dimanche 18 décembre 2005

Respire.

Chaque journée amène sa nouvelle théorie loufoque, même si je ne suis pas hypocondriaque, ni même très douillette, mais quand même.
Décollement de la plèvre ? Un peu dramatique, certes. Mais se faire réveiller en sursaut par une douleur aiguë et des poumon qui ne peuvent plus se remplir, du tout, puis un petit peu, mais au prix d'un supplice qui ressemble à un massage d'épines à coeur ouvert, ça fait penser à des trucs cons.
Bon, en se calmant, et malgré la douleur qui déchire sa mère, et qui fait pleurer à gros bouillons en grelotant dans le couloir, parce qu'en pleine nuit il fait froid chez nous, surtout dans le couloir, mais ce serait tout de même balot de mourir dans ma chambre fermée sans que personne ne s'en aperçoive, alors restons dans le couloir, bref, j'ai fini par me dire que c'était peut-être un machin musculaire, finalement, après tout, mon décollement de la plèvre. Un simple muscle froissé, et qui crie sa detresse.
Alors je suis retournée pleurnicher en respirant par petits à-coups dans mon lit, sans pouvoir me rendormir, et j'ai passé la journée suivante à essayer de faire taire la douleur à coup de codéine, paracétamol et ibuprofène, chacun son tour, et on recommence. Sans effet.
On m'a suggéré une côte fêlée autour d'un plat de sushis. Hypothèse très vite rejetée, juste parce qu'elle ne me plait pas, et que les sushis à l'avocat étaient trop bons pour penser à s'inquiéter. Oui, oui, j'appelerai NHS direct en rentrant. Si, j'ai mal, j'ai même une grosse envie de pleurer, mais bon, je ne vais pas m'y mettre là, les larmes dans le calamar, c'est très moyen, et le vin rouge, c'est finalement plus efficace que la codéine. Et puis, tu sais, je n'ai jamais cassé un seul os là-dedans, l'avantage d'avoir une épaisse armure de gras protectrice.
Une nuit avec une bouillote sous le bras gauche, oscillant entre le dos et la poitrine, ne m'a pas empêchée de me réveiller toussotante, grelotante, fatiguée. Alors quoi, bronchite ? Pneumonie ? Tuberculose ?
Non, je n'appelerai pas NHS direct, je suis tétue.
Même si je donnerai beaucoup pour me retrouver sur mon petit lit parisien, un cataplasme sur le dos, un pot de citronnade chaude sur le sol, et papa me racontant Hensel et Gretel pour que je m'endorme après le départ du Dr Brestovansky.
Au lieu de ça, j'ai acheté/emballé/torché tous les cadeaux de Noël, vaincu Endnote et enfin rentré toutes mes références, passé l'aspirateur et la serpillère, et demain dès l'aube je m'envole vers Leicester, célébrer l'année qui s'achève et la photobiologie.
Parce que le travail, c'est la santé.

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