Il neige (encore), alors j'ai renoncé à défier les éléments.
Hier j'ai fait l'effort, après une semaine malade à rester à la maison à ne rien faire que bouquiner et regarder la télé avec un patch à la menthe sur le front pour faire baisser la fièvre, mais cette fois-ci non, cette fois je suis restée avec mon chat.
J'ai des trucs à faire, plein de boulot, toujours cette même figure à finir, toujours ce même papier qui doit repartir bientôt.
Et puis ce projet à écrire, aussi.
J'ai l'impression d'avoir raté le train quand même.
Je me leurre en essayant de me persuader que c'est juste un passage, un mauvais moment, ou que je me suis mise en mode "Noël" avant l'heure, d'où le manque de motivation, voire le dégout face à la pile de travail qui s'entasse. Comme si j'avais un "mode Noël". Ça se saurait.
Comme si ça ne faisait pas des mois que ça dure.
Je me leurre en me persuadant que c'est juste un effet secondaire, ma deuxième tentative de vie sans prozac, enfin avec juste 10mg tous les 3 jours pour l'instant, avec les sautes d'humeurs et les rages qui reviennent. J'avais oublié ce qu'on peut être frustré dans la vraie vie sans supplément de sérotonine.
Je me leurre en essayant de persuader chéri que ce qu'il nous faut c'est un bébé, un nouvel appart, des vacances, une soirée romantique, la dernière saison de 24 heures, enfin quelque chose quoi, vas-y, tu t'éclates au boulot, mais moi j'en ai marre d'être chercheur, ça marche pas, c'est trop dur, c'est trop exigeant, ça m'emmerde, je veux juste rentrer à la maison et lire un bouquin, et changer des couches pendant que la salade mijote, ou un truc comme ça, oui, pas me demander comment présenter mes résultats d'une autre façon pour la 63eme fois, et angoisser sur ce que je vais dire à mon nouveau chef lors de son prochain passage.
D'ailleurs la semaine dernière, il était là, de passage, et moi je suis tombée malade. Il n'y a pas de hasard.
Je voulais faire médecin avant. Je voulais aimer mon métier, me lever de bon pied, me trouver utile, avoir envie. A la place je fais chercheur, le cul entre 2 chefs, l'avenir pas très clair, l'horloge biologique en pleine panique, et avec de moins en moins de sérotonine pour trouver chéri amusant quand en fait il est énervant.
Je n'ai pas l'habitude de "ne pas faire", d'être "en grève" - en grève d'envie, d'idée, de bon vouloir.
J'ai l'impression d'avoir raté le train.
Et chéri avec ses même pas 30 ans, son nouveau postdoc et son refus de grandir m'agace.
Et le labo avec ma paillasse bien rangée, mes plantules qui pourrissent parce que je devais les transplanter il y a deux semaines, mon bureau où les papiers s'entassent, mon ordinateur qui plante toutes les demi-heures, le labo me gonfle.
Il reste quoi alors ?
Il est quand le prochain train ?
5 commentaires:
Question nunuche : y'a pas possibilité de suivre ton ancienne chef là où elle est? ou de te trouver une autre paillasse, dans un autre labo, où te sentirais moins le cul entre deux chaises? :\
Dans tous les cas, je t'envoie des calinoursons.
Merci pour les calinoursons !!! :)
Et oui, immigrer vers une autre paillasse, c'est certainement une bonne idée, et j'attends une ouverture (ca vient, il y a du mouvement dans le labo d'en-dessous !).
Courage!!! Je viens de retrouver la paillasse après 3 ans de bureau. Je te jure que le bonheur est à la paillasse.... il faut simplement trouver la bonne pour toi.
Je veux bien te croire, ceci dit il se peut que je m'épuise avant d'avoir trouvé la bonne, c'est possible aussi...
(et puis je veux bien croire aussi qu'apres un gros chantier dans un nouvel appart, retourner a la paillasse c'est plutot bien ! :) )
Oui, c'est plutôt reposant :-)
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