GrandPa, 86 ans, veuf depuis quelques semaines, et heureux d'avoir ma compagnie en ce dimanche après-midi.
GrandPa qui a tout vécu, la pauvreté des années 20 dans la banlieue glaswégienne, les prisons allemandes entre 1940 et 1945, des dizaines d'années d'expatriation dans les tropiques en tant qu'expert forrestier, les 17 ans de souffrance de sa femme.
GrandPa qui me présente avec fierté au golf-club où il vient prendre son lunch chaque jour. "Is this your grand-daughter ?". "No, she's my grand-daughter's flatmate... she comes from France you know and she's a doctor in Science !!"
GrandPa avec qui je rigole affalée dans un fauteuil, une tasse de thé à la main, mes baskets un peu sales à coté de ses pantoufles, sur son cale-pieds.
GrandPa qui n'a jamais entendu parler de ce groupe de rock qui passe à la télé, qui me montre la cornemuse qu'il a fabriqué à l'époque, quand ses yeux ne le trahissaient pas, qui me laisse la meilleure place contre la fenêtre, pour que je puisse admirer la lumière sur la plage de North Berwick.
GrandPa qui me serre dans ses bras quand je repars prendre le train pour rentrer à la maison, me faisant promettre de revenir le voir bientot.
Alors que répondre à GrandPa, quand il me dit, sur de lui et fort de ses 86 ans d'expérience, que si, la violence peut être dans les gènes, regarde le peuple allemand, ils sont tous fous et violents là-bas. Comment lui dire, à GrandPa, qu'avec ce genre de raisonnement, il est tout proche de l'Hitler qu'il a combattu ? Je n'ai pas vu mes 40 compagnons prisonniers de guerre se faire fusiller devant mes yeux en 1944, moi, je n'ai rien à dire, rien à débattre. Alors je me tais lachement et je vais tristement préparer un autre café en lui racontant les dernier potins du labo, parce que malgré tout je l'aime beaucoup, GrandPa...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire