J’ai mal à la tête et le nez qui coule. A force d’affirmer qu’il ne fait pas froid en Ecosse, la preuve regarde je marche sous la pluie en t-shirt et même pas mal, il semblerait que je me sois lourdement trompée.
Bref, tout en reniflant je remplis des tubes d’eau, comme c’est quand même mon activité préférée au monde, pipeter des machins dans des trucs, quand Dan arrive avec ses yeux des jours où il veut causer en privé. Alors je tombe les écouteurs, souris et entame un "Yes Dan, what’s up ?" comme si depuis notre repas à la cantine, une éternité s’était écoulée.
Dan s’assoit sur mon fauteuil – il est le seul au monde à avoir le droit de s’y asseoir, les autres n’ont droit qu’au tabouret, c’est injuste mais c’est comme ça – il hésite un peu, puis me raconte.
Je me souviens d’un commentaire de ma psy il y a quelques mois. "You know, when i hear you describing your relationships within your working place, it seems that people in your lab are more part of your family than work colleagues".
Mais est-ce que ce n’est pas un peu partout pareil ? Est-il vraiment possible de passer pratiquement 10 heures par jour ensemble sans nouer des liens ? Je connais mieux Dan que mes parents, que mon frangin, même que ma colocataire. Je sais ce qu’il a en tête, comment il prend son café (2 paquets de sucre et beaucoup de lait), qu’il préfère les Bounty rouges aux bleus, que cet après-midi il va peut-être faire un western, que le matin il arrive un peu après 9 heures, que ses jumeaux ont commencé le pre-school club depuis mercredi, qu’aujourd’hui sa plus grande a cours de piscine, qu’il a toujours un crayon dans la poche ou derrière l’oreille, qu’à 16h, qu’il pleuve ou qu’il vente, et quelque soit la quantité de boulot qu’il reste à faire dans la journée, c’est l’heure du thé.
C’est ce que j’aime le plus, partager le quotidien des gens.
D’ailleurs Dan sait qu’aujourd’hui j’ai le nez qui coule, que j’attends avec impatience le résultat de mes qPCRs, que ce midi j’ai mangé des macaronis au fromage trop cuites en râlant, que ce WE je vais à Paris voir ma grand-mère, que quand je ronchonne il lui suffit de rigoler pour que ça me fasse rire, que je préfère mon café sans lait et sans sucre.
Est-ce que c’est ça appartenir à une famille ?
Et qu’est-ce qui est le plus important, les liens du sang ou ceux du quotidien ?
Je ne sais pas.
Mais aujourd’hui j’ai appris en avant-première que la femme de Dan attend leur 4ème enfant.
(Un bébé que je verrai sûrement grandir, a contrario de ma nièce, au baptême de laquelle je n'ai pas été invitée)
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