mercredi 23 septembre 2009

Le temps perdu.

Mon père m'a dit qu'à la veille de sa mort, son père lisait Proust. Il m'a raconté comment il avait du écourter sa dernière conversation avec son père, ce 31 mai là, parce qu'il avait du aller recoucher sa fille qui faisait la foire, au lieu de commenter les dernières aventures proustiennes avec mon grand-père. J'avais 5 ans, je ne m'en souviens pas. Ceci dit je me souviens des coquelicots ramassés par mon frère pour consoler Mamie qui pleurait, le lendemain.
Mamy Jeannette, la mère de ma mère, m'a plusieurs fois dit qu'elle se gardait tout Proust "pour la fin" - qu'après avoir lu Proust, il n'y aurait plus rien. Je ne sais pas si elle a tout fini avant de mourir, je ne sais pas à qui demander.
Mon père se fait opérer dans 2 semaines - o un rien du tout, une histoire de cataracte. Mais quand même, il doit être surveillé pendant quelques jours, alors j'ai pris des vacances pour être avec lui. Ceci dit, la dernière fois qu'on a parlé au téléphone, il m'a annoncé qu'il allait se mettre à relire Proust.
Bizarrement, je trouve ça moyennement drôle.

mardi 16 juin 2009

Holiday dream

Mon talk de-la-mort-qui-tue-je-veux-pas-y-aller-au-secours est dans 15 jours tout justes.
Mon papier refuse de s'écrire tout seul, et une après-midi pour 315 mots mal écrits, c'est dur à avaler en termes de productivité (c'était hier).
Apres chef et ses 1 mois à Barcelone, il y a eu copine postdoc et sa grosse semaine en Espagne, p'tite technicienne et ses 15 jours en Egypte, et maintenant postdoc théoricien et ses 10 jours de plongée en Méditerranée. En attendant, je viens de fêter l'anniversaire de mes dernières "vacances" [de 4 jours].
Mon anti-HA a décidé de jouer aux cons, et c'est vraiment pas le moment, rapport au talk de dans 2 semaines - sans compter du papier qui s'écrit lentement, certes, mais surement pas sans ce résultat là.
Bref, quand ce matin, à la bourre comme chaque matin mais juste un tout petit peu plus que d'habitude, j'ai contemplé la journée à venir, j'ai décidé que non.
Même pas off sick.
J'ai juste appelé chef – pour l’informer qu'aujourd'hui, c'était vacances.
1 journée ENTIÈRE à ne rien faire, sans même culpabiliser (où je n’ai rien fait d’autre que dormir finalement).
Je peux recommencer demain ?

lundi 8 juin 2009

Meet the Fockers

Il a donc fallu 32 ans et presque 2 mois pour que la toute première rencontre ait lieu.
Papa VS Chéri.
L'avis du père: "il est gentil ton boyfriend là, m'enfin faut qu'il apprenne le français hein." (et ce n'est pas un conseil ni une suggestion; c'est un ordre)
L'avis du chéri: "That's funny how your dad is the the stereotype of the older french man... but... err... well.. the scary version i mean !"
Voilà, alors bon, ça, c'est fait.
Et heureusement, mais vraiment HEUREUSEMENT que lorsque la cousine de la mariée, un verre en trop dans le nez, a soulevé la jupette au chéri, il était parti, le père.
Comme il l'a vu venir, le chéri, le soulevage de jupette.
(oui, enfin, surtout grâce à la vigilance sans égale de la soeur du marié (oui, oui, moi-même), qui n'a pas hésité à se jeter aux genoux du chéri pour contrecarrer la tentative de soulevage de jupette numéro 1)
Et du coup, lors de l'essai réussi, la cousine a pu admirer le beau cul tout nu du chéri.
Parce que bon, on joue à l'écossais pour de vrai ou pas du tout, hein.
Mais heureusement, sérieux.



Et en bonus track, et parce que je le vaux bien, ma vue préférée depuis la Chartreuse (i.e. le Vercors), avec mes cheveux orange trop la classe, heureusement qu'il me restait 48 heures de shampouinage intensifs avant le mariage. HEUREUSEMENT.

mardi 19 mai 2009

Le frère Dalton ? (ou la Rantanplanade du jour)

Avec le mariage du frangin samedi prochain, forcément, il a fallu que je trouve mes cheveux moches, ternes, et tout le tintouin.
Forcément.
Pas que je sois stressée à l'idée de voir mon père ET ma mère en même temps (je l'ai déjà dit ?), ou de voir la smala et les amis avec 30 kilos de plus sur les hanches, parce que la Grande-Bretagne, ca vous gagne, surtout les frites, bref, non, mes cheveux.
Pas beaux vilains tout ça.
Bon.
Alors après un truc colorant et une douche, il y a 10 minutes, ça a donné:
"- Steeeeeve !!! Steeeeeeeeeeeeeeeeeeve !!!
- Yep, what ?
- My hair's orange !!!!!
- ...
- I swear it is ! Come !!!

(le Steve arrive dans la salle de bain)
- Nah, it's not, it's a little brunette, just perfect !
- No, look, it's orange ! Here and there, ORANGE !
- Really, it doesn't look orange to me, it's great !
- You sure ?
- Well, i know i'm colour blind and rubbish for seeing red, but i swear, it doesn't look orange to me...
"
Alors voilà, à moins que la noce soit devenue daltonienne (comme chéri), ou à moins que je fasse 28 shampoings entre là maintenant et jeudi matin heure de l'avion pour Genève, la sœur du marié aura 30 kilos en trop, un chéri en kilt, et des cheveux orange.
Bon.
Et après on s'étonne que je ne vienne en France visiter la smala qu'une fois tous les... ah ben là ca va faire 4 ans hein.
Voilà.
(Et je ne parle même pas du chat qui va passer 5 jours ENTIERS dans un chenil de luxe super beau et tout, mais quand même la pauvre 5 JOURS ENTIERS, sinon je vais me mettre à pleurer. Le stress. Mon pauvre chat-chat.)

mercredi 6 mai 2009

Wanted: flegme britannique.

Résolution du soir: arrêter de tirer sur l'ambulance.
Parce que ça ne sert à rien, parce qu'il a déjà un pied à travers la porte du labo, et surtout parce que c'est sur moi-même que j'ai envie de tirer maintenant.
Mais n'empêche, depuis des semaines et des mois qu'il perd son temps et surtout le notre, qu'il ment à tords et à travers, et qu'il est une nuisance constante pour le labo, il ne fallait pas qu'aujourd'hui il en rajoute une couche. Je n'étais pas d'humeur. Alors les 4 vérités sont sorties, aussitôt dites, aussitôt regrettées, mais qu'est-ce que j'y peux maintenant.
Est-ce que quoiqu'on fasse et où qu'on travaille, il y a toujours un/une collègue qu'on a envie de baffer à intervalles réguliers ?
Et surtout, est-il possible d'expliquer à quelqu'un que là non, trop-c'est-trop-mais-j'hallucine-ça-va-bien-maintenant, sans se sentir toute moche juste après ?

lundi 4 mai 2009

Quand le chat n'est pas là...

Chef est de retour.
Le soulagement.
C'est bizarre comme j'ai besoin que ma chef ne soit pas trop loin, pour me sentir bien.
Serais-je un jour indépendante ? Serais-je un jour capable d'être chef ?
C'est le but à moyen terme, mais je ne suis pas tellement sure d'être capable de fonctionner sans elle.
J'ai besoin de trouver ce je-ne-sais-quoi manquant, ce truc qui me permettra d'avancer, de travailler et de croire en mes résultats, sans la validation permanente de celle avec qui je travaille depuis maintenant plus de 6 ans.
Et pourtant je l'ai détestée.
Et pourtant je l'ai trouvé injuste, dure, irritante.
Quand je l'ai vue arriver, détendue et bronzée dans le bureau ce midi, j'ai eu l'impression que tout à coup, tout allait aller mieux. Comme si elle allait photoshoper mes westerns. Comme si elle allait me dire "yes Eve, great idea, do those micro-arrays". Ce qu'elle a fait d'ailleurs - "don't worry, we have the money, yes, do those micro-arrays, that's what we need to do." At last.
J'ai l'impression d'avoir passé un mois de vacances sabbatical à Barcelone tout à coup.
Comment ça, c'était chef, pas moi ? Bah, c'est pareil, non ?

lundi 13 avril 2009

Through the window, and what Eve found there.

Après 2 jours à trainer en pyjama et puisque c'était lundi de pâques, chéri m'a forcé à franchir le pas de la porte - parce que perso, je travaille ou je dors avec mon chat sur le ventre, la vraie vie où on se promène dans la vraie ville, pas le temps.
Du coup j'ai pu observer 2-3 trucs:
- c'est le printemps, il y a des feuilles ET des fleurs sur les arbres !
- c'est le printemps, il y a du soleil sur les terraces des cafés !
- c'est le printemps, les écureuils (et même un renard) se baladent dans les jardins !
D'ailleurs ce soir j'ai le front chaud et un peu rouge, comme quoi la vraie vie printanière, c'est un peu dangereux.
Heureusement, demain je retourne à ma paillasse et je remets ma tête dans le guidon.
Ouf, j'ai presque cru que le printemps m'avait ouvert les yeux.

vendredi 10 avril 2009

The blue side of life

C'est drôle comme l'humeur du jour tient à un fil.
Je n'arrive toujours pas à comprendre quel ingrédient magique fait pencher la balance du bon coté. (d'UN coté ?)
Une bonne nuit de sommeil, peut-être.
Mais la nuit dernière je me suis couchée à pas d'heure.
Pas de ma faute, j'ai trouvé petite anglaise le livre dans mon Sainsbury's local. Il a fallu que je le lise jusqu'au bout. Je me souviens de cette soirée d'anniversaire à Londres, ou un ami et ex-bloggeur m'a annoncé en arrivant "Petite et Mr Frog se séparent, c'est fou !!" - le choc. Comme si on parlait d'amis communs. Alors relire tout ça, et en apprendre plus, ca vallait bien une courte nuit.
Bref, avec un peu moins de 5 heures de sommeil, on s'attendrait à du ronchon aujourd'hui. D'autant qu'hier avait battu des records de ronchonnades, à tel point que je commençais à m'énerver moi-même.
Et puis évidemment, développement de blot, et toujours pas d'immunoprécipitation - il va bientôt falloir que j'admette que ces 2 protéines n'interagissent peut-être pas, même si ça détruit un peu tout mon argument. Un coup à attraper une humeur morose de chien battu.
Et bien même pas.
Fatiguée de sommeil et de travail, au bout du rouleau, besoin d'un jour au fond de la piscine, allo maman bobo tout ça, et même pas d'humeur grincheuse.
Et tout ça parce que ce matin j'ai mis mon nouveau T-shirt à la con acheté chez mon Sainsbury's local (le même) avec des belles couleurs bleu (clair) & bleu (mois clair).
Comme quoi c'est vachement superficiel, l'humeur d'une fille.

mercredi 8 avril 2009

Dans ma mémoire.

Quand mon grand-père est mort en novembre dernier, je me souviens d’une discussion – une discussion importante je crois. Ma cousine Agathe, 4 ans, était sur le cabinet et m’expliquait que maintenant, Papy était au ciel. Je lui ai dit "Je ne sais pas s’il est au ciel, mais ce que je sais c’est que lorsque je ferme les yeux je peux le voir, alors maintenant il est dans ma mémoire". Elle a fermé les yeux, toujours sur son WC, et m’a dit "T’as raison, eh, j’le vois !"
2 jours plus tard au crématorium, alors qu’Agathe déposait sa dernière fleur sur le cercueil, juste avant qu’il ne parte pour l’incinération, je l’ai vue mettre sa main sur la boîte en bois, fermer les yeux très fort, et murmurer "au revoir Papy". Je l’ai même vue sourire.
Aujourd’hui Mamy Jeannette aurait eu 80 ans. Alors chéri et moi on retourne au resto Népalais, parce que c’étaient mes histoires préférées, ses aventures entre vieilles copines à Katmandou. Et quand je ferme les yeux, je la vois encore me les raconter. Et ça me fait sourire.

samedi 4 avril 2009

Cation.

Le chat va bien et passe son temps sur son dos en attente de gratouillage de bidon.
Le chéri va bien et n'a toujours pas fini de rédiger sa thèse, ce qui est bien, puisque la perspective d'enfin prendre une semaine de vacances pourrait m'étouffer de joie, ce qui serait dangereux. Après tout, 5 jours à Berlin (Avril 2008) et 4 jours au Luxembourg (Juin 2008), ca devrait suffire pour les 10 années à venir.
Le labo va bien puisque (1) ca ne fait que 19h que j'ai ouvert la porte ce matin, comme quoi je ne peux pas me plaindre, mes journées de travail ne durent pas plus de 24h, (2) la technicienne de la mort (celle qui m'a fait hésiter entre homicide, suicide et démission) passera définitivement et pour la dernière fois la porte (celle-là même que j'ai ouverte ce matin peu avant 5h00) mardi soir (et depuis 2 mois que je compte les jours avant son départ, alléluia, c'est Pâques avant l'heure), (3) chef part en vacances sabbatical pour 1 mois et ce dès demain matin, et (4) je vais bientôt déménager dans un bureau AVEC fenêtre, c'est la fête.
Bref, tout va bien quoi, non ?
Je ne vais quand même pas m'arrêter sur l'angoisse montante de la perspective du mariage du frangin, avec père ET mère dans le même périmètre (première mondiale en plus de 25 ans), sur l'angoisse permanente du pull-down qui ne veut pas me donner le résultat qui m'arrangerait quand même bien, là, ni des rt-PCR qui s'amusent à me donner des informations contradictoires chaque semaine, ou sur l'angoisse sous-jacente de n'avoir rien à dire de concret pour mon talk du 30 juin, que c'est dans longtemps mais tout à coup ce sera demain. Sans compter la perspective de chômage en novembre ou pire de l'écriture de fellowship l'an prochain si tout va bien.
Non, parce que ce serait être négative et c'est bien connu, je suis une fille po-si-tive.
Alors voilà, tout va bien.
Bien.
Voilà, c'est dit.