Il y a des gens que j'ai l'impression de connaitre depuis toujours, avant de m'apercevoir qu'il y a seulement quelques mois, quelques années, ils n'existaient même pas dans ma vie. D'ailleurs il y a quelques années, je n'existait même pas dans la vie. Mon toujours n'a que 28 ans, c'est maigre.
Il y a des endroits où je ne me souviens plus avoir vécu, des lieux qui sont devenus des souvenirs lointains, des images qui ne sont fixées dans ma mémoire que grace à quelques photos. Comme si ce labo, cette ville, cette vie étaient les seuls que j'aie jamais connus. Et pourtant, et pourtant, il y en a eu des vies avant celle-ci.
J'ai souvent l'impression que c'est "pour toujours" et "à jamais". Alors que tout change continuellement. Alors que l'instabilité est bien la seule constante dans ma vie.
J'oublie au jour le jour, il ne me reste que des sensations plus ou moins précises, plus ou moins agréables, des bagages de frustrations, de peurs, d'envies, de conditionnements, d'espérances. Du bruit de fond.
Je panique à la moindre allusion au futur, à l'incertitude, au néant qui s'ouvre là, juste devant ou quelques pas plus loin. Planifier ce qui DOIT être fait l'instant suivant, c'est simple, c'est facile, ça tombe sous le sens. Mais la liberté de construire, ça me donne le vertige.
L'intemporalité de mon quotidien est un luxe. Mais c'est aussi terrifiant. Et euphorisant. Et déprimant. Et culpabilisant.
Et pathologique, parait-il.
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