mardi 6 décembre 2005

Super size me.

J'ai pas faim.
Putain bordel de merde j'ai toujours pas faim.
Non, parce qu'hier soir, dans une discussion intense et entre 4 yeux avec ma psy chérie, j'ai promis pris la résolution de ne plus manger sans avoir faim, puisqu'il fallait bien se décider à agir, au lieu de continuer à sombrer.
Alors j'attends d'avoir faim.
Et puis ça vient pas, j'ai pas faim.
Oh l'envie de manger me torture depuis quelques heures déjà. Quelques heures pendant lesquelles il m'a été impossible de continuer à écrire, alors que je dois rendre ma copie au plus tard demain à 15h avant de sauter dans un taxi pour l'aéroport, parce que demain mes vacances de Noël commencent, comme du 7 au 12 décembre, cette année, c'est mon Noël à moi.
Toujours est-il que chef veut notre book chapter enfin bouclé avant mon départ pour Paris, et qu'au lieu de me dépêcher de finir de raconter le gibberellic acid, j'attends d'avoir faim.
Mais non, j'ai pas faim.
J'ai pas faim du tout, du tout, du tout.
J'ai pourtant exactement 90 pences dans mon porte-monnaie. 2 paquets de chips, donc. Smoked bacon et Worcester sauce. J'imagine la cafét plongée dans l'obscurité, la lumière projetée par la vending machine, les fauteuils vides qui m'attendent, le goût métallique du paquet qu'il faut déchirer avec les dents, le bruit craquant et les premières saveurs salées qui atteignent ma langue.
Mais non, j'ai pas le droit, j'ai pas faim.
Manger sans avoir faim c'est le mal, la dégénération ultime, ma façon à moi de me "donner l'amour que je n'ai pas reçu" (et je paye une américaine immigrée en Ecosse £35 de l'heure pour qu'elle me dise de telles trivialités, oui...), l'ennemi ultime qu'il me faut combattre si je veux reprendre le contrôle de ma vie.
Alors je combats.
Le ventre même pas vide, puisque j'ai pas faim.
Eh, est-ce qu'il est possible de finir par mourir de faim sans avoir faim ?

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