Comme on est le 29 septembre et que c'est la St Michel, j'ai fait mon devoir de fille dévouée et lobotomisée par des années de traditions désuettes dans la famille: j'ai appelé mon papa. Non, en vrai, se souhaiter bonne fête, je trouve ça convivial et sympathique, voire totalement indispensable le 15 aout, mais ça c'est un truc entre mère et fille, chez nous.
J'ai toujours cette image d'un 29 septembre quelquepart à la fin des années 80, où Mamie et moi avions été à la Samaritaine acheter une cocotte-minute "auto-thermos" pour la fête de mon père. Un vieux truc tout moche et terrifiant à ouvrir lorsque le pot-au-feu était enfin cuit le dimanche midi, mais identique à ce que Mamie avait dans sa cuisine quand elle était jeune, l'argument imparable.
Ca résume tellement bien mon enfance à la con.
Bref, ce matin j'ai téléphoné à papa. Qui ne s'était pas rendu compte que c'était la St Michel, et a entamé en me disant "tiens tu m'appelles pour ton anniversaire ?". Ben non, puisque mon anniversaire c'est samedi, et que quand même, ce serait un peu à toi de m'appeler pour l'occasion, mais on dirait qu'on s'en fouttrait finalement, puisque le nombre de fois où tu m'as appelé au cours de ces dernières années se compte sur un seul doigt, et encore c'était sur mon téléphone portable alors que j'étais au pub, donc ça ne compte pas (on dirait).
Bref, ce matin j'ai appelé papa. Et pourtant, depuis leur départ, je n'avais plus entendu sa voix. Aucune envie, trop en colère, trop marre de faire comme si de rien n'était, pas envie d'oublier ses crises de rages incompréhensibles, même si biensur, au téléphone, tout se passe toujours bien, ce qui justifie que la relation père-fille repose entièrement sur le bon vouloir de British Telecom.
"People can't choose their familly, but if one could choose, they wouldn't choose your father, that's for sure !" m'a dit en rigolant la psy l'autre soir. J'ai rigolé moi-même, étant une fille drole et tenant à conserver ma réputation de fille qui n'a pas besoin du paquet de mouchoir là sur le petit meuble près du fauteuil, hein. Mais en-dedans ça disait très clairement que si j'avais pu choisir, j'aurai choisi exactement ce père là mais en mieux, en version améliorée, avec quelques options en plus, ou plutôt en moins. Sans son constant besoin de gueuler. Sans son incapacité à controler sa violence ou ses émotions.
Parce qu'en fait quand on papote de tout et de rien et surtout de cueillette de champignons et de pluie sur la Mer du Nord, il est plutot rigolo, le Michel.
Un peu comme sa fille, quoi.
Et c'est surement ce qu'il y a de plus effrayant, cette ressemblance.
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