante-révision-ne-jamais-dormir-une-veille-d'exam (m'enfin je déconseille fortement la surdose de guronsan, 7 ça fait pas tellement du bien), je n'ai donc jamais réussi à m'achever, et j'ai toujours mis cet échec sur le compte de mon addiction honteuse au twinings orange-cannelle. Oui, oui, c'est sur, il semblerait que je recommence à être un chouilla incohérente, c'est peut-être un signe après tout. Lipton m'a tuer... non, comme on ne s'imagine pas la terrible surprise lorsqu'à peine descendue d'un avion en provenance des British Isles, on s'aperçoit en farfouillant dans dans son Carrefour (ou était-ce Géant?) préféré qu'Eléphant est mort, vive Lipton, vraiment. Est-ce qu'ils ont fait une pub larmoyante comme pour la naissance de la Super5, cette connasse qui doit bien être un mec pour avoir fait pleurer ma bonne vieille Renault 5 ?
Comme quoi, vraiment, life sucks.
Et ce malgré la rapidité de Current biology qui publie donc plus vite que son ombre, et qui m'a permis aujourd'hui même de devenir une grande fille et de m'émanciper de mon Marcel, ce qui finalement après 3 ans de postdoc est quelque part un évènement majeur dont je suis pourtant loin d'être fière, parce que bon, ma bombe-de-la-mort-qui-tue est toujours entrain de sécher dans le lyophilisateur depuis ce WE, et les T1 viennent juste d'être semées pour sélection, et si je n'arrive pas à reproduire mon phénotype, c'est accompagné de KCN que je vais le déguster, mon thé à la mure, même si j'ai laissé mon stock caché dans le tiroir sous ma paillasse à Grenoble, après tout la téléportation c'est quand même pas fait pour les chiens. Enfin bref, la publication de l'un des side projects ne fait pas mes gros titres ce soir, malgré l'excitation de chef, définitivement. D'autant que pubmed ne l'a pas encore enregistré, et que du coup c'est même pas drole, et il ne me reste plus qu'à continuer à m'extasier sur le COP9 signalosome (dont quelque part, je dois bien l'avouer, je me contrefous) en continuant à faire chauffer de l'eau pour ne pas perdre le rythme au concours de descente de thé, pas à la mure finalement mais au caramel, parce que j'ai plus de sachets mauves, eh merde.
Est-ce que je l'ai déjà dit que life sucks ?

dimanche 20 novembre 2005

Baby love...

Etre accueillie par des cris de joie et des bras qui se tendent.
"Eve ! Eve ! Eve !"
Chanter dans la voiture, même pas en rythme, même pas des vrais mots, et puis les laisser s'endormir.
Consoler le gros chagrin de la grosse frayeur, parce qu'un doggie en dessin c'est joli, mais en vrai ça fait super peur, surtout quand ça veut juste dire bonjour.
Rassurer, jouer, dire des bêtises, mettre des cuillères de purée dans la bouche, couper du jambon et du fromage, manger des kinder pingui.
Se rouler dans la boue au pied du toboggan, se cacher dans les cabanes, pousser les balançoires en essayant d'éviter les coups de pieds qui font rigoler, réchauffer les mains toutes gelées, faire la course en poussette.
Changer le pantalon tout crotté, les couches mouillées, et retourner jouer avec les nouveaux copains.
Repartir vers la maison, conduire la peur au ventre sur des routes obscures en se concentrant sur chaque virage alors que les 2 sièges bébés ronflent à plein poumon.
Retrouver la maison, jouer dans l'eau chaude du bain, laisser les parents prendre le relais.
Dire bye-bye, voir la main d'une petite fille rieuse qui s'agite, recevoir un gros calin d'un petit garçon prêt à repartir immédiatement, chaussures à la main.
Promettre de revenir bientôt, tout en pensant qu'en fait, on recommencerait bien demain.

jeudi 17 novembre 2005

The KB warren...

...or when Watership Down is actually in the neighbourhood.
Entre 3 et 4 heures du matin, dans la froide obscurité de la nuit écossaise, la pelouse est en ébullition. Silflay sous la pleine lune pour les lapins du campus. L'arrivée de l'humaine-au-baton-qui-brule alerte la Owsla, en charge d'organiser le replis de la population lapine vers les terriers alentours, retraite qui malheureusement se transforme en éparpillement erratique, sous le coup de la surprise.
Alors de peur de les rabattre vers les quelques rares hrududus qui apparaissent de temps à autre sur la grosse avenue bordant l'université, je m'éloigne, je fais un détour, emportant avec moi mes odeurs de baton brulé et ma curiosité tout nouvelle pour les moeurs du peuple d'El-Ahrairah.
However friendly i could try to be, humans are one of the Thousand Enemies, and rabbits will never trust them...

mercredi 16 novembre 2005

Déjà vu.

Il y a des instants qui se répètent et qui me font rire.
Pas d'un rire joyeux, non, juste d'un rire un peu ironique, un peu attendri, un sourire qui grogne plus qu'un rire finalement, un peu comme celui que je réserve à ma psy quand je lui raconte mes histoires même-pas-droles-mais-qui-me-font-rire. L'avantage d'avoir un sens de l'humour (ou une résilience ?) hors du commun.
Enfin bref, cette impression de déjà vu [avec la bouillie dans la bouche dans le texte, oui], m'étirer en regardant l'horloge là en bas de l'écran et me dire "allez, à 3 heures au plus tard j'arrête sinon demain je vais encore arriver en retard", ça réussit encore à me faire rigoler doucement. L'inconnue au tableau étant ma capacité à être satisfaite de l'avancement des travaux dans quelques heures, et à rentrer me coucher sans avoir atteint les objectifs de la journée.
J'ai toujours préféré l'illusion de l'énergie potentielle à la dure réalité l'énergie cinétique, de toute façon.
Enfin bref, n'importe quoi plutôt que de finir mes phrases. 'Like the GH3 family, Aux/IAA transcripts accumulate following auxin exposure...'
Oh, et histoire de parler pour ne rien dire et de faire partager mes découvertes du jour, dans ma nouvelle langue maternelle [rapport à la nationalité (américaine...) de ma sus-mentionnée substitut maternel psy], nonobstant se dit notwithstanding, ce qui peut paraitre très futile comme information, mais qui s'avère quand même finalement assez primordial quand on vient d'aligner however et nevertheless et qu'on est tout à coup un peu coincée, là.

Sleeping on the sofa...

Quand le bus a tourné là à 20 mètres devant moi, je savais que non seulement je serai en retard au cours d’espagnol mais qu’en plus j’en aurais pour 30 minutes à me congeler les mains dans mes poches en attendant le suivant. Alors j’ai bifurqué. C’est humain après tout hein. Et je suis rentrée à la maison. Et voir l’horloge de la cuisine afficher 18h40 un mardi soir, je ne sais pas si ça m’était jamais arrivé avant, finalement. Tout comme m’endormir avant 20h00, d’ailleurs. Las, m’étant endormie sur le canapé du salon, moelleux et confortable pour regarder la télé, certes, mais quand même assez moyen dès qu’il s’agit d’y passer une dizaine d’heures à roupiller dessus, surtout avec le menu du DVD qui tourne en fond sonore, je me suis réveillée fraiche comme une rose fanée, sur le coup des 23h04, enfin si on décide de faire confiance à l’horloge du salon, s'entend. J’aurai certes pu alors ramasser la couverture à mes pieds, et filer au lit, histoire de préserver mon capital sommeil et d’en ajouter un peu en banque, parce que de ce coté là je suis souvent à découvert, faut dire, mais c’était sans compter sur ma manie de toujours ranger le salon avant de le quitter –un truc qui pourtant est optionnel par rapport au passage de l’aspirateur, parait-il, mais je devrais peut-être arrêter mes polémiques à la con- et qui m’a fait me retrouver les yeux glués à la télé (ben oui, en éteignant le lecteur de DVD). Et voilà, le mal était fait, puisque la télé et moi, c'est une grande histoire de dépendance, et après plus de 3 heures de sieste, je n'avais finalement tout à coup plus trop sommeil.
En rejoignant mon lit 6 heures plus tard, alors que les cours de Sciences de la BBC learning zone commençaient à me bercer efficacement (mais euh maintenant je SAIS qu'il existe 3 types de roches: volcaniques, métamorphiques, et un autre... oui bon non je sais plus.... Mais par contre je sais la différence entre une transformation chimique et physique [une histoire de réversibilité et de conservation de la masse ou non], et j'ai appris ce que signifiait différenciation cellulaire [oui, d'accord, ça je savais déjà]), il me restait de nombreuses questions sur lesquelles m'endormir en grelotant sous le poids de mes 2 couettes (parce qu'à 5h30 du matin, il fait FROID, bordel)... Bref, John Deacon est-il réellement muet, ou juste maladivement timide ? Peut-on vraiment achever un dauphin à coup de maillet ? (non comme à ce moment là je me suis cachée sous la couverture)(oh mais oui c'était un film, c'était pas pour de vrai, enfin..)(même qu'à la fin la femme du capitaine elle meurt noyée, et que c'était vachement triste, un peu comme Le cercle des poètes disparus mais en moins bien). Peut-on jouer au volley-ball avec des talons ? Qu'est-ce qui définit un homme, son nombre de chromosomes X (et Y, donc), ou sa sexualité ?
Bref, tout plein d'interrogations totalement existentielles qui m'ont permis de rêver jusqu'à 9 heures ce matin, heure à laquelle je me suis réveillée en sursaut et en m'apercevant qu'une fois de plus, j'étais en retard pour aller au labo... bref, décidément, mes nuits sont définitivement plus riches et plus variées que mes jours, on dirait.

mardi 15 novembre 2005

Débranche ?…

Coincée entre mes "il faut", mes "je dois", mon manque de temps, et tout ce qu’il y a à faire, tout ce qui reste à faire, tout ce que j’ai peur de ne pas réussir à faire, tout ce que je refuse de déléguer, tout ce que j’accepte de prendre en charge, je me fatigue, et je reste là, à essayer inefficacement de me remotiver, à essayer inefficacement d’écrire des trucs qui ne font pas vraiment beaucoup de sens, à essayer vainement de me concentrer sur les prochaines étapes, sans oublier de finir les trucs en court.
J'aurai juste besoin de quelques jours de vacances. Quelques jours sans penser au labo. Quelques jours sans entendre "how’s the writting going ?", quelques jours sans regarder ma to do list là, au-dessus de mon bureau, quelques jours sans bouffer les pates au fromage ou les frites à la sauce tartare de la cantine, quelques jours sans poser mes fesses sur mon tabouret, quelques jours sans avoir à gérer quoique ce soit, quelques jours sans responsabilité, sans soucis, sans oublis, sans bailler, sans se forcer, sans voir encore et encore le toit des serres par la fenêtre du labo, sans arroser les plantes, sans regarder mon ordinateur dans le blanc de l’écran.
Mais c’est pas possible.
Se reposer, c'est mal, et prendre des vacances, je sais pas faire, j’ai pas appris.

samedi 12 novembre 2005

Friends.

Sometimes i feel lonely, preparing myself for yet another night in the lab...
And then suddenly he's here, next to my bench, smiling at me.
Come-on, let's have a drink Eve, you're not still working right now are you ?
And suddenly, no question is worth the worries, no work is worth the pain, i just let myself sink into his warm friendship and enjoy his presence.
And few hours later, after a mixture of serious discussions, silly giggles, hardcore science brainstorming, sometimes too many drinks, often a plate of greasy food, he waves me goodbye - see you tomorrow, and i know that he means it, that he will see me tomorrow, and that we'll carry on spending some time together, simply because we like spending time with each other.
And what i'm left with is this relaxing smile, the one that makes you feel happy inside, the one that makes you remember that eventually, nothing is more precious than a true friend.

vendredi 11 novembre 2005

Sans queue ni tête.

Puisqu'après tout je suis une fille plutôt rigide et que j'ai du mal à échapper aux schémas mentaux dans lesquels je m'enfonce pendant plusieurs jours d'affilée [ma psy, 2005], j'ai décidé d'arrêter de me battre et de finalement continuer à citer mes sources tous les 30 mots et non à la fin de chaque phrase comme une autorité supérieure me l'a pourtant tout récemment suggéré [chef, 2005]. Bref, et histoire de parler pour ne rien dire, ce qui semblerait être approprié en ces lieux [wikipédia, 2005], un gateau au yaourt citron-citron vert réalisé sans yaourt mais avec du lait et plein de beurre, c'est finalement vachement bon [cake-club, 2005], même si ça ne peut plus vraiment s'appeler gateau au yaourt, du coup [sens commun, 2005; wikipédia, 2005]. Enfin bref, et pour continuer dans les futilités sans importance que j'affectionne tout particulièrement [on-dit, 1976-2005], une bizarre coïncidence, parfois appelée synchronicité par certains mystiques de mes amis [Geez, 2001], a décerné à la date du 8 novembre le titre de "journée internationale de l'aspirateur" [kiara, 2004; kiara, 2005]. Parce qu'après tout, rien n'est plus important qu'une moquette sans miettes [Fiona, 2005; pour revue: Papa, années 80].
Je crois que décidément, si j'étais un homme, je serais capitaine, moi aussi. [Tell, 1981; windows media player, 2005].

jeudi 10 novembre 2005

Docteur ès lièvre [comment ça rien ne sert de courir ??]

A force de répéter que j'étais en retard mais que promis dans 2 jours tu auras un truc à lire sur ton bureau - euh oui mais finalement non j'ai pas encore eu le temps - ah on avait dit que la date limite c'était le début de la semaine dernière, vraiment ? - Oui, oui, j'y travaille là, ça vient...
Bref, à force, chef m'a gluée à ma chaise de bureau, et je n'ai jamais autant lu-écrit-réfléchit-re-lu-re-écrit-machouillé mes capuchons de stylos qu'au cours de ces 3 derniers jours, enfin à part pendant l'époque rédaction de thèse, mais on avait dit que c'était du passé oublié, enterré, terminé... rédaction de quoi tu dis ?
Enfin, la moyenne est à 1500 mots par jour, ce qui peut paraitre tout petit comme ça, mais quand il ne s'agit pas vraiment de jolis mots mais de trucs qui sonnent comme "auxin", "statoliths", "heterodimers", ou encore "enhancement of the second positive curvature", voire "phyA mediated far-red high-irradiance", là tout de suite, 1500 mots par jour, ça ressemble à un calvaire, voire à un exploit.
Et pusiqu'au total mon cerveau est au bord de la crampe et va bientôt rendre l'âme, RIP, je me suis promis que la prochaine fois, je m'y mets en avance et je finis tranquillement et calmement ET AVANT LA DATE LIMITE, bordel ! [oui, je sais, c'est exactement ce que j'avais déjà dit après la rédaction de ma thè... euh... de quoi déjà ?..]

mardi 8 novembre 2005

La part de l'autre...

GrandPa, 86 ans, veuf depuis quelques semaines, et heureux d'avoir ma compagnie en ce dimanche après-midi.
GrandPa qui a tout vécu, la pauvreté des années 20 dans la banlieue glaswégienne, les prisons allemandes entre 1940 et 1945, des dizaines d'années d'expatriation dans les tropiques en tant qu'expert forrestier, les 17 ans de souffrance de sa femme.
GrandPa qui me présente avec fierté au golf-club où il vient prendre son lunch chaque jour. "Is this your grand-daughter ?". "No, she's my grand-daughter's flatmate... she comes from France you know and she's a doctor in Science !!"
GrandPa avec qui je rigole affalée dans un fauteuil, une tasse de thé à la main, mes baskets un peu sales à coté de ses pantoufles, sur son cale-pieds.
GrandPa qui n'a jamais entendu parler de ce groupe de rock qui passe à la télé, qui me montre la cornemuse qu'il a fabriqué à l'époque, quand ses yeux ne le trahissaient pas, qui me laisse la meilleure place contre la fenêtre, pour que je puisse admirer la lumière sur la plage de North Berwick.
GrandPa qui me serre dans ses bras quand je repars prendre le train pour rentrer à la maison, me faisant promettre de revenir le voir bientot.
Alors que répondre à GrandPa, quand il me dit, sur de lui et fort de ses 86 ans d'expérience, que si, la violence peut être dans les gènes, regarde le peuple allemand, ils sont tous fous et violents là-bas. Comment lui dire, à GrandPa, qu'avec ce genre de raisonnement, il est tout proche de l'Hitler qu'il a combattu ? Je n'ai pas vu mes 40 compagnons prisonniers de guerre se faire fusiller devant mes yeux en 1944, moi, je n'ai rien à dire, rien à débattre. Alors je me tais lachement et je vais tristement préparer un autre café en lui racontant les dernier potins du labo, parce que malgré tout je l'aime beaucoup, GrandPa...

Scène de ménage.

Samedi dernier, dans un effort unilatéral de maintient du cessez-le-feu à la maison, j'ai passé l'aspirateur [et nettoyé la baignoire, et les toilettes, et les plaques de cuisson, et...]. Et alors que je maneuvrais la bête sur le long tapis rouge du couloir, un épais nuage de poussière grise s'est échappé de son corps, révélant l'apparition soudaine de 2 fentes bien mal placées.
Enfin bref, et en d'autres termes, samedi dernier, alors que je tentais un effort désepéré et surhumain pour maintenir la paix à la maison, j'ai cassé l'aspirateur. Maintenant plus personne ne pourra me reprocher de ne pas le passer, puisque sa seule utilité est désormais de balancer le peu de poussière qu'il aspire au niveau du sol en aérosol tout autour de lui. Ce qui n'est pas tellement pratique pour nettoyer la moquette, et fait salement éternuer, en plus.
J'avais pourtant prévenu, hein, que le ménage c'était pas pour moi...

vendredi 4 novembre 2005

L'odyssée.

Je me souviens du départ, des adieux sur le quai de la gare, Maman et Jérôme, de l'angoisse de ne pas pouvoir tout porter, de l'inconscience entourant cette journée, pendant laquelle je n'ai pas réalisé une seule fois que j'étais entrain de changer tout mon quotidien, pour de vrai.
Je me souviens de l'agacement d'avoir raté l'entrée dans le tunnel, de la difficulté à garder les yeux ouverts pour admirer les paturages verdoyants et les maisons alignées, du gentil vieux monsieur chauffeur de taxi, sourire réconfortant dans cette capitale inconnue, de la petite fille et de son ours en peluche blanc-sale, dans ce bus qui n'en finissait pas de rouler dans l'obscurité pénétrante.
Je me souviens de la pluie battante, de ces 3 énormes valises balancées dans une flaque d'eau par un chauffeur de taxi grincheux, de l'impression surréaliste de me sentir si vite chez moi dans ce nouvel environement, grace à la dizaine de photos épinglées au mur avant même l'ouverture de la première valise.
Je me souviens de l'arrivée au 3ème étage, le lendemain, à 9h30 précises, des premiers mots d'accueil de chef, tout sourire, de l'impression d'être un peu perdue quand même, du soulagement de retrouver mon chemin vers la maison, des boites de conserves déchiffrées avec l'aide de mon dictionnaire, des premières soirées passées sur le seuil de ma chambre à espionner mes proprios, juste pour entendre une voix, juste pour ne plus être toute seule, même si je ne comprenais pas ce qu'ils disaient.
C'était il y a exactement 3 ans, aujourd'hui.
Ce qui signifie que c'est donc ce WE que j'aurai du rentrer en France pour toujours, d'après mon plan de l'époque.
Pas de sirènes, pas de cyclopes, même pas un ouragan ou deux pour déstabiliser mon embarcation... et pourtant... aurais-je juste subit la malédiction de Poséidon sans le savoir ?

jeudi 3 novembre 2005

Sa meilleure amie ?

Aujourd'hui, j'ai rencontré l'undergrad qui va me servir d'esclave à partir du mois de janvier. Et en la voyant arriver habillée et maquillée à la perfection, avec ses petits talons, ses jolis yeux et ses cheveux lissés, j'ai pensé que dans un labo féminin-hétérosexuelle à 83%, c'était quand même un peu du gachis, une telle débauche de beauté [d'autant que le 17% restant est marié et père de 3 joyeux bébés, ce qui ne l'empêche pas de se rincer l'oeil, certes, mais bon]. Heureusement, elle n'est pas seulement jeune, blonde et jolie, mais aussi particulièrement gentille et apparemment motivée, "mon" undergrad, ce qui m'a un peu rassuré sur mes capacités à passionner mon auditoire avec mon sujet de recherche. Enfin bref, il semblerait donc que dans la grande lotterie de l'attribution des honours projects, j'aie été plutot chanceuse.
Toujours est-il qu'en allant faire un tour sur Amazon ce soir [oui, oui, il y a un rapport], je suis tombée sur cette photo.
Choc.
[Oui oh et la façon dont j'ai pu atterrir sur cette photo ne vous regarde pas, non]
Et voici donc le scoop de la journée: Lorie a une soeur jumelle secrète [dont elle a certainement été séparée à la naissance], étudiante en biologie ici même en Ecosse. Et à partir de janvier, la jumelle de Lorie, elle va donc faire esclave dans mon labo.
Ouais.
Je sais.
Moi aussi ça m'en a bouché un coin.

mercredi 2 novembre 2005

La vie en rose...

Puisque ces derniers jours, ma vieille manie de me prendre pour Cosette m'est retombée sur le coin de la gueule, accompagnée d'une tendance à entretenir mon misérabilisme avec un zèle que je ferais surement mieux d'appliquer au passage de l'aspirateur, enfin il parait, j'ai décidé de me mettre sous perfusion, parce que ça suffit comme ça quoi merde. Alors la playlist du jour s'appelle "NRG", et pas moins [et oui j'épelle en anglais si je veux]. Résultat: au lieu de chouiner que personne ne m'aime et que la vie est dure en portant le lourd bidon d'eau distillée de la salle commune au labo, je fredonne et je danse au son de Dancing Queen, et finalement nul besoin d'un Jean Valjean sur mon chemin pour avoir envie de sourire à la ronde, surtout en sifflotant des obscénités sur une certaine Daniella [oui, celle où on peut s'y mettre à 3], comme quoi être en territoire anglophone, ça a ses charmes.
Mais voilà, la batterie de mon petit mp3 player est à plat, il pleut, et je dois passer par le supermarché avant de rentrer et porter mes lourdes courses jusqu'à la maison où je trouverai certainement une cuisine dévastée et envahie de vaiselle sale, et un salon peu acceuillant où les Thénardiers seront entrain de regarder la télé au coin du feu affalés sur le canapé, m'obligeant à me diriger tristement vers ma chambre pour y lire les publis qui y trainent, avant d'y dormir ma maigre nuit.
Oui, oh, ça va, j'exagère si je veux hein.
Alors bon, voilà, Mr Jean Valjean, si tu pouvais m'acheter ça là, je t'en serai éternellement reconnaissante et plus si affinités, parce que oui, we are living in a material world, and i am a material girl.
Sur ce, j'y vais avant que la neige ne s'y mette, hein.

Licence IV.

J'ai comme l'impression que mon cerveau se ramollit de jour en jour, entrainant dans sa chute mon sens créatif, mon énergie, et ma facilité à bavarder. Non pas que j'aie jamais trouvé le bavardage facile, puisqu'il est un fait que je parle toujours trop ou pas assez, et rarement aux inconnus. Enfin bref, finalement, ce rythme ralenti est peut-être l'un des premiers signes des dommages cérébraux causés par ma fréquentation un chouilla trop assidue des public houses du quartier ces derniers temps. Mais bon, c'est bien connu, les chagrins d'amour se soignent au bar, et je suis une parfaite bonne copine dans ces moments là, capable de sacrifier un gros paquet neurones, noyés dans la bière sur l'autel de l'amitié.
Oh oui, je sais bien que je raconterai n'importe quoi pour justifier ma flemme d'aller vérifier mes PCR là de suite...

lundi 31 octobre 2005

SDF 2B.

Il parait que parfois je ne suis pas tellement claire.
Il parait que je devrais faire plus d'effort pour communiquer.
Il parait que laisser la vaisselle et les sacs de courses trainer pendant des jours dans la cuisine, c'est pas tellement grave, non. Ne jamais passer l'aspirateur, par contre, c'est à la limite du crime contre l'humanité.
Il parait qu'en tant qu'amie, je devrais comprendre l'importance de l'aspirateur, quand même.
Il parait que oui, espérer un minimum de compréhension sans en passer par de longues explications, c'est un peu crétin.
Et tout ceci est très certainement tout à fait vrai.
Il n'empêche, il semblerait surtout que la lune de miel soit finie et que le déménagement soit proche.
Parce que finalement, Fiona ne sera jamais Helen.

dimanche 30 octobre 2005

There's something very queer about the warren this evening...

Comme tout dimanche matin qui se respecte, le réveil a une fois de plus raté sa mission de sauvetage du week-end qui part un peu en couille, parce que passer mon samedi avec mon labmate préféré avec qui je partage quasimment tout mon temps libre ces temps-ci, ce qui entraine de sérieuses confusions dans mon cerveau quand je l'entends dire que les femmes sont toutes flirty quand elles parlent aux hommes, parce que, euh, tu sais, je suis une femme, toi un homme, et en fait je ne suis pas flirty pour un brin là, j'te jure, et puis arrête ton sourire en coin sur le champ quoi, bref, passer autant de temps avec lui n'étant pas prévu au programme des réjouissances de cette fin de semaine (qui contenait exactement 3 items: light and auxin signal integration; le roi et l'oiseau au ciné dimanche à 13h; light and GA signal integration, autant dire un programme de rêve), dimanche se devait d'être particulièrement efficace, concentré, et organisé.
Et dès le réveil, ça partait en couille, donc.
Ce qui ne m'a pas empêché de finir un pot de confiture de cynorhodons (encore un talent caché de mon père, qui aurait définitivement du faire carrière chez Bonne Maman) dans les vapeurs de thé et face à mon Science & Vie pendant les quelques heures qui me séparaient de "la journée qui commence tard" à "merde, mais c'est déjà l'après-midi, bordel".
Bref, j'allais presque oublier le Roi et l'Oiseau, quand je m'en suis souvenu.
Douche d'urgence, recherche improbable de vêtements propres-et-seyants à J+8 de la dernière lessive (enfin un challenge, un vrai), mais je n'arriverai jamais au cinéma à l'heure, merde de bordel de merde, mais pourquoi suis-je systématiquement toujours et continuellement en retard, for f*ck sake.
Bref, les clefs à la main et les cheveux mouillés, je m'apprêtais à passer la porte pour me jeter dans la voiture-de-chef, en me disant que de toute façon j'arriverai toujours à temps pour les 2 seules minutes qui me font vouloir revoir ce film pour la (III et V font VIII et VIII font XVI ?) ème fois, c'est à dire le célébrissime passage où l'oiseau berce sa couvée au son de "Dormez, dormez, petits oiseaux, petits oiseaux chéris.. papa est là qui veille, papa qui veille au grain... dormez petites merveilles, il fera jour demain..." Oh oui, je sais, ça n'a l'air de rien comme ça, et c'est une raison un peu mince pour aller voir le traditionnel film de Noel une veille d'Halloween, les cheveux dégoulinants et le coeur battant parce que mine de rien en fait je déteteste être en retard, même si parfois je le cache bien. Maintenant, que celui qui a été élevé par son père me jète la première pierre. Les autres, passez votre chemin, vous ne pouvez pas comprendre.
Bref, j'en étais au moment où, les clefs en main, je courrais vers la porte d'entrée. Quand tout à coup mes cellules gliales ont du me faire le coup du 2ème cerveau, celui qui marche plus lentement, mais sans qui Alzheimer s'installe. (je l'ai déjà dit que j'ai passé le p'tit déj à lire Science & Vie ? Ah, oui.) Bref, évidemment, nous sommes de retour sur Greenwich aujourd'hui même, et j'avais donc finalement 1 heure et 10 minutes pour arriver au cinéma, ce qui fait qu'à raison d'un trajet de 10 minutes en voiture, en ajoutant 5 minutes pour trouver une place ET faire un créneau, parce que depuis qu'il n'y a plus l'autocollant sur le pare-brise arrière de la Clio de l'auto-école, j'ai un peu du mal avec les créneaux, et oui c'était il y a 9 ans, mais en même temps je traine des handicaps insoupçonnés, faut pas croire, bref, et avec un sprint vers le filmhouse de bien 4 minutes -7 minutes si cigarette et donc pas sprint -, j'avais donc finalement un paquet de temps devant moi avant d'être à nouveau en retard.
Je me demande si mes phrases ne sont pas un peu décousues aujourd'hui quand même. M'enfin on va dire que non.
Bref, et après vérification sur BBC Scotland qu'il n'était vraiment pas encore midi, et que finalement la journée n'était pas partie en couille à cause de mon réveil mais à cause de ma lenteur à réaliser que mon réveil était un menteur, j'ai finalement vu l'oiseau, le roi, le petit ramoneur de rien du tout, la charmante bergère, et surtout une tripotée d'enfants bilingues disséminés dans les rangs de la toute petite salle de ciné. Et observer un enfant d'environ 3 ans, un lapin en peluche dans la bouche, parlant systématiquement français à sa grand-mère qui s'échine à lui répondre en anglais, j'ai trouvé ça encore plus joli que le poing du robot libérant à jamais tous les petits oiseaux du monde, puisqu'a life without freedom is no life, comme quoi Jacques Prévert et Mel Gibson sont plutot d'accord sur certains points essentiels. (Je l'ai déjà dit que j'ai acheté le DVD de Braveheart samedi ? Ah non, ça je ne l'avais pas encore dit, hein)
Toujours est-il que sur mes 3 items du week-end, 2 sont quand même passés à la trappe, même si j'ai enfin fini de dévorer Watership Down, qui non seulement va rejoindre dès à présent le panthéon de mes livres vénérés, mais qui en plus m'a permis d'entamer une utilisation quasi-exhaustive de mon dictionnaire de poche anglais-français, dont j'avais trop hativement jugé l'utilité superflue, parce que oui, il existe un mot en anglais qui signifie "courrir érratiquement vers le haut" (mais non, je ne me souviens plus lequel), et tout plein d'autres termes qui s'adaptent parfaitement bien aux aventures lapines et que je ne connaissais pas, et avec une fréquence d'apparition de mots inconnus moyennant à 3 par page, mon dictionnaire a subit de fréquents outrages tout au long de ces 473 pages. Enfin bref, depuis ce week-end, je n'aime plus les chats, les renards, et les hommes. Et je ne regarderai plus jamais les lapins qui trainent sur le campus de la même façon. Ni les renards, d'ailleurs. Ni même les hommes, mais c'est peut-être une autre histoire.
Toujours est-il que la fin de semaine s'achève une fois de plus sur une saveur désagréable de culpabilité à l'arrière gout d'auxine, mais avec un peu de chance, chef, qui elle a fini toute sa partie sur light-clock connections, sera convaincue par mes histoires de lapins, oiseaux, ramoneurs et autres cynorhodons, demain matin.
J'ai quand même quelques doutes.

vendredi 28 octobre 2005

Si je t'avais pas...

Mes vendredis se suivent et se ressemblent.
Sombres et humides, avec des montagnes de boites de pétri, des milliers de graines à semer, un poignet qui implore un moment de grace, la pluie sur les carreaux, et surtout l'air qui sent bon le labo-du-vendredi-soir.
Et malgré tout ce qui rate, tout ce qui reste à faire, tout ce qui ne se fera jamais, toutes les incertitudes, répétitions, frustrations, déceptions et autres angoisses, malgré tout ça, les vibrations de la hotte me rappellent une fois de plus que je fais décidément le plus beau métier du monde, et qu'il n'y a nulle par ailleurs où je préférerais être.

A beautiful mind...

Contexte: Eve broie de l'Arabidopsis à grand coup d'azote liquide dans le labo déserté. D. passe dire "See you tomorrow !" avant de rentrer chez elle.
- Hey, D., what do you think would happen if i'd dip my hair in liquid nitrogen ? Do you reckon i could make some hair RNA as a negative control ?
- ...?!?...
[which probably meant: Eve, you're working too hard, stop it right now and go home !]
Contexte: Eve et G. sont au pub entrain de refaire le monde dans les vapeurs d'alcool [et l'huile de friture] pour la 3ème fois de la semaine.
- Hey, imagine, if your middle name was "William", then your initials would be "GWD", just like the enzyme D. works on... that's amazing, isn't it ?
- ...?!?...
[which probably meant: No, Eve, it is NOT...]
Contexte: J., nouvellement recrutée par le H lab [comme quoi il exsite une justice dans ce monde, bordel] et en pleine euphorie post-annonce de la bonne nouvelle vient dire bonjour à sa nouvelle future collègue de dans 3 semaines [oui, moi] .
- Hey, J., congratulations ! I'm so glad you got the job !!... So... how do you feel about knowing that you're going to work on SW's bench ?
- ...?!?...
[which probably meant: No, seriously, Eve, WHAT are you on ??...]
Je crois donc qu'il me faut définitivement trouver un moyen de couper l'alimentation de mon cerveau de temps à autre... ou du moins du haut-parleur...

mercredi 26 octobre 2005

Alcool(s).

Parfois on croit naïvement que la seule solution à toutes les questions existentielles de la journée se trouvent sous de multiples verres de vin rouge qu'il faut vider en un minimum de temps, afin de découvrir si décidément il serait possible de supporter une élévation brutale et prochaine du niveau de testostérone du labo.
Ca ne marche pas, en fait.
Ce genre de réponses se trouvent rarement au pub, et encore moins dans les lendemains matins au crane douloureux. Et ce même s'il est définitivement salutaire de passer de longues heures à refaire le monde avec son labmate préféré qui lui boit des bières, comme quoi de la testostérone il en a aussi, oh mais oh, ce qui suggère fortement que la gentillesse et la sensibilité ne sont pas entièrement sous controle hormonal.
Certes.
Alors ce soir je vais tester la méthode oestrogène-progestérone-papotages-entre-filles-chez-ikéa. L'avantage double étant que je devrais au moins m'en tirer avec un nouveau fauteuil pour lire mes publis dans un confort maximum le week-end, et sans mal au crane.
A moins qu'ils insistent pour nous offrir une dégustation gratuite de spécialités alcoolisées suédoises à la cafét, s'entend...

lundi 24 octobre 2005

First and bad impression.

Demain, on a interviews.
Bon, jusque là, rien d'anormal, même si savoir que bientôt la concurrence sera rude pour obtenir la place tant convoitée (enfin du moins par moi, hein) de postdoc préféré(e) de chef, ça ne m'enchante pas tout à fait. En même temps, il faut apprendre à partager maman, et puis que quelqu'un de compétent se mette à utiliser la paillasse abandonnée de SW, c'est plutot bien. A condition qu'on recrute quelqu'un de doué en gateaux-du-vendredi-matin, aussi. Finalement, en plus du talk, on aurait du demander aux candidats de participer à un concours de cuisine.
Bref, demain, on a interviews.
Et je ne peux pas m'empêcher d'avoir un avis biaisé sur un des candidats. Parce que je l'ai rencontré dans une conférence, oh il y a longtemps mais bon, il m'avait un peu tappé sur les nerfs à me suivre partout là comme ça. Et puis, honnêtement, il me semble que son profil ne colle pas aussi bien au projet que celui d'une autre candidate, mais il vient d'un "gros labo", alors s'il vient d'un "gros labo", chef le veut. Règle du jeu à la con qui me donne envie de vomir.
Heureusement et malgré les demandes insistantes de chef, je n'ai finalement pas le droit de participer a l'interview pannel. Heureusement, parce que ne pas être du même avis que chef, ça pause des cas de consciences difficiles à résoudre dans cette dictature démocratique qu'est notre labo. Heureusement aussi, parce que j'ai du mal à garder mon objectivité aujourd'hui.
Parce qu'en plus du mauvais souvenir du garçon collant qui traine dans mon cerveau depuis 2 ans, voici que le garçon en question est arrivé comme une fleur et à la porte du labo ce soir. S'étonnant que personne ne soit à sa paillasse. Et n'hésitant pas à me tenir la jambe pendant plus de 40 minutes, malgré mes efforts insistant pour expliquer que non, visiter le labo là tout de suite alors qu'il fait nuit dehors et que je suis entrain de travailler, oui, en effet, c'est pas tellement possible, et puis chef m'a collé une heure en tête à tête avec toi demain après-midi pour te faire faire le tour de nos facilités, et du coup c'était pas prévu pour ce soir, alors à demain hein d'accord ?
Et quand, après lui avoir montré la salle dans laquelle il doit présenter son talk demain à 14h30, salle idéalement positionnée tout près de la sortie du batiment, vers laquelle il était alors tout naturel que je le dirige alors, il m'a annoncé qu'il reviendrait demain à 11h, j'ai eu du mal à réprimer un mouvement de surprise et d'agacement.
Etre motivé, c'est bien.
Insistant, beaucoup moins.
La frontière entre les deux est ténue, certes. Et j'imagine déjà chef être impressionnée par la 'détermination' du garçon.
Toujours est-il que de 11h à 14h30, ça fait quand même bien 3 heures et 30 minutes à tuer, et de là à ce que chef me le refile dans les pattes pour aller à la cafét, j'en pratique déjà mes exercices de respiration "keep-cool-smile-yes-boss-whatever-you-want-boss" en ronchonnant.
Enfin bref, on a interviews demain.
Et en y réfléchissant bien, il me semble bien qu'il y a des chances que je ne perde pas ma place de première postdoc dans le coeur de chef, finalement...

vendredi 21 octobre 2005

Few facts.

Dehors, il pleut.
Dedans, mes boites sèchent sous la hotte.
C'est beau un labo sous la pluie.

Convertisseur hystérique.

J'ai un gros bouton qui pousse sur la joue droite. Le genre de bouton qu'on ne rencontre plus une fois l'adolescence passée, ou alors une fois l'an, dans les grands moments de déprime post chocolat/charcuterie. Le genre de bouton qui ramène des vieux souvenirs pas très agréables de visage pas défiguré mais quand même objectivement bien sous emprise hormonale un peu dégueu, qu'on cache comme on peu, avec une frange jusqu'au nez par exemple. Comme quoi ça a du bon de vieillir.
Bref, n'empêche ce soir, vieille ou pas, là, j'ai un gros bouton.
Et puis j'ai un talk à donner dans 5 heures. Juste une petit talk de rien du tout devant des gens de l'institut, un petit talk de rien du tout et pas bien fini d'ailleurs, auquel je viens de mettre le dernier point il y a 5 minutes en me disant que c'est un peu bancal mais merde on s'en fout, là. Comme j'ai un chouilla envie d'aller roupiller pour une petite demi-heure avant d'aller sous la douche et de retourner au labo, où je suis en ce moment même, heureusement que les transports sont rapides entre mon lit et ma paillasse, finalement.
Bref.
J'ai un gros bouton.
Et un talk pas vraiment bien prêt.
Alors je me demande...est-ce que mon subconscient croit VRAIMENT que si on me lance des tomates à la fin de ma présentation, j'arriverai à croire que c'était parce qu'avec mon bouton je suis vraiment pas jolie, et non pas parce que mon talk était mauvais ?
Sérieusement ?

jeudi 20 octobre 2005

Ps 23:1-6

J'ouvre le placard au-dessus de mon ordinateur. 3 tasses, des sachets de thé, du café lyophilisé, une pile de publis. Rien à manger.
J'ouvre le 1er tiroir. Un beau bordel, mais pas de vieux mars entamé, pas de gateau caché dans un recoin, pas même une veille pièce de £1 pour nourrir la vending machine. Rien, rien, rien.
J'ouvre les autres tiroirs, pleins de lab-books, protocoles et autres oligo synthesis reports en vrac, mais rien à manger.
Je vais faire un tour dans le bureau, des fois que quelqu'un ait laissé trainer un vieux bout de pain ou un paquet de bonbons, comme parfois ça arrive, et alors c'est la fête. Mais là rien.
J'ouvre le frigo. Vide.
Je finis pas aller vérifier mon casier, que je n'ai pas ouvert depuis bien 2 mois. Miracle, ce vieux paquet de réglisses salés danois à moitié vide plein. Skipper mix. De chez Haribo, certes, mais franchement dégueu, parce que vraiment, le réglisse salé et épicé, j'ai l'impression qu'il faut avoir été sérieusement élevé au stimørøl pour aimer. Mais j'ai faim, après tout.
2 bonbons avalés en grimaçant et un chewing-gum à la menthe plus tard, je repose le paquet de réglisses au fond de mon casier en décidant d'abandonner mes ambitions scandinaves et je retourne continuer la préparation de mon talk-que-j'ai-annulé-il-y-a-2-semaines-en-me-promettant-de-le-préparer-en-avance-cette-fois-ci-parceque-travailler-à-la-dernière-minute-y'en-a-marre-à-la-fin-et-que-je-dois-finalement-donner-demain-matin-et-qui-biensur-n'est-pas-du-tout-prêt le ventre vide.
Après tout, bien fait.
J'ouvre quand même le placard au passage, celui qui est au-dessus de mon ordinateur, sait-on jamais, si un paquet de biscuits était apparu dans les dernière 5 minutes.
Mais non, toujours pas.
Finalement, les miracles, c'est vraiment que des conneries.

mardi 18 octobre 2005

Culture pub.

Au pub quiz de la soirée, j'ai été brillante.
Si, si.
Non parce que dans ma vie bien réglée et un poil rigide, le mardi soir c'est espagnol. Mais ce soir y'avait pas, alors au lieu de profiter d'une soirée de libre pour travailler un peu plus, j'ai été au pub quiz du campus, histoire de boire des bières en faisant semblant de croire que j'avais du temps à perdre, parce que je peux quand même facilement me convaincre de choses un peu stupides, de temps en temps.
Si, si.
Bref, j'ai été brillante.
Si, j'insiste.
Sur la soixantaine de questions, j'avais 3 réponses.
Elisabeth Montgomery [Bewitched], "It's a small world" [Disneyland], et Hammer to fall [Queen].
Voilà toute ma culture générale.
Et le mieux: j'étais la seule à pouvoir apporter ce savoir inestimable à notre équipe de 5 scientifiques à lunettes, ébahis par tant d'à propos intellectuel.
D'ailleurs, en y re-pensant, j'étais la seule à porter des lunettes, en fait.
Décidément, c'est vraiment bon de se sentir inutile, parfois.

lundi 17 octobre 2005

Because i'm lovin' it....

I arrived as late as i could in the lab this morning. Not exactly on purpose. Not exactly without a purpose. I've got those bloody double mutants to check this week, those double mutants that may not be double eventually, as i discovered last thursday night, as i announced to my boss half panicking, half trying really hard not to cry last friday morning, after a sleepless night full of tears, because so many experiments are just going to be trashed. Bad luck is definitely following me everywhere i go. I work hard, i actually do, and i love what i'm doing, but sometimes, i just wish i'd get a little help from whoever reads the Big Book upstairs somewhere above my head, whether It exists or not.
With this book chapter deadline approaching far too fast, and this talk i definitely have to give next friday, i'd make myself swear i wouldn't touch a pipette during the week-end, forgetting any kind of lab work, just for 48 hours, and keeping my brain active, reading about light and hormons interactions, instead of running into yet another PCR to avoid having to think, because although i enjoy using my brain, it's definitely the laziest organ of my body, especially when it comes to auxin signalling.
Not only haven't i touched a pipette for over 48 hours, but my brain has actually stubbornly kept its virginity towards any kind of plant hormon influence over the week-end.
Almost unbearable guilty feelings have been flowing through my body since last night, feeding my self-esteem's downfall... i really ought to be used to those awfull sunday nights by now, but actually i'm not.
Still, i arrived late in the morning, not willing to face the situation. Chatting to as many people as i could in the office, since 48 hours of silence is sometimes hard to live through, and i was eventually relieved to see some friendly faces and to hear some friendly voices, since i'd almost forgotten how nice it was to communicate with people for the last 2 days. Last week-end wasn't only a waste of time, it was also extremely lonely, even for my hermit standards.
I arrived late, and did nothing. Tidying-up my desk. Taping a new white-board on my cupboard, in a vain effort of trying to be a wee bit more organised. Going from a growthroom to another looking at my plants, none of which needed any more water, after the bath i'd given them the day before. Cursing the fate or whatever made me who i am, this person that i really can't like, no matter how hard i try, but do i really try that hard ?
By 3.30pm, as i couldn't find anything that needed to be organised, cleaned or watered, i eventually sat down and started what i should have done on saturday morning. Book chapter write-up.
Which means that i'm exactly 53 hours behind my schedule, which was actually a "last-chance-to-get-through-everything-in-time-emergency-schedule". And it's only monday evening. Stress is already dripping all over me, and the week has just begun.
Remind me, why have i chosen this life exactly ?

dimanche 16 octobre 2005

Imagine

Levée aux aurores, couchée avec les poules, une tonne de travail abattu, une alimentation équilibrée, un week-end parfait, très fière de moi.
Après tout, qui sait, un jour ça m'arrivera peut-être.

vendredi 14 octobre 2005

La vérité si je mens...

Rigoler, pour un rien, juste comme ça, en se forçant un peu quand même, avec un demi-coeur convaincu, l'autre moitié toujours un peu ronchonne, mais insister, et rigoler, malgré la fatigue d'une nuit d'insomnie à essayer d'oublier le labo sans jamais y parvenir, malgré ce vendredi soir vide de solution, malgré le week-end studieux et angoissé qui s'annonce, juste rigoler malgré tout, parce que c'est vachement mieux, la vie en rigolant.
Tant pis si je mens un peu, tant pis si je ME mens un peu, tant pis si une larme s'échappe au passage, y'a qu'à croire que je pleure de rire, après tout, ça m'arrive tellement souvent, les fous rires mouillés, tant pis si j'ai quand même un petit peu froid, un petit peu la trouille, un petit peu pas tellement envie, un petit peu plus rien, que du découragement.
J'ai quand même envie de rigoler, ne serait-ce que pour me prouver que la vie ne me fait même pas peur du tout, non mais oh, qu'est-ce que tu croyais...

Commandement nº4 bis: Honore ton père et ta belle-mère...

Papa a décidé que la France c'était nul, et qu'il fallait partir. Parce que vraiment c'est plus ce que c'était. Il irait bien au Maroc, soudainement devenu le pays de ses rêves, mais Laurence n'aime pas les arabes. Ou en Ecosse, pour y retrouver sa fille, finalement c'était joli Edimbourg, mais il y fait un peu trop froid, et puis il ne sait pas parler anglais, alors ça pourrait être difficile (oh putain j'ai eu chaud). La Belgique c'est plat et chiant, la Suisse pour les riches, le Québec trop loin. Mais décidément, la France c'est nul, et tu vas voir ma p'tite crotte, on va vraiment s'tirer d'ici avec Lolo, parce que c'est de plus en plus du n'importe quoi ce pays de merde.
Oh, pitié, dites moi que les chiens PEUVENT faire des chats, et que tel père telle fille c'est de la connerie parfois, hein...

Relativité douloureuse

Je vis dans un microcosme ridiculement minuscule où les moments de panique ou de joie intenses ne peuvent être partagés que par quelques personnes, pas plus nombreuses que les doigts d'une main. Cette poignée seule sait tout. Journées noires de fatigue, euphorie de la manip enfin réussie, coups de pieds dans les portes des placards, schémas farfelus sur le tableau blanc, idées, doutes, résultats préliminaires, comment cacher la poussière sous le tapis, tout ça se passe entre nos murs, derrière la porte du labo.
A partir du couloir, un territoire ami mais étranger, d'autres labos, d'autres soucis, d'autres réussites, pas les notres. Les échanges se réduisent à des séminaires vitrines de temps à autres, et tu pourrais me donner un peu de plasmide pTRUC ? tu veux de l'anticorps anti-machin ? j'peux emprunter votre microscope ? Une société de troc, voilà ce qu'est notre bel institut.
A partir du bout de la rue, fin du campus, retour en zone civile, notre langage n'a déjà plus aucun sens, et notre emploi du temps quotidien est un mystère pour l'immense majorité de la population, pour qui "chercheur" signifie certainement "magicien", voire "glandeur", rarement "jardinier", alors que je me retrouve les mains dans la terre si souvent...
Alors c'est sur, quand un jeudi soir je suis en pleine panique, parce que depuis le milieu de l'après-midi, la possibilité d'une grosse catastrophe dans mon projet m'est apparue très clairement, j'ai comme l'impression que finalement, personne ne me comprendra jamais...

jeudi 13 octobre 2005

Je viens de la part de ma cousine...

Ce matin, quand le facteur a sonné en réveillant la maisonnée entière vers 7h30, j'ai enfilé mes pantoufles les yeux fermés en me cognant un peu partout... et puis Fiona m'ayant battue dans la course à la porte d'entrée, je suis retournée sous ma couette, sans finalement sortir de ma chambre. Vers 9h, quand j'ai finalement ouvert les yeux avec la panique habituelle du "putain, putain, j'suis en retard", j'ai trouvé un gros paquet de La Poste au seuil de ma chambre. Alors bon, au lieu de me précipiter sous la douche, j'ai ouvert... c'est humain, après tout, non ?
Une heure, 4 gauffres (de chez Meert, ouais, rho bordel c'que c'est bon...) et un magazine (de filles ET en français !) plus tard, j'étais vachement à la bourre, mais émerveillée d'avoir décidément la meilleure cousine au monde...
J'veux bien être en retard tous les matins, finalement, si c'est pour commencer la journée aussi bien ! Merci ma cousine chérie !!!

mercredi 12 octobre 2005

QCM.

Bon, bon, bon... nous voici donc face à un dilemne... non parce que j'ai enfin trouvé un take-away indien à 2 pas du labo, comme quoi google permet même de visiter son voisinage sans lever les fesses de son tabouret, décidément internet c'est pas mal magique quand même, et donc il me faut choisir.
Option 1: sortir, traverser la rue, marcher pendant moins de 200 mètres, acheter mon Balti Fruity Massalam, attendre en fumant une clope, récupérer ma commande, et revenir faire migrer les 2 derniers gels en mangeant goulument, parce que rien que d'y penser j'en salive.
Option 2: pareil sans le retour au labo, mais bon ce serait mal, hein. Et puis c'est pas comme si y'avait 6 feet under à la télé ce soir, c'était hier, et donc Nate ne réssucitera plus maintenant, de toute façon.
Option 3: trouver de quoi commander pour plus de £12 et attendre la livraison gratuite en fumant à la porte, ce qui serait vraiment très très mal, parce qu'être feignante c'est très très mal, oui, et ce quoi qu'en dise ma psy ("You're a bit obsessive with this "lazy" business, Eve, aren't you ?" - "Yeah, whatever")
Option 4: ne pas me décider avant 23h, et rentrer à la maison où le frigo est tout vide et le chauffage éteint après avoir fini toute ma to do list.
Hm.
Mais pourquoi n'y a-t'il pas une seule pièce de £1 pour nourrir la machine à chips dans mon porte-monnaie ce soir ??

wet, wet, wet...

En fait, avoir un trou dans sa basket gauche quand il pleut, c'est pas tout à fait optimal pour passer la journée au sec, finalement. Mais là où le mystère s'épaissit, c'est que le pied droit est trempé aussi. M'enfin ???

mardi 11 octobre 2005

El diluvio...

Il pleut comme si Noé devait construire sa barque sans trop tarder, mon vélo a une roue crevée, j'ai rendu sa voiture à chef, les bus sont toujours en retard et ne s'arrêtent JAMAIS où il faut (ouais, j'exagère et j'dis JAMAIS si je veux), et il me faut donc traverser la moitié de la ville à pieds mouillés pour aller apprendre à m'exprimer dans la langue du soleil, alors que j'ai du mal à noyer mes quintes de toux dans le twinnings orange, mango & cinnamon. C'est marrant, j'ai comme un relachement de motivation, là...

lundi 10 octobre 2005

Desesperately seeking Hugh Grant...

Quelques heures en plein coeur de "4 mariages et un enterrement", et le retour à la réalité beaucoup moins glamour se fait à reculons, parce que merde, c'était vachement bien de papoter avec mon voisin de gauche beau comme un dieu, drole, charmant, ex-plant biologist joyeusement reconverti ET végétarien (mais pas islandais, juste irlandais, personne n'est parfait, décidément... m'enfin dommage que Cork soit si loin, bordel), tout en souriant de temps en temps à mon voisin d'en face un peu timide mais très bon danseur et toujours partant pour un Strip the Willow ou un Virginia Reel (ce qui peut sauver la mise quand le best man, accoudé au bar près de la piste de danse et à l'évidence entrain de faire du rien, répond assez impoliment "sorry, no, i don't dance" malgré mon sourire numéro 5, le mufle) le tout en remuant continuellement ma chevelure qui m'a attirée (comme d'habitude, m'enfin renouvelez-vous les gens quoi!) une bonne dizaine de compliments, comme si je ne le savais pas DÉJÀ que j'ai les plus beaux cheveux de la planète, à tel point qu'ils devraient m'engager chez Timotei, comme faire de la balançoire sous un grand arbre alors que le soleil joue sur mes reflets blonds, ça a toujours été mon rêve secret.
Bref.
C'est lundi, je tousse à m'en arracher la gorge sous mon chignon de cheveux encore mouillés, j'ai les ongles sales d'avoir jardiné toute la journée, et la perspective d'un thé au miel en cherchant un mouchoir propre pour vider mon nez devant la télé est ce que je peux espérer de mieux pour la soirée qui s'annonce. Enfin après avoir été à confesse au psy, s'entend.
Y'a pas à dire, la vie est vachement plus belle dans les films, quoi.

La vie c'est pas toujours une tartine de Nutella...

...c'est parfois c'est un sandwich tout chaud... (et qui déchire sa race tellement c'est bon, d'ailleurs)

Et pour continuer dans la série "kiara fête le mois d'octobre" [parce que oui il y a un lien avec le nutella mais c'est une autre histoire] aujourd'hui se célèbre mon prénom féminin préféré de la terre de l'univers entier, parce que quand même, les Ghislaine, ce sont des filles fantastiques. Alors bref, bonne fête les filles !

vendredi 7 octobre 2005

Hair.

Puisque demain j'ai mariage à Dundee, la mariée étant écossaise [et le marié anglais, personne n'est parfait, hein], je vais passer la journée entourée d'hommes en kilt exhibant fièrement leurs jambes poilues.
Alors tout compte fait, histoire de me fondre discrètement dans le décor, je pourrais peut-être éviter la corvée de l'épilation demain matin avant d'enfiler ma jupe, non ?..

jeudi 6 octobre 2005

Feeling guilty...

Sous la pression populaire et contre mon gré, je l’jure monsieur l’juge, j’ai donc annulé ma prestation de demain matin. Parce qu’en fait non seulement le power point n’est pas prêt, ce qui est finalement un détail, mais les idées sont toujours aussi confuses dès qu’il s’agit de ce projet à la con qui pourrait s’avérer intéressant si je n’avais pas à traiter ce lot de données laissées en friche par la thésarde de l’enfer [enfin non, j’exagère, SW est (était ?) bien pire], données non seulement irreproductibles mais incohérentes, et voilà comment "Eve will quickly finish off O’s project so that we can get a publication this year" s’est transformé depuis plus d’1 an en side-project-gros-boulet. Que j’avais donc décidé de présenter demain lors de mon séminaire départemental trimerstriel, parce que j’ai quand même passé tout l’été ou presque à m’arracher les cheveux sur ce con de mutant qui ne fera jamais mieux qu’un plant physiol. au grand maximum et en étant vachement optimiste, alors que mon projet à moi, mon bébé en qui tous les espoirs de notre groupe repose, dormait au fond d’un tiroir. Multitasking boiteux.
Enfin bref, chef, elle-même malade, dans un dernier effort pour m’aider à interpréter des histoires de hook et d’éthylène, m’a regardé droit dans les yeux vitreux en disant "look, Eve, we’re both really rough... why don’t you just cancel it and find a free slot to give this presentation in the next future ?". Alleluia, enfin une parole censée, et ma détermination qui vacille sous le raz-de-marée de la solution de facilité offerte par la seule autorité en ces lieux, à savoir chef bien-aimée. Miracle.
Alors voilà, talk reporté à la Sainte Céline, comme ouais les fêtes du mois d’octobre je les connais toutes par coeur. Ce soir, ce sera donc devant la télé que je vais me noyer dans le lemsip, finalement.
Sauf qu’évidemment, depuis que j’ai envoyé mon message la queue entre les jambes et les oreilles tombantes, en m’excusant bien platement pour cette annulation à la dernière minute mais en même temps, un rhume ça ne se planifie pas des semaines en avance [mais un talk si, oui, oh, ça va hein], et bien je me sens vachement mieux. Même le nez coule beaucoup moins.
Alors voilà, je me demande si finalement je ne vais pas plaider coupable, en espérant votre clémence, monsieur l’juge. Je l'referai plus, je l’jure...

Graffitis, égo et paracétamol.

Hier matin, quand je suis rentrée dans la petite pièce sombre avec les parapluies à lumière, décor un peu surréaliste pour un labo de biologie moléculaire, le photographhe m'a dit qu'il allait prendre 3 photos, et qu'il choisirait la meilleure. Right. 7 photos plus tard et une petite moue pas très satisfaite sur son visage, il m'a dit que je pouvais repartir, merci. Soit. Je suis donc retournée travailler, un peu véxée quand même, parce que bon, il lui avait fallu 7 essais, quand même. Mais bon, j'ai l'égo aussi fragile qu'un bibelot en porcelaine écrasé par une patte d'éléphant en rut, donc en même temps, rien de nouveau sous le soleil.
Bref.
Ce matin, mon joli sourire n'était pas affiché près de la porte de la salle café, finalement. Non, non, non... Mon air drogué et bouffi, ça, oui, par contre. Pas seulement que la photo soit moche, même si c'est le cas. Elle est aussi disproportionnée, un peu comme si photoshop m'avait administré une bonne dose de cortisone, et je me retrouve donc avec un visage plus large qu'il ne l'est dans la vraie vie, comme si avec mes kilos en trop, j'avais VRAIMENT besoin qu'on rajoute un coup de patte dans la porcelaine déjà en miettes, bordel.
En même temps quand j'suis malade j'suis un petit peu susceptible, c'est sur.
Bref, ce soir, quand le batiment sera tout vide, alors que j'essaierai désepéremment de finir ma présentation pour demain matin face à une ènième tasse de lemsip menthe-citron [c'est à partir de combien l'overdose de paracétamol?], je crois que je vais enfiler mon costume de vandale débutant pour aller me dessiner une barbe et des lunettes de soleil au marqueur vert, finalement. J'aurai bien mis des chicots aussi, histoire de faire raccord avec les autres actes de vandalisme perpétrés contre notre hall of fame maison, mais je ne souris pas avec mes dents, une histoire de traumatisme du morceau de salade coincé entre les incisives. Ce qui finalement n'aurait pas été si pire, à bien y réfléchir.
Si tant est qu'on puisse "bien" réfléchir dans les vapeurs de paracétamol, certes.

mercredi 5 octobre 2005

Wednesday morning fever

Le nez qui coule, la tête vachement lourde, la gorge qui me rappelle qu'elle existe, je crois bien que je suis malade. Oh, pas suffisamment pour annuler le big lab meeting de vendredi, que je n'ai pas encore commencé à préparer, après tout, on ne change pas une équipe qui gagne hein, mais quand même je trainasse et me laisse envahir mollement par ce rhume à la con. Et évidemment c'est aujourd'hui que le photographe départemental doit venir immortaliser tous ceux qui ont réussi à échapper à leur sourire affiché sur le panneau près de la salle café, et j'aurai donc pour toujours le nez rouge, j'imagine. Tant que personne ne songe à m'ajouter des chicots et une moustache, attributs apparus il y a quelques semaines sur toutes les photos du "groupe qu'on aime détester" dans le batiment, parce qu'il faut bien un bouc-émissaire pour se sentir meilleur, je suppose que je peux m'estimer chanceuse. Mais bref, avec le ciel qui a disparu sous un gris laiteux et mon corps qui grelotte en transpirant dans le labo tout vide, il semblerait que l'humeur soit à la morosité. J'aurai pas du mettre mes pieds dans l'eau à la plage samedi dernier, finalement. Alors j'attends patiemment que l'effet synergétique du paracétamol et de l'ibuprofène dissipent les nuages au fond de mes lobes occulaires, en buvant de l'irn-bru, ma boisson caféinée préférée. Peut-être qu'un bon bol d'éthanol chaud aurait plus d'effet. Mais de bon matin, l'éthanol, je ne peux pas encore m'y résoudre. Eh, sérieusement, c'est quand la retraite, hein ?