Je chantonne alors que le son saturé de mon ordinateur inonde mon coin du labo. Personne ne pourrait entendre mes fausses notes, même à 2 mètres. Le bruit, c'est un peu mon camouflage à moi. Et ce soir, j'en rajoute, entre les 3 centrifugeuses de concert et les boites qui finissent de sécher sous la hotte.
J'aime pas tellement le silence.
Dans le labo d'à coté, l'incubateur ronronne comme un soir d'été en Provence, version ronde d'amour de grillons un chouilla surexcités, et c'est plutôt joli, en fait, même si je me demande si finalement l'incubateur passera la nuit, du coup. Chant du grillon ou du cygne ? Et à part pour Delphine et Marinette, est-ce qu'ils chantent vraiment avant de mourir, les cygnes, ou est-ce qu'ils se cachent comme les oiseaux en fermant leur gueule de vilains petits canards post-pubères ?
J'aime pas tellement les cygnes, faut dire.
Je préfère les lapins qui trottinent la nuit sur le campus.
D'ailleurs depuis avant-hier, début des travaux dans les rues bordant l'université, j'imagine l'arrivée des bulldozers et la fin des terriers remplis de fourrure. Certains livres ne s'oublient jamais. Certains bruits non plus, d'ailleurs, comme ce soir d'été en Ardèche ou je m'étais réfugiée en pleurant dans le garage sans réaliser que la fenêtre à proximité du plafond donnait directement sur la scène du crime, devant le clapier à lapins.
Pour une fois j'aurai préféré du silence, je crois.
Toujours est-il que dans ce vacarme assourdissant du vendredi soir, j'ai enfin fini de remplir les objectifs de la journée, et même de la semaine, et il est donc temps d'aller voir du coté du frigo si la salade est toujours aussi verte que mon ADN génomique du soir.
Un monde où les lapins conduiraient des bulldozers en chantonnant alors que mes tubes finiraient de sécher près des centrifugeuses, c'est tout c'que je demande, finalement.
Avec de la vinaigrette dans la salade, s'entend.
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