Mon père déprime.
Il déprime tellement que ça en devient ridicule - j'ai presque l'impression de m'entendre parler.
Je me doutais que ça viendrait, ceci dit. Depuis 30 ans que je l'entends dire qu'il a trop de travail et que ça le fatigue, il voit arriver la fin de l'année et le début de sa retraite avec l'oeil morne du gars qui se demande bien de quoi il va pouvoir se plaindre à présent.
Mais il a un certain talent pour ces choses là, alors il trouvera.
En attendant il plonge un peu. Un peu trop à mon gout.
Je le connais colérique, violent, boudeur, fatigué, énervé, agacé ou exaspéré. Mais pas dépressif.
J'ai suggéré une cure de millepertuis, sans quand même oser lui parler de mon prozac.
J'ai pas osé non plus lui renvoyer à la gueule ses "la vie est dure, qu'est-ce que tu crois", ceux que j'ai entendus quasiment chaque jour gamine - à croire que j'ai grandis et que je n'ai plus besoin de me venger.
C'est l'automne, c'est Lolo qui habite loin pendant la semaine et le laisse tout seul comme un con avec le chat dans sa grande maison du Loiret, c'est la vieillerie, c'est les impôts et la compta, c'est juste pas drôle la vie, tu verras.
- Et toi alors ma grande, ça va ?
- Ben oui écoute papa, ça va, j'ai passé la journée d'hier au bain turc avec les copines, et là je crois que je vais aller manger des sushis.
- Ah... alors ça va.
- Ben oui.
- Tu déprimes pas toi.
- Ben non, pas là.
- Et bien tu as bien de la chance.
Comment est-ce qu'on secoue un vieux papa ??
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