Passer un vendredi soir au fond d'un labo à retarder le moment de recommencer la même manip pour la 3ème fois en une semaine, c'est affreusement banal. Mais je le sais bien, que je coche toutes les cases du postdoc moyen, et que mon comportement est prédictible, prédit, et vérifié.
Mais voilà, j'aime être là, dans l'espace défini par mon bureau et ma paillasse, presque 20m3 qui n'appartiennent qu'à moi, territoire arpenté, marqué et chéri, ces 20m3 dans lesquelles se déroulent la majeure partie de ma vie.
Sur le bureau, des morceaux de gateaux trainent près d'un pot de hoagland's vide, une photo de Marion dort à poings fermés entre une
to do list un peu perimée déjà et le plan de la prochaine manip du siècle, le paquet de lucky est posé sur le dernier graphe de la soirée, alors que le stabylo et le briquet s'embrassent à coté d'une vieille canette vide. Horaires de trains et d'avions, verbes irréguliers parce que je n'arrive toujours pas à s'avoir si "
yesterday i sew sowed saw have sown too many seeds", liste des acides aminés qui me suit partout depuis maintenant 8 ans, post-its préhistoriques en tout genre, "email Nam-Binh!" écrit en gros pour ne pas oublier de lui souhaiter un joyeux anniversaire, le 13 avril dernier, l'email n'est toujours pas parti, alors le post-it non plus, ce sera pour l'an prochain à présent, ambiance sonore en adéquation avec l'épaisseur de la nuit, playlist "déprime", parce que je le vaux bien, ça change du "même pas honte" qui trainait depuis des semaines sur mon
player, et oui j'ai un don fantastique pour baptiser mes fichiers, je pourrai rester ici toute la nuit, à hésiter entre vérifier une dernière publi avant de rentrer ou lancer une digestion
overnight, voire juste bouquiner le dernier catalogue promega ou un site web quelconque, en piquant du nez sur mon clavier.
Et pourquoi est-ce que ce ne serait pas la vraie vie après tout, hein ?
...tant pis si c'est dangereux...
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