dimanche 29 octobre 2006

Sunday hangover.

J’essaie de croire qu’il est vraiment bientôt 15h, et pas vraiment bientôt 16h. Comme si mes plantes pouvaient être affectées par l’heure d’hiver. Mais avoir marché jusqu’au labo est déjà une victoire en ce jour ensoleillé et glorieux. Pourquoi ne pleut-il pas les lendemains de fête ?
Hier soir, Mary Stuart a été décapitée une nouvelle fois. Malgré un parterre d’invités entièrement acquis à sa cause. Schiller n’était pas Robert Hossein.
K. a beau affirmer qu’il ne connaît pas tout Edimbourg, je continue à en douter. A chaque fois qu’il dit bonjour à quelqu’un dans la rue ou dans un restaurant, il me regarde en rigolant, et me jure qu’il a payé quelques amis pour me faire croire qu’il est populaire, connecté. Il l’est, sans avoir besoin de payer. Cette soirée au théâtre me l’a encore rappelé. J’ai bien du serrer la main à la moitié des députés SNP du parlement, hier soir. Mais pas aux autres. Pas au grand gars devant nous qui n’arrêtait pas de tousser et me cachait la moitié de la scène. "He’s a Tory." - "Uh… that makes sense" [does it really ?].
Entracte, salon privé, des verres de vins alignés, pas de Ferrero rocher, mais je suppose qu’ici nous n’avons que des consuls, pas d’ambassadeurs. Tombé de rideau, un autre salon privé, encore du vin, toujours du vin. A mon troisième verre je souriais bêtement mais n’arrivais toujours pas à suivre la conversation. Pas que la politique écossaise ne m’intéresse pas, mais j’étais trop occupée à rendre grâce à cette inspiration du samedi matin, celle qui m’a fait passer un après-midi chez Marks and Spencer pour trouver quelque chose de correct à me mettre sur le dos, cette idée que pour une première entre "invités", mes Stan Smith et mes éternels gilets à capuche ne seraient peut-être pas du meilleur effet. Simple et efficace, un joli petit pull rayé, de l’ocre, du bordeaux, des chaussures assorties, et un chignon à la brosse, pas aux doigts. A un moment je me suis presque trouvée jolie. M’enfin il m’avait fallu trois verres de vin pour y penser. Au 4ème verre, je papotais avec une "femme de" en me disant que c’était marrant, d’être prise pour une "petite amie de", et qu’on en rirait certainement autour d’une bière plus tard, K. et moi. Au cinquième verre je tenais toujours vaillamment debout et décidais de me mettre à défendre Tommy Sheridan, oubliant qu’un groupe de députés SNP ne pouvait certainement pas voir un membre du Scottish Socialist Party comme une victime du puritanisme anglo-saxon qui frappe même dans nos contrées pluvieuses. "Anyway, your opinion is so very french". Fair enough, et puis après cinq verres de rouge, j’avoue, j’ai du mal à ne pas contredire le monde juste pour le plaisir de la discussion, parce que oui, j’aime être argumentative. Et ça fait sourire K.
Minuit passés et alors que les MSPs et autres journalistes fuient avant de retrouver une citrouille à la place d’un taxi, je meurs de faim. Oui, j’ai mangé aujourd’hui. Au petit déjeuner. K. admet qu’il serait temps d’éponger son estomac aussi, parce que "yes, Eve, i’m as pissed as you are right now !". Good god, i really do adore the guy. Et l’italien là pas loin ne ferme pas avant 3 heures.
Evidemment, qui dit ail et persil dit vin rouge, parce qu’il faut bien maintenir l’éponge humide. Deux heures plus tard et alors que K. et moi continuions à refaire le monde, ou peut-être juste à papoter de choses et d’autres, parce que c’est toujours comme ca avec K., on parle, on parle, mais de quoi déjà ? Je ne sais plus, mais c’était bien. Avec ou sans vin. Mais le vin doit quand même aider à rigoler autant. Deux heures plus tard donc et après avoir hésité à commander un 2ème cappuccino, nous étions sur Lothian road ne sachant pas dans quelle direction aller. K. habite au nord, j’habite au sud. Parce qu’Edimbourg a sa ligne de démarcation aussi, et qu'en fin de soirée, chacun doit rentrer dans son camp. A pied évidemment, parce qu’à presque 3 heures alors qu’il n’est en fait pas encore 2 heures, les rues sont pleines de filles qui vomissent et de gars qui pissent sur les murs, et les taxis vides sont une denrée rare.
"You came back really late last night young girl!" Le problème avec les colocataires qui n’ont pas rigolé toute la soirée devant une source intarissable de vin rouge, c’est qu’ils parlent un peu fort au réveil alors que j’essaie désespérément d’atteindre mon oasis, le jus d’orange dans le frigo, avant de retourner au lit. Le truc bien avec les colocataires cependant, c’est qu’ils arrivent a me faire rigoler même quand j’ai mal très fort dans mon crâne. Ou alors c’est juste un vieux reste de vin qui continue à faire effet.
J’essaie toujours de croire qu’il est bientôt 15h, et pas du tout 16h. L’échantillon de 15h de dimanche aura juste une heure de retard. Mais est-ce vraiment sérieux de commencer l’hiver par une journée ensoleillée ?

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