lundi 1 août 2005

Colchiques dans les prés...

Rien ne va plus, c'est le mois d'août, et je HAIS le mois d'août.
En août il y a des touristes partout, des parasols sur les plages, des gamins qui braillent, du soleil qui étouffe, des incendies sur les collines alentours, pas d'école, pas de pain avec 4 carrés de chocolat à 16h30, pas de chemin de l'école avec les mamans des copines, et il fait trop chaud sur le bitume de Marseille.
En août il faut partir à l'ile d'Oléron voir Mamie, avec papa qui gueule sans arrêt pour un rien et le cousin Pierrot qui rigole de nous voir pleurer, en disant "encore tonton Michel, encore !".
En août on s'emmerde, la patinoire est fermée, on passe nos journées devant la télé, et on ne sait plus quoi raconter à papa quand il rentre le soir pour lui faire croire qu'on est des ados intelligents, même si c'est vrai, le croissant aux amandes et les pistaches de chez l'arabe du coin quand on rentre de la piscine tous les matins, c'est vachement bien.
En août il y a le 15, les fleurs au p'tit déj, papa qui est là toute la journée, et qui gueule encore plus que pendant un WE normal...
En août, le dernier versement de bourse a 2 mois, il fait faim, payer le loyer de la chambre U fait peur, et d'ailleurs il faut déménager, tout transporter, dans un sens puis dans l'autre, puisqu'en août le pavillon Suisse ferme, et puis c'est bien connu, en août il faut "rentrer", mais quand on a nulle part où rentrer, août ça fait juste peur, et il fait chaud, bien trop chaud, dans 9m2 plein sud à Grenoble.
En août il faut se lever avant 5 heures du matin, avaler ses 2 guronsans, et trier des pêches à longueur de journée, en espérant ne pas se faire engueuler par le chef de ligne alors qu'on s'étire pour soulager le dos meurtris, se laver les mains frénétiquement pour se débarasser de ce contact duveteux qui donne des cauchemards, supporter beau-papa qui se permet des remarques désobligeantes, s'intégrer à une vie qui donne envie d'hurler tellement on n'en veut pas, être prisionnière de son incapacité à trouver des solutions alternatives au confort relatif du train-train même plus amoureux.
En août les fleurs sont fanées, grillées, la pelouze alpine est jaune, les feuilles sont déjà mortes sur les arbres, et les parisiens à lunettes de soleil envahissent ma Chartreuse.
En août, le labo se vide, même celui du Lautaret, l'excitation et l'effervescence de juillet sont finies, travailler c'est pêcher, et expliquer sa peau laiteuse par des heures passées entre l'oxygraphe et la rédaction ça fout la honte, parce que le départ en Angleterre se rapproche, et voir tous les copains rentrer bronzés d'un WE à Huez ou à Briançon, ça fait méchamment grincer des dents.
En août il faut partir en vacances ou aller au pub dès 3 heures de l'après-midi, sinon on est une sale geek névrosée, parce qu'il faut profiter du soleil, parce qu'il faut avoir envie de montrer ses bourrelets de graisse dans le pub garden du coin, parce que prendre ses vacances en septembre c'est suspect de tout façon.
Vraiment, décidément et définitivement, je hais le mois d'août.
Alors en août, j'attends l'automne.

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