Je ne suis pas au labo depuis très longtemps. J’ai traîné ce matin, je me suis enfouie dans une autre vie, dans ce livre que j’attends depuis des mois, ce nouveau Maggie O’Farrel, celui que j’ai enfin pu acheter hier soir, celui dont je re-regarde la première page de temps à autre, juste pour vérifier.
Une jolie écriture, énorme, noire. « For Fiona + Eve-M*rie, Maggie O’Farrel ». Dédicace banale. "That’s a great name ! Are you french ? The French are so good when it comes to hyphenated names !" m’a-t’elle dit quand nous nous sommes retrouvées devant elle, un peu intimidées après cette heure à l’écouter parler, et à avoir envie d'enfin plonger dans sa nouvelle histoire.
J’ai rarement lu un livre aussi prenant, aussi nostalgique, aussi douloureux qu’After you’d gone. Je m’en étais remise difficilement. Les 2 romans suivants m’avaient plu, mais moins. Celui-ci est dans la lignée du premier. Et ce matin je n’ai réussi à m’en décrocher qu’à contrecœur, parce que j’avais rendez-vous au pub, parce qu’après mon "I’m so late, can we make it 13.30 instead of 12.30 ??", je ne pouvais pas décemment arriver en retard pour retrouver ma copine.
Alors je ne suis pas au labo depuis très longtemps. Mes tubes dégèlent, mes ARNs sont encore à -80ºC, le ciel n’est plus gris, il faut que je m’y mette, il faut que j’arrête de réfléchir à ce qui pourrait être, à ce qui n’est pas, à ce qui semble trop difficile, trop loin, interdit, inimaginable.
J’ai envie de me replonger dans mon bouquin, d’oublier qu’Helen arrive tout à l’heure, d'oublier Belle & Sebastian demain soir, d'oublier que je dois encore ranger la maison, d'oublier que je n'ose pas appeler Mamy, d’oublier que ma RT m’attend, d’oublier cette envie de fuir le labo qui me hante depuis quelques semaines, avec ses conséquences désastreuses sur ma productivité – et sur l’humeur de ma chef.
Je ne suis pas au labo depuis très longtemps. Et j'ai juste envie de repartir.
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