mardi 30 août 2005

OGM mon amour...

"- You should talk with the environmentalists, they have interesting answers, and GM crops are addressing an important ethic question; dealing with it is part of your job.
- Sure, I agree, but my concern is...
- And really, GM leads to sterility, and nobody does anything about it, this is just nonsense, LIFE IS GOING TO DIE !
- Uh ?? Well, actually...
- So you need to talk to those people, to understand their concerns, and more than everything to stop being a narrow-minded scientist playing with the destiny of our planet !
- Uh ?! But wait a...
- You DO need to start a dialogue with them so that...
- WELL IF YOU'D STOP FOR A MINUTE AND LISTEN TO ME...
- IT'S NOT ABOUT LISTENING TO YOU, IT'S ABOUT HAVING A DIALOGUE !!!"

Je suis donc heureuse d'avoir appris grâce à ce gentil monsieur pas du tout imbu de sa personne que dialoguer n'impliquait pas écouter, moi qui avait toujours cru que sans oreille, la bouche parle dans le vide... idiote scientifique à l'esprit étroit que je suis. Je tacherai de me souvenir de cette leçon lorsque je croiserai un autre activiste pseudo-écologiste du samedi soir qui pense savoir mieux que personne ce qu'est une molécule d'ADN, donc.
Ah, et la prochaine fois, penser à prétendre que je suis serveuse ou camionneuse. Voire physicienne nucléaire. Parce que plant biologist, c'est mal apparemment, hein.

Un cheddar-qui-pue trempé dans une pinte de vin rouge.

Malgré les moments où il me semble que c'est chez moi finalement, ici, malgré les amis et les rires, malgré le gros arbre du jardin botanique qui nous protégeait vaguement de la pluie quand nous fumions en observant la ville mouillée dimanche dernier, malgré les ampoules aux pieds d'avoir trop dansé au son des violons, démontrant une fois de plus ma maîtrise parfaite du Strip the Willow et du Gay Gordons, malgré le sable qui sent bon et les vagues de St Andrews, malgré la voiture qui roule naturellement à gauche, le poisson que je n'imagine plus autrement que battered, les discussions sans fin sur l'avenir du Labour party, malgré tous ces britanniques qui réjouissent mon quotidien, malgré cette île que j'ai appris à aimer plus que n'importe quel morceau de montagne au monde... je réalise que définitivement je n'arriverai jamais à l'enfiler, ce maudit british duffle-coat, à m'épanouir complètement dans une double identité, à me fondre dans le paysage.
Samedi soir, alors que la salle entière était acquise à George Monbiot et son charisme radical, alors que Timothy Garton Ash nous expliquait qu'être britannique, c'était facile, si facile, tellement à la portée de tous, boire un peu de thé ou de bière selon les circonstances, s'intéresser au sport, se passionner pour la météo et posséder un parapluie... alors qu'il insistait sur la nécessité d'encourager les identités culturelles multiples, d'englober sans avaler l'origine de chacun, tout en continuant à offrir la possiblité d'enfiler le fameux duffle-coat, bien moins exigeant ou étroit qu'un morceau de tartan régional, je me disais qu'il n'y avait vraiment qu'un anglais sorti d'Oxford pour vraiment y croire, à ces conneries.
Se retrouver face à un cercle d'ami aux yeux ronds, incapables de comprendre l'intérêt de mes références culturelles, aussi savantes soient-elle, passer une soirée à bailler au récit passionné des épisodes du Dr Who ou d'un quelconque autre programme mythique de la BBC, percevoir tout autour de soi cet air indigné accompagné du traditionnel "Eve, how can you not know this one, it's a classic ! Well, anyway guys, as i was saying...", précédant une longue discussion de laquelle je suis systématiquement exclue, ce sont des expériences dont on ne peut surement pas ressentir le pouvoir destructeur si on ne les a pas vécues soi-même jour après jour, certes.
Il n'empêche, se faire expliquer à quel point c'est "si facile d'être comme moi, la preuve j'y arrive", là, un samedi soir, sans prévenir, alors qu'on était juste venu écouter l'avis de 2 penseurs contemporains sur l'état du monde, c'est plus qu'insultant, après 3 ans à m'accrocher, à m'intéresser, à m'intégrer, à rêver en anglais, à penser en anglais, à les aimer, et à ne réussir finalement qu'à rester une étrangère en sol indifférent et inconscient de sa difficulté d'accès.
Et j'en arrive à penser qu'il me faudrait une autre tactique, qu'à essayer d'être un caméléon je m'épuise inutilement, et que je devrais me promener dans les rues de mon île avec une baguette sous le bras et un béret sur la tête, puisque c'est finalement la seule chose qui restera, à jamais. But no string of onions mates, let me be a wee bit revolutionary...

mercredi 24 août 2005

Avant l'heure...

C'est quand même épatant. D'ordinaire je n'ai jamais assez de 24 heures dans une journée, je cours dans tous les sens jusqu'à l'apparition des étoiles, les heures filent, trop vite, bien trop vite.
Et voilà qu'aujourd'hui le temps retend son élastique, bordel. Impossible de commencer telle ou telle expérience de toute façon, alors j'attends l'heure d'aller à l'aéroport, en tournant en rond, en commençant un machin tout en pensant à un autre sans finalement réussir à faire quoique ce soit, et cette horloge qui n'avance pas, mais enfin qui a bien pu mettre le film au ralenti ?..
Et alors qu'il ne reste plus qu'une heure à creuser des tranchées autour de ma paillasse, un message en provenance de Bristol me donne le coup de grace: avion retardé de 2 heures.
Y aurait-il un complot interplanétaire destiné à me rendre complètement folle ? Encore un coup des Visiteurs, ou du gouvernement, ou même de He Who Must Not Be Named ?.. Aurais-je finalement le temps de finir Harry Potter avant l'arrivée d'Helen ?

mardi 23 août 2005

Stuck in the middle...

Il y a du vent, des gouttes sur les vitres, de la musique dans le labo, des colonies sur mes boites, les souvenirs du mauvais vin italien et de nos rires aux larmes hier soir, un autre film qui m'attend ce soir, un message de Betty sur mon portable, les vacances qui commencent dans 24 heures, Helen qui arrive à 17h25 demain, 5 jours à profiter du festival, de l'Ecosse, des clopes sur le balcon, des fous-rires, des discussions interminables.
Il y a cette grosse manip gachée, cette impression que rien ne marchera jamais, Fiona qui fait un peu la gueule, injustement, l'alarme des chambres de culture qui refuse de s'éteindre, le technicien injoignable, chef qui en demande toujours plus, alors qu'elle prend 3 semaines de vacances, elle, et le sentiment que quoique je fasse et quoique je sacrifie sur l'autel de la science, ça ne suffira jamais.
Et il y a moi au milieu, qui ne sait plus s'il faut pleurer ou rire.

lundi 22 août 2005

Le possible est juste un petit peu après l'impossible.

La thérorie des montagnes russes se vérifie tellement bien ces jours-ci que s'en est ridicule.
Des larmes de rire devant le Monty Python's flying circus (on stage AND in french!!!) aux larmes de rage face à ma paillasse, j'aimerai bien retrouver un tout petit peu plus de platitude. Ou de stabilité. Bref, il me suffirait juste de quelques colonies demain matin, voire d'une bonne bière ce soir pour avoir l'impression de vivre une vie normale, tranquille, comme les autres.
Allez, c'est possible siouplé ?

samedi 20 août 2005

Le jeu de la vérité...

C'est bien connu, je suis ronchon. Surtout le matin. Surtout si j'ai réussi à me lever tot, qu'il fait un temps magnifique, et que je m'apprête à aller m'enfermer pour quelques heures en chambre noire.
En même temps y'a pas mort d'homme, oui je sais bien.
Pas même vraiment de quoi ronchonner, mais j'ai décidé que dans la famille '7 nains', je ne voulais plus être Atchoum, mais plutot Grincheux.
Bref, dans cette atmosphère joyeusement po-si-tive, ma miss lulu préférée veut me faire jouer, alors je joue, je joue. Ma nouvelle règle du jeu étant que mon interview ne sera pas relayée vers d'autres, parce que je suis une rabat-joie ce matin.

- Alors, kiara, levée du pied gauche ce matin ?
- Ouais, oh ça va hein.
- Euh, et tu vas faire la gueule toute la journée comme ça ?
- Mais non, mais non. Tiens j'arrête, là, ça te va comme ça ?
- Bon, et dis-moi, que viens-tu faire au labo de si bon matin ?
- Ca, là:

- Tu veux dire que tu viens chercher un billet de £20 de la bank of Scotland ?
- Mais non, je viens bosser, mais il me fallait une image pour répondre à la 3ème question, et j'ai justement photographié ce billet ce matin, parce que c'est mon préféré, ce billet, parce que c'est un peu moi, la chercheuse en Ecosse... bref c'était juste une représentation allégorique de ma matinée, c'est tout... d'autant que je ne suis pas chimiste et que je n'ai pas de lunettes de protection, mais une lampe frontale verte sur le crane à la place...
- Ah d'accord, merci pour l'explication. Mais tu sais, c'est quand même tout à fait typique, ce genre de malentendu: tu as souvent tendance à t'exprimer par des images ou des sous-entendus qui ne sont pas compréhensibles pour tes lecteurs...
- Et ?
- Et... et bien... peut-être pourrais-tu expliquer pourquoi tu ne prends pas plus de considération pour les questions que pourraient se poser tes éventuels lecteurs ?
- Non.
- Uh ? Euh. Soit. Bien. Hm, dis-moi, ça ne va pas être simple d'atteindre la 10ème question avec ton manque de bonne volonté là quand même.
- Oui, oh, mon manque de bonne volonté, mon manque de bonne volonté, c'est vite dit. Je te signale que je te réponds quand même, alors que nous avons dépassé la 5ème question, et je n'avais pas signé pour plus de 5 au départ.
- C'est vrai, et je t'en remercie. Mais dis-moi, puisque tu as mis tes boites en chambre noire il y a presque une heure, ne serait-il pas temps que tu descendes leur donner des pulses de lumière rouge au lieu d'écrire des conneries sur un blog ? Elles doivent être à température ambiante à présent tu sais ! Vraiment kiara, il me semble que tu n'as pas tout à fait le sens de priorités parfois...
- Oups, merde, bon j'y cours. Merci d'être passé me voir, et mes amitiés à miss lulu alors hein...

Et telle une araignée à la recherche d'un coin sombre, kiara et sa lampe frontale se dirigèrent courageusement vers la chambre noire pour y passer quelques heures à stimuler la germination de quelques milliers de graines.
Au même moment, au dessus d'Edimbourg, le soleil trone majestueusement dans un ciel d'un bleu pur.

vendredi 19 août 2005

Rire d'un miroir, c'est rire de tout...

C'est fou comme la confiance en soi c'est fragile.
Si vite brisée, si lentement recollée, pour toujours fissurée.
Une remarque anodine, ou pas d'ailleurs, un regard de travers, et tout fout l'camp, et le sol s'échappe là sous mes pieds, et je ne sait plus trop pourquoi, ni comment, ni à quoi bon d'ailleurs.
Et l'impression que c'est pas juste, qu'il devrait y avoir écrit "FRAGILE" en gras sur mon front, qu'il faudrait prévenir ces autres qui se croient droles en maniant l'ironie et le sarcasme comme si c'était de l'humour, parce que vraiment ca ne m'a pas fait rire, hein, pas du tout. Et que je ne veux même pas imaginer que c'était fait dans l'intention de me faire de la peine.
Ce serait pire.
Mais bon, c'est con d'être toujours fissurée, en même temps.
Et c'est encore plus con de se laisser briser si facilement.

jeudi 18 août 2005

Roots.

Tiens, il pleut.
J'ai recu une carte de ma grand-mère, pour ma fête. Pleine de fleurs, et avec un arrosoir bleu en haut à droite. C'est joli.
La grand-mère de Fiona a été transportée d'urgence à l'hopital cette nuit, pneumonie. A midi elle allait mieux, mais Grandpa va rester chez nous ce soir pour pouvoir retourner voir sa femme à l'hopital demain.
Dans 3 semaines, ils célebrent leurs noces de diamant. Dimanche dernier, Granny disait qu'elle ne voulait pas de cadeau pour l'occasion. Ou alors des diamants. Mais rien d'autre ! Pendant le lunch, Grandpa m'a invité à la fête. "You're part of the familly now Eve !"
En rentrant de North Berwick dimanche dernier, Fiona regrettait de ne pas faire "plus" pour ses grands-parents. Culpabilisait de ne pas aller les voir plus souvent. Alors qu'elle passe une journée avec eux tous les 15 jours, et parfois plus. Alors qu'elle leur téléphone presque chaque jour. Alors qu'elle les a constamment à l'esprit.
J'ai reçu une carte de ma grand-mère, pour ma fête. Avec des fleurs et un arrosoir, parce que je fais du jardinage toute la journée, et Mamy s'en souvient. Avec un billet de 50 euros aussi. Et un gentil mot.
J'ai marqué sur un post-it "Envoyer carte à Mamy Janette", pour la remercier. J'ai collé le post-it sur le coin de mon écran. Je ne l'appelle jamais, et je ne la vois pas vraiment plus. Et souvent j'oublie de faire ce qui est écrit sur mes post-its.
Je me demande s'il pleut sur Montreuil.

mercredi 17 août 2005

Le compte est bon.


Et si les dark control germent, je me jette par la fenêtre. (Ce qui me remettra peut-être le dos en place, ceci-dit...)

Encore un matin...

Le réveil sonne. Il est 6 heures.
Mes 3 pintes de la veille se rappellent à ma mémoire, ainsi que la grosse journée qui m'attend. Ca mérite bien un petit répis sous la couette.
Le réveil sonne, il est 6h09.
J'ai dit que si j'arrivais au labo à 7h je devrai m'en sortir, pas la peine de se lever immédiatement... bon, j'ai le temps d'un dernier répis sous la couette.
Le réveil sonne, il est 6h18.
Merde j'ai du oublier de fermer la fenetre hier soir, il fait vachement froid. Je ferai mieux de me réchauffer sous la couette sinon je vais attrapper un rhume, et en plein mois d'aout, ca s'rait con quand même.
Le réveil sonne, il est 6h27.
Planifier la journée. Commencer par refaire du milieu, stériliser et mettre à sécher les graines sous la hotte pendant que je re-coupe de l'alu, ne pas oublier de vérifier la digestion et de faire un phénol-chloroforme dans la foulée, essayer d'avoir fini de tout aliquoter avant 11h, commencer à semer avant midi. Oh j'ai pas envie... si je commençais par mettre la tete sous l'oreiller ?
Le réveil sonne, il est 6h36.
Ah oui je dois aller porter le recycling à Sainsburry's aussi, Fiona a mis les poubelles devant l'entrée hier soir, ça doit être un signe. Il me faut donc 15 minutes en plus avant d'arriver au labo. Je devrais prendre la voiture et partir de la maison à 6h45.
Au fait il est quel heure ?
Il est 6h40, et une furie hurlante vient de faire irruption dans la douche, au son de "merde, merde, merde, mais c'est pas vrai meeeeerde".
Ca y est, la journée peut commencer.

mardi 16 août 2005

Le lièvre ou la tortue ?

Il y a des jours où tout est lent, où rien ne presse, où je n'ai pas grand chose d'urgent à faire et des heures devant moi.
Et puis il y a des jours où je décide de cloner la terre entière tout en coulant 189 boites et en découpant 567 morceaux d'aluminium, alors que plus de 15000 graines attendent d'être aliquotées par paquet de 50, et que dans quelques jours, elles ne seront plus assez dormantes, ces connes de graines. Forcément ces jours là une ame charitable a décidé de me trainer en ville pour que je profite enfin de ce festival qui attire les touristes de la terre entière dans la capitale écossaise chaque été.
Non mais vraiment, j'le fais exprès ou bien ???

lundi 15 août 2005

P'tite conne.

Depuis 10 jours, SW avait disparu.
"Emergency holidays" avait-elle dit à Dan un jours sur le coup des 16h, et elle était partie en courant.
Plusieurs fois, des coups de fils étranges de gens qui cherchaient à la contacter, et puis ses amis de Bristol qui décident de la signaler manquante auprès de la police, et nous voilà comme des cons avec de l'inquiétude pour cette fille qu'on déteste, parce qu'on est bêtement des êtres humains, malgré tout. Chef avait fini par se persuader qu'elle ne reviendrait plus, qu'elle était partie à jamais, peut-être à cause d'un problème familial, et puis quel intérêt de s'accrocher au labo uniquement pour écrire un rapport de 1ère année qui doit officialiser son renvoi, autant partir. Enfin une décision intelligente, malgré l'étrangeté des évènements.
Il est 18h30 et je mesure encore des hypocotyles, parce que j'aime certainement ça. Tout à coup, un carton tombe de l'autre coté du labo. Je tourne la tête. Là, tranquillement entrain de ranger sa paillasse laissée sans dessus-dessous lors de son départ précipité, il y a SW.
Je m'approche, un peu incrédule, pour vérifier qu'elle va bien, et je fini par lui expliquer qu'on la croyait disparue.
"I have a private life, this is none of your business !"
Fair enough, je lui demande juste si elle va bien, c'est tout ce qui m'interesse...
"I've said to Dan that i was going, i'm allowed to have holidays"
Oui, oui, biensur, mais tu aurais juste du prévenir chef avant ton départ histoire qu'on ne se pose pas de questions inutiles...
"She's not paying me, i don't have to tell her anything, and this is not your business".
Et voilà que je me retrouve ébahie, déçue, en colère et les bras balants face à cette insupportable fille que je n'arriverai jamais à comprendre et qui ne mérite définitivement que des baffes.
Roh merde, finalement, j'la préferais disparue hein...

8 days a week...

Je viens de me souvenir pourquoi je ne prends jamais de vacances, et pourquoi j'évite de planifier mes week-ends.
Parce que ça tombe toujours MAL. Toujours.
Comme cette putain de conf il y a 2 ans, pour laquelle j'ai du remplacer chef alors enceinte de 8 mois et donc abandonner la semaine de vacances promise à mon chéri de l'époque, aussitôt décidé à devenir mon ex, ne supportant plus de ne pas faire le poids face au labo. La relation était certes déjà bien défaillante, mais quand même.
Comme cette putain de flowering experiment qui s'est mise à fleurir un 24 décembre alors que j'espérais passer un WE de Noël enfermée à bouder en jouant avec les chats, et non on ne met pas 3 mois d'attente à la poubelle, même si Boxing day au labo c'est plutôt lugubre.
Ne RIEN planifier et être ENTIEREMENT disponible à mon seul maitre, le labo, je devrais pourtant avoir retenu la leçon à présent.
C'pas grave, la semaine prochaine, Helen va adorer visiter mon labo et semer des graines plutot que de profiter du festival, j'suis sure...

vendredi 12 août 2005

Cartolina di Natale !


Un p'tit bout d'Italie est arrivé sur mon bureau hier.
Un p'tit bout qui a une bonne odeur de citron et qui me fait saliver.
Un p'tit bout bien emballé dans du bubble-wrap, avec une jolie carte qui va aller décorer mon bureau tout près de sa soeur américaine.
Un p'tit bout qui m'a fait une ENORME surprise, parce qu'un peu d'Italie sous mes nuages gris, c'est un peu comme un sourire au milieu d'un gros chagrin, parce que déchirer des emballages en plein mois d'aout, c'est un peu comme si l'automne était enfin là, et ça fait un bien incroyable.
Merci ! Merci ! Grazie mile Jojo, c'est vraiment trop gentil, ça tombe exactement au bon moment, et puis bonne "rentrée des classes" à toi aussi ! Uhuh :) Sur ce je cours aller me préparer des pâtes aux tomates... hmmmmmm... Les cadeaux culinaires, quelle idée épatante !

mercredi 10 août 2005

Fatiguée d'être fatiguée...

La fatigue m'est tombée sur le coin de la gueule hier soir à 20h13 très précises alors que je mesurais encore des putains d'hypocotyles, en me demandant comment diable avais-je pu en arriver là, après tant d'années d'études.
Parce que, même si le "Mon métier ? Ben, j'suis chercheuse", ça fait toujours bien dans les diners mondains auxquels je ne participe de toute façon pas, au quotidien, c'est quand meme pas aussi cérébral ni excitant qu'on ne se l'imagine.
Enfin bref, toujours est-il que la fatigue m'est tombée dessus hier soir, qu'après une courte nuit de mauvais sommeil elle ne m'a pas quitté, fidèle complice de mes journées pourries, et qu'être fatiguée ça aide pas tout à fait à affronter les petites contrariétés de la vie.
Surtout quand les données vont dans le mauvais sens, que les controles refusent de germer, que les réunions s'étalent pour ne rien dire et que je n'ai qu'une seule envie, c'est d'avoir des envies, au lieu d'être léthargique et sans énergie.
Mais le premier qui me dit de manger équilibré et de dormir plus je lui casse les dents, n'empêche.

lundi 8 août 2005

Pas de bouée de sauvetage en vue.

Je mange, je mange, je mange, je mange.
La réponse à tous mes malheurs semble se trouver dans le frigo.
Et biensur plus je mange, plus j'ai honte de manger, plus je me sens ridicule, et plus je mange.
Une partie de mes malheurs se trouve effectivement dans le frigo.
Le chagrin se console en mangeant, la joie se célebre en mangeant, l'angoisse se calme en mangeant, l'ennui s'occupe en mangeant, la réponse à toutes mes émotions consiste à enfourner des trucs dans ma bouche.
Un peu comme Annelie, qui passe ses journées à essayer de bouffer tout ce qui lui passe par les mains. Sauf que je n'ai plus 8 mois.
Et s'il reste encore un truc dans le frigo, il faut le manger. Aussitot acheté, aussitot avalé, rien n'arrivera jamais à passer une nuit entière à la maison sans finir dans mon estomac.
Et s'il ne reste plus rien, si j'ai tout englouti, je continue à ouvrir la porte de ma caverne d'Ali Baba dépouillée, en priant de toutes mes forces pour que la génération spontanée existe.
Mais malheureusement si rien ne se créé, rien ne se perd, et mon corps continue sa transformation en bibendum Michelin.
Tranquillement. Mais surement.
Pneu par pneu, bouée par bouée.
Tiens, j'ai faim.

Rencontre du 3ème type.

vendredi 5 août 2005

Le jour le plus long...

Saturday's 'to do' list:
. Arrive at boss' house at 10.00 am. Wave bye-bye to boss + her husband on their way to decorate their new house.
. Play with the kids during the morning.
. Make them eat their lunch.
. Go to the zoo / bird centre / deep sea world / animal farmhouse (choose where to go first !)
. Drive slow enough so that they sleep in the car for at least 45 min.
. Say hello to the 'fishies', 'birdies' or whatever animals we'll find there.
. Try not to loose Eben. Annelie should stay in the pushchair anyway, she CAN'T walk. Try not to loose the pushchair.
. Drive back home, plan to arrive by 6.00 pm.
. Pray for the parents to have finished painting the new house and be back home.
. If not, make the kids eat their dinner + bath time + bed time.
DON'T FORGET TO CHANGE NAPPIES FROM TIME TO TIME !!
Sometimes i wonder why my boss thinks i could be a good baby-sitter. But since i don't get why she thinks i'm a good postdoc, i guess it doesn't really matter...

Sunday's 'to do' list:
RECOVER IN BED...

jeudi 4 août 2005

De vous à elle en passant par moi...

D'abord, planter le décor. Dehors, il fait nuit, depuis un bon moment. Minuit 55, c'est une bonne raison. kiara est devant son ordinateur, toute occupée à réserver des places de cinéma pour le Edinburgh film festival, et d'ailleurs merde 36 quai des Orfèvres c'est sold out, zut, flute, crotte, chier.
Bref, encore une travailleuse acharnée qui se tue à sa paillasse au lieu de dormir.
Evidemment, Balavoine continue à chanter, et il faut bien reconnaitre que c'est un peu le thème de ces derniers jours, la vie ne m'apprend rien.
Bref.
Mais impossible d'hurler en coeur avec la mélodie, puisque la lumière du bureau, là-bas au fond, n'est toujours pas éteinte.
SW est toujours là, à brasser du vent.
A minuit 55, oui, oui.
Elle ne me laisse aucun répit.
Soudainement, une apparition dans mon champ de vision, à 3 heures. Ne pas tourner la tête vers la droite, continuer à garder un air intelligent face à mon écran.
SW me parle.
"You're not going home ?"
Ce à quoi je ne sais pas vraiment quoi répondre.
Je pourrais dire "What about you ?", mais je risquerais de déraper vers un autre home, plus loin là-bas, en Asie.
Je pourrais dire "Errr... no", mais je trouve cette réponse ridicule, puisque si, biensur, je vais bien aller me coucher à un moment donné, cette nuit.
Je pourrais dire "Er... yes, soon !", mais en même temps de quoi j'me mêle exactement hein ?
D'ailleurs je ne sais plus ce que j'ai répondu.
Sans décoller mes yeux de l'écran.
Alors elle est repartie.
Avec son blouson et son sac.
Miracle. I'm a believer.
Ca y est, je peux hurler.
Je n'peux pas, je n'sais pas, et je reste plantée là....

mercredi 3 août 2005

Ces petits riens...

Quand je me suis réveillée ce matin à l'aube, mon plan sans accroc avait pris un sale coup dans l'aile.
Le sac en plastique était toujours fermé à double noeud sur son précieux contenu [le lab-book tout en bordel], il me restait encore 2 chapitres à lire, et Eugene [prononcez Hyudgine, si si, promis, c'est pas des conneries] ronflait dans la boite à images.
Bordel, encore endormie sur le canapé devant Big Brother.
Big Brother, c'est un peu mon masochisme à moi. M'ennuyer en écoutant des gens ininteressants voire énervants parler de trucs incompréhensibles voire pénibles. Une vraie drogue. Impossible de m'en passer. La preuve, je dors même avec eux. Heureusement, ils sortent dans 2 semaines.
Bref, un mauvais réveil.
En même temps à 5h30, on peut s'accorder à dire qu'il reste un espoir d'avoir quelques heures confortables dans un bon lit douillet avant de commencer la journée.
2h, levée à 7h30, je torche mon lab-book, et hop au labo.
Soit.
Quand je me suis réveillée ce matin, pas vraiment à l'aube, puisque mon réveil sonnait à intervalles réguliers [toutes les 9 minutes exactement] depuis déjà 2 heures, je me suis dit que définitivement, mon plan B avait pris un sale coup dans l'aile.
Le sac en plastique toujours fermé à double tour sur son précieux contenu quelquepart dans le salon, toujours 2 chapitres à finir dans ce livre pas passionant mais quand même, j'avais vraiment du mal à arrêter de ronfler malgré la couette affalée sur le sol, près de la pile d'ordinateurs portables. [parce que oui, je n'ai pas internet à la maison mais quand même 2 ordinateurs portables, qui ne me servent à rien, m'enfin ça fait une chouette déco, en pile, sur la moquette]
Bref, se lever, trouver les lunettes, et à contre-coeur mettre un pied devant l'autre. Et entre la vaisselle flottant dans l'eau sale de l'évier de la cuisine, les miettes sur le canapé, les vêtements partout, merde il est vraiment 9h30?, la poubelle qui déborde et Balavoine qui braillait que l'amour est triste, il m'a semblé que la journée s'annonçait plutot mauvaise.
Bon, en même temps je suis du genre pessimiste, hein, je sais bien.
Je dois apprendre à po-si-ti-ver. Oui, oui, oui.
Mais quand même.
Des fois, y'a des signes qui trompent pas.
Enfin il me semblait.
Mais à mon grand étonement et sentant la crise d'angoisse se ramener au grand galop, les larmes, qui d'habitude n'hésitent pas à me réveiller tout à fait, se sont tout à coup transformées en réflexe de survie.
Etre organisée pour survivre, ma seule bouée.
(1) Envoyer un message au labo pour prévenir que je ne viens pas ce matin.
(2) Finir mes 2 chapitres.
(3) Ranger ma chambre. Complètement. Totalement. Même derrière le lit. Même le tiroir à culottes. Même que j'ai enfin retrouvé la télécommande de la chaine stéréo, perdue il y a un peu plus d'1 mois. [sous mon oreiller, apparemment.]
(4) Ranger le reste de la maison. Passer l'aspirateur. Vider les poubelles. Toutes. Même celle du compost ? Non, d'accord, pas celle du compost. En même temps c'est un peu dégueu la poubelle à compost hein.
(5) Prendre une douche de 40 minutes, comme il se doit, et s'habiller sans jeter un seul coup d'oeil au miroir.
(6) Faire chauffer un machin pour remplacer la cafét de midi, puisque je suis à la maison.
(7) Manger une veggie cottage pie en feuilletant les programmes des festivals d'aout. En prenant des notes. Parce que cette année, mon mois d'aout sera festif, comme il se doit dans la capitale écossaise, finie la malédiction d'aout-tout-pourri.
(8) Boire un café en enfonçant le contenu du sac plastique dans mon sac d'école, retrouvé entre le bureau et le lit lors du rangement sus-mentionné [le sac d'école, pas le sac en plastique, qui lui est resté sagement sur la table du salon pendant toute la nuit sans qu'aucune attaque du travailleur acharné ne vienne déflorer sa virginité de sac bien fermé].
(9) Arriver au labo ET avec le sourire à 14h TAPPANTES.
(10) Se féliciter d'avoir survécu à cette journée malgré le lab-book toujours à la bourre, les cry1 qui refusent de germer, SW qui continue à semer des trucs (?), la pénurie de ready salted Walkers dans la machine à chips, les 6400 mots que je dois définitivement écrire pour fin septembre, et le ras-le-bol général que je combats de toutes mes forces en attendant qu'il me rappelle, ce putain de staff counsellor qui est en vacances jusqu'au 8 aout, bordel.
Quand je me réveillerai demain matin, mon tiroir à culottes sera rangé et ma chambre sentira bon la bougie à la cannelle, ce qui me mettra surement de très bonne humeur.
Mais méfiance.
Je sais à présent que les signes-qui-ne-trompent-pas sont finalement parfois trompeurs.

mardi 2 août 2005

Toute seule à une table...

Y'a des jours comme ça où finalement il vaudrait mieux ne croiser personne. Rester dans son monde, ne pas avoir à se forcer à parler, à marcher, à travailler.
Des jours où on aimerait bien passer la journée entière avachie sur l'un des fauteuils de la cafet, là-haut au 7ème étage, et y lire un bon bouquin en buvant des cappuccinos. Un peu comme à midi, quand j'ai refusé d'aller partager mon lunch avec le reste du labo, histoire de revendiquer mon asociabilité. Mais en plus long. Pas juste une petite heure volée à cette journée de merde.
Du coup et puisqu'à 18 heures passées il n'est toujours pas possible d'être enfin seule, mon champ de vision étant obscurci par un visage taiwanais que je n'affectionne pas particulèrement, et encore moins en ces heures énervées par la colère, j'ai enfourné dans un sac en plastique le cahier de labo et les résultats des 2 derniers mois qui n'y sont toujours pas retranscrits, et j'arrive à me mentir à moi-même en me promettant que je vais étaler tout ce bordel sur la table du salon et que je vais y mettre de l'ordre. Devant un bol de Jelly à l'irn-bru, parce que je le vaux bien.
Et comme Fiona est en vacances, me voici avec une quinzaine d'heures de solitude devant moi.
J'pense qu'il ne m'en faut pas plus pour finir mon bouquin, hein.

lundi 1 août 2005

Colchiques dans les prés...

Rien ne va plus, c'est le mois d'août, et je HAIS le mois d'août.
En août il y a des touristes partout, des parasols sur les plages, des gamins qui braillent, du soleil qui étouffe, des incendies sur les collines alentours, pas d'école, pas de pain avec 4 carrés de chocolat à 16h30, pas de chemin de l'école avec les mamans des copines, et il fait trop chaud sur le bitume de Marseille.
En août il faut partir à l'ile d'Oléron voir Mamie, avec papa qui gueule sans arrêt pour un rien et le cousin Pierrot qui rigole de nous voir pleurer, en disant "encore tonton Michel, encore !".
En août on s'emmerde, la patinoire est fermée, on passe nos journées devant la télé, et on ne sait plus quoi raconter à papa quand il rentre le soir pour lui faire croire qu'on est des ados intelligents, même si c'est vrai, le croissant aux amandes et les pistaches de chez l'arabe du coin quand on rentre de la piscine tous les matins, c'est vachement bien.
En août il y a le 15, les fleurs au p'tit déj, papa qui est là toute la journée, et qui gueule encore plus que pendant un WE normal...
En août, le dernier versement de bourse a 2 mois, il fait faim, payer le loyer de la chambre U fait peur, et d'ailleurs il faut déménager, tout transporter, dans un sens puis dans l'autre, puisqu'en août le pavillon Suisse ferme, et puis c'est bien connu, en août il faut "rentrer", mais quand on a nulle part où rentrer, août ça fait juste peur, et il fait chaud, bien trop chaud, dans 9m2 plein sud à Grenoble.
En août il faut se lever avant 5 heures du matin, avaler ses 2 guronsans, et trier des pêches à longueur de journée, en espérant ne pas se faire engueuler par le chef de ligne alors qu'on s'étire pour soulager le dos meurtris, se laver les mains frénétiquement pour se débarasser de ce contact duveteux qui donne des cauchemards, supporter beau-papa qui se permet des remarques désobligeantes, s'intégrer à une vie qui donne envie d'hurler tellement on n'en veut pas, être prisionnière de son incapacité à trouver des solutions alternatives au confort relatif du train-train même plus amoureux.
En août les fleurs sont fanées, grillées, la pelouze alpine est jaune, les feuilles sont déjà mortes sur les arbres, et les parisiens à lunettes de soleil envahissent ma Chartreuse.
En août, le labo se vide, même celui du Lautaret, l'excitation et l'effervescence de juillet sont finies, travailler c'est pêcher, et expliquer sa peau laiteuse par des heures passées entre l'oxygraphe et la rédaction ça fout la honte, parce que le départ en Angleterre se rapproche, et voir tous les copains rentrer bronzés d'un WE à Huez ou à Briançon, ça fait méchamment grincer des dents.
En août il faut partir en vacances ou aller au pub dès 3 heures de l'après-midi, sinon on est une sale geek névrosée, parce qu'il faut profiter du soleil, parce qu'il faut avoir envie de montrer ses bourrelets de graisse dans le pub garden du coin, parce que prendre ses vacances en septembre c'est suspect de tout façon.
Vraiment, décidément et définitivement, je hais le mois d'août.
Alors en août, j'attends l'automne.