Quand un samedi midi en sortant de la douche mes pas me dirigent irrésistiblement vers le labo alors que ça fait 5 jours que j'ai prévu de passer la journée à la Scottish National Gallery of Modern Art pour voir l'exposition 'Andy Warhol Self-Portraits' qui se fini lundi, je me dis c'est un peu la honte d'être accro à mon boulot à ce point.
Quand, pestant contre l'absence de radiateurs dans un labo à 55°57' Nord de latitude, je décide de sortir le thermomètre du bain-marie pour prouver qu'il est inadmissible d'infliger aux travailleurs du WE de telles conditions climatiques, et que je m'aperçois assez penaude que je grelote dans un 21,2°C tout à fait honorable, je me dis que c'est un peu la honte de toujours raler pour rien.
Quand à 22 heures passées je décide de couler un gel vite fait pour vérifier ma PCR sur le feu et que j'essaie sérieusement de faire fondre 5g d'agarose dans 50ml de TBE, en me demandant tout aussi sérieusement pourquoi un gel a 3% fait un tel blob visqueux, je me dis que c'est un peu la honte de ne pas savoir multiplier 0,5 par 3.
Et quand je pense à ma journée de demain qui sera très certainement identique à aujourd'hui, je me dis que c'est un peu la honte d'être si prévisible.
samedi 30 avril 2005
vendredi 29 avril 2005
Il est interdit d'interdire.
C'est bien d'être une fille parfois, on peut papoter pendant des heures pour ne rien dire sur le problème du jour qui est le même que celui de la veille, tout en sachant que la discussion n'offrira aucune solution.
Les problèmes insolubles ça devrait définitivement être interdit.
C'est bien d'etre une fille parfois, on peut devenir toute rouge et se mettre à bafouiller quand chef annonce au cours du labmeeting la visite imminente de notre voisin de la cote ouest, qui a gagné à l'unanimité et haut la main la palme du chercheur le plus sexy d'Ecosse. "When is he coming ?" - "On Tuesday... why, do you want to meet up with him Eve ?" - "Errr... er... no, not really... hmpffff...".
Les hommes parfaits ça devrait définitivement être interdit.
C'est bien d'etre une fille parfois, on peut rater son coup avec un tire-bouchon et tendre la bouteille en souraint au premier mâle venu trop heureux de venir à la rescousse de la pauvre maladroite qui écoute d'une oreille quand même bien distraite les conseils inutiles sur "le" geste technique qu'il aurait fallu effectuer pour ne pas casser le bouchon en deux.
Les conseils, ça devrait définitivement être interdit.
C'est bien d'être une fille parfois, on peut remplir des lignes avec du vent et sourire à son écran alors que la machine à PCR sonne dans le vide intersidéral d'un batiment aussi bourdonnant qu'une ruche en hiver.
Les vendredis soirs au labo, ça devrait définitivement être interdit.
C'est bien d'etre une fille parfois, on peut partir du séminaire du vendredi soir sans réussir à finir sa bière, remonter la poser là, sur sa paillasse, et la déguster tranquillement en réfléchissant à son prochain modèle à la con pour expliquer l'inexplicable, alors que ni l'alcool ni aucune forme de nourriture ne sont autorisés dans le labo, et donc certainement pas à moins de 5 cm d'une pipette.
Les interdictions, ca devrait de toute façon être définitivement interdit.
Les problèmes insolubles ça devrait définitivement être interdit.
C'est bien d'etre une fille parfois, on peut devenir toute rouge et se mettre à bafouiller quand chef annonce au cours du labmeeting la visite imminente de notre voisin de la cote ouest, qui a gagné à l'unanimité et haut la main la palme du chercheur le plus sexy d'Ecosse. "When is he coming ?" - "On Tuesday... why, do you want to meet up with him Eve ?" - "Errr... er... no, not really... hmpffff...".
Les hommes parfaits ça devrait définitivement être interdit.
C'est bien d'etre une fille parfois, on peut rater son coup avec un tire-bouchon et tendre la bouteille en souraint au premier mâle venu trop heureux de venir à la rescousse de la pauvre maladroite qui écoute d'une oreille quand même bien distraite les conseils inutiles sur "le" geste technique qu'il aurait fallu effectuer pour ne pas casser le bouchon en deux.
Les conseils, ça devrait définitivement être interdit.
C'est bien d'être une fille parfois, on peut remplir des lignes avec du vent et sourire à son écran alors que la machine à PCR sonne dans le vide intersidéral d'un batiment aussi bourdonnant qu'une ruche en hiver.
Les vendredis soirs au labo, ça devrait définitivement être interdit.
C'est bien d'etre une fille parfois, on peut partir du séminaire du vendredi soir sans réussir à finir sa bière, remonter la poser là, sur sa paillasse, et la déguster tranquillement en réfléchissant à son prochain modèle à la con pour expliquer l'inexplicable, alors que ni l'alcool ni aucune forme de nourriture ne sont autorisés dans le labo, et donc certainement pas à moins de 5 cm d'une pipette.
Les interdictions, ca devrait de toute façon être définitivement interdit.
jeudi 28 avril 2005
Bonne idée ?...
Je ponds des explications farfelues et des modèles invraissemblables chaque jour. Et toujours une donnée qui rend mon machin bancal. Et de toute façon mon imagination est entrain de délirer proportionnellement à la pile de publis qui s'accumulent sur ma paillasse.
Je me découvre incapable de fouiller une hypothèse jusqu'au bout, et dès qu'un balbutiement de nouvelle idée s'engouffre dans mon cerveau, il me faut remonter la nouvelle piste. Là tout de suite, immédiatement, tant pis pour l'idée précédente ou la PCR en cours. Méthode complètement contre-productive et qu'il faudrait que je réussisse à abandonner. Comme si j'étais capable de controler mon cerveau...
Et je me retrouve à suer à grosses gouttes face à pubmed, à m'arracher les cheveux dès qu'un article de 1974 est introuvable, à remuer ciel et terre pour ouvrir un pdf d'origine japonaise... j'imprime, je lis 3 lignes dans 2 paragraphes, et je repars.
Au total j'oublie mon gel sur le feu, j'ai du stabilo rose jusque sur le bout du nez et je n'ai toujours AUCUNE réelle idée sur le pourquoi du comment... et c'est vraiment frustrant !!
Je me découvre incapable de fouiller une hypothèse jusqu'au bout, et dès qu'un balbutiement de nouvelle idée s'engouffre dans mon cerveau, il me faut remonter la nouvelle piste. Là tout de suite, immédiatement, tant pis pour l'idée précédente ou la PCR en cours. Méthode complètement contre-productive et qu'il faudrait que je réussisse à abandonner. Comme si j'étais capable de controler mon cerveau...
Et je me retrouve à suer à grosses gouttes face à pubmed, à m'arracher les cheveux dès qu'un article de 1974 est introuvable, à remuer ciel et terre pour ouvrir un pdf d'origine japonaise... j'imprime, je lis 3 lignes dans 2 paragraphes, et je repars.
Au total j'oublie mon gel sur le feu, j'ai du stabilo rose jusque sur le bout du nez et je n'ai toujours AUCUNE réelle idée sur le pourquoi du comment... et c'est vraiment frustrant !!
mercredi 27 avril 2005
Juste encore une minute...
C'est marrant comme on peut passer d'une humeur à l'autre, comme d'un matin grognon on peut faire une soirée à chanter à tue-tête, comme de petits riens font du bien, comme c'est parfois si simple de basculer du bon ou du mauvais coté.
Parce qu'il suffit d'un dessin à la craie sur une ardoise pour sourire face à son actimel, parce qu'il suffit d'un regard complice de Fran pour ne pas s'énerver face à SW, parce qu'il suffit de macher sa quiche aux brocolis pendant des heures pour ne même pas avoir honte de ne pas la finir, parce qu'il suffit d'un peu de musique pour qu'on se retrouve tous à chantonner en coeur, parce qu'avec un simple "do you mind ?", "don't worry i'll do it for you", ou "oh thanks that's great!", on se sent respecté et écouté, parce qu'il suffit que chef trouve une poubelle rose pour égayer notre labo bleu, parce que la vie c'est un empilement de minutes qui forment des journées. Et parfois, c'est bien de juste se contenter de les vivre une par une.
Parce qu'il suffit d'un dessin à la craie sur une ardoise pour sourire face à son actimel, parce qu'il suffit d'un regard complice de Fran pour ne pas s'énerver face à SW, parce qu'il suffit de macher sa quiche aux brocolis pendant des heures pour ne même pas avoir honte de ne pas la finir, parce qu'il suffit d'un peu de musique pour qu'on se retrouve tous à chantonner en coeur, parce qu'avec un simple "do you mind ?", "don't worry i'll do it for you", ou "oh thanks that's great!", on se sent respecté et écouté, parce qu'il suffit que chef trouve une poubelle rose pour égayer notre labo bleu, parce que la vie c'est un empilement de minutes qui forment des journées. Et parfois, c'est bien de juste se contenter de les vivre une par une.
mardi 26 avril 2005
Trop de bonheur...
Puisque mon ordinateur est à présent sur ma paillasse, je peux désormais lancer mes PCR en regardant le journal télévisé de France 2 ou le zapping de Canal.
Bon, c'est vrai, l'idée ne m'est venue qu'APRES avoir mis mes tubes dans la machine à PCR. Certes.
Mais quand même...
Bon, c'est vrai, l'idée ne m'est venue qu'APRES avoir mis mes tubes dans la machine à PCR. Certes.
Mais quand même...
S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème.
S'il y a des travaux dans Morningside road, des voitures dans la rue, et d'énormes panneaux sur les trotoirs pour prévenir les gentils automobilistes, par où sont censées passer les poussettes ?
Comment ne pas se sentir coupable devant un petit garcon qu'on torture à coup de purée de carottes et de petits filous alors qu'il a juste envie de dormir en pleurnichant ?
Si l'un est dans le bain et l'autre entrain de hurler à la mort parce qu'elle a faim, comment faire pour se démultiplier ?
Au bout de combien de pyjamas sales peut-on considérer que tant pis, sod it, elle ira au lit avec du lait partout ?
Combien de tétines faut-il pour venir à bout d'un gros chagrin ?
Comment se fait-il que lorsque la maison est calme et que tout le monde dort, faire cuire un paquet de pates est aussi douloureux que de courir un marathon ?
Comment ne pas se sentir coupable devant un petit garcon qu'on torture à coup de purée de carottes et de petits filous alors qu'il a juste envie de dormir en pleurnichant ?
Si l'un est dans le bain et l'autre entrain de hurler à la mort parce qu'elle a faim, comment faire pour se démultiplier ?
Au bout de combien de pyjamas sales peut-on considérer que tant pis, sod it, elle ira au lit avec du lait partout ?
Combien de tétines faut-il pour venir à bout d'un gros chagrin ?
Comment se fait-il que lorsque la maison est calme et que tout le monde dort, faire cuire un paquet de pates est aussi douloureux que de courir un marathon ?
lundi 25 avril 2005
Pense-bête.
Vérifier qu'Annelie a bien dormi, qu'Eben a bien eu son dernier repas, arrêter de manger quand je n'ai plus faim, ne pas tuer SW, manger quand j'ai faim, sourire, penser à la vaseline avant la couche, au truc anti-dérapant dans le bain, et 7 cuillères de lait (boite violette) pour le grand, 6 (boite bleue) pour la petite, couper les bananes en cubes et les saucisses en rondelles, ne pas tuer SW, sourire, arroser, transferer mes boites en red light, lancer les pré-cultures overnight, ne pas être en retard à la nursery, emporter la biblio pour lire après bed time, ne pas tuer SW, ne pas tuer SW.
Roh mais j'arriverai jamais à me souvenir de tout ça...
Roh mais j'arriverai jamais à me souvenir de tout ça...
vendredi 22 avril 2005
Bébés-éprouvette.
Puisque même pas peur, je suis une postdoc responsable et fidèle, et même si je n'ai jamais changé une couche de ma vie, me voici devenue baby-sitter officielle des enfants de chef. Etonemment, j'ai offert mes services avec plaisir et j'ai même hate d'y être. Parce que les bébés je ne connais pas du tout et que ça m'éclate, enfin surtout ceux des autres et encore plus quand ils rigolent tout le temps comme ces 2 petits là. Parce que quand même, 5 et 18 mois c'est tout petit. Enfin, il va quand même me falloir un peu d'énergie dans les rues de Morningside pour faire avancer la poussette à étages dont j'ai eu une démonstration détaillée la semaine derniere.
Bref.
Je pensais qu'avec mes travaux pratiques prévus pour dimanche apres-midi - "coin-coin flotte, bébé coule" sous la surveillance de Superman, et "pendant que les pates volent, le biberon refroidit" sous la direction de chef - j'allais être suffisament préparée pour le grand soir, lundi soir, alors que les parents confiants -inconscients ?- seront à l'evening meal de leur conférence.
Mais non. Je viens de recevoir un protocole. En 9 étapes. Avec des tips et un timetable.
Décidément, ma chef est fantastique.
Bref.
Je pensais qu'avec mes travaux pratiques prévus pour dimanche apres-midi - "coin-coin flotte, bébé coule" sous la surveillance de Superman, et "pendant que les pates volent, le biberon refroidit" sous la direction de chef - j'allais être suffisament préparée pour le grand soir, lundi soir, alors que les parents confiants -inconscients ?- seront à l'evening meal de leur conférence.
Mais non. Je viens de recevoir un protocole. En 9 étapes. Avec des tips et un timetable.
Décidément, ma chef est fantastique.
jeudi 21 avril 2005
La 4ème dimension.
Il y a des gens que j'ai l'impression de connaitre depuis toujours, avant de m'apercevoir qu'il y a seulement quelques mois, quelques années, ils n'existaient même pas dans ma vie. D'ailleurs il y a quelques années, je n'existait même pas dans la vie. Mon toujours n'a que 28 ans, c'est maigre.
Il y a des endroits où je ne me souviens plus avoir vécu, des lieux qui sont devenus des souvenirs lointains, des images qui ne sont fixées dans ma mémoire que grace à quelques photos. Comme si ce labo, cette ville, cette vie étaient les seuls que j'aie jamais connus. Et pourtant, et pourtant, il y en a eu des vies avant celle-ci.
J'ai souvent l'impression que c'est "pour toujours" et "à jamais". Alors que tout change continuellement. Alors que l'instabilité est bien la seule constante dans ma vie.
J'oublie au jour le jour, il ne me reste que des sensations plus ou moins précises, plus ou moins agréables, des bagages de frustrations, de peurs, d'envies, de conditionnements, d'espérances. Du bruit de fond.
Je panique à la moindre allusion au futur, à l'incertitude, au néant qui s'ouvre là, juste devant ou quelques pas plus loin. Planifier ce qui DOIT être fait l'instant suivant, c'est simple, c'est facile, ça tombe sous le sens. Mais la liberté de construire, ça me donne le vertige.
L'intemporalité de mon quotidien est un luxe. Mais c'est aussi terrifiant. Et euphorisant. Et déprimant. Et culpabilisant.
Et pathologique, parait-il.
Il y a des endroits où je ne me souviens plus avoir vécu, des lieux qui sont devenus des souvenirs lointains, des images qui ne sont fixées dans ma mémoire que grace à quelques photos. Comme si ce labo, cette ville, cette vie étaient les seuls que j'aie jamais connus. Et pourtant, et pourtant, il y en a eu des vies avant celle-ci.
J'ai souvent l'impression que c'est "pour toujours" et "à jamais". Alors que tout change continuellement. Alors que l'instabilité est bien la seule constante dans ma vie.
J'oublie au jour le jour, il ne me reste que des sensations plus ou moins précises, plus ou moins agréables, des bagages de frustrations, de peurs, d'envies, de conditionnements, d'espérances. Du bruit de fond.
Je panique à la moindre allusion au futur, à l'incertitude, au néant qui s'ouvre là, juste devant ou quelques pas plus loin. Planifier ce qui DOIT être fait l'instant suivant, c'est simple, c'est facile, ça tombe sous le sens. Mais la liberté de construire, ça me donne le vertige.
L'intemporalité de mon quotidien est un luxe. Mais c'est aussi terrifiant. Et euphorisant. Et déprimant. Et culpabilisant.
Et pathologique, parait-il.
mercredi 20 avril 2005
Vulgarisation scientifique.
"Salut Eve, comment vas-tu ? J'ai bien reçu ton message indiquant que tu étais partie vers les horizons écossais. J'espère que ton installation s'est bien passée et que ta vie là-bas te plaît. Fais-tu un post-doc ou as-tu trouvé du boulot ?"
Après tout c'est vrai, j'oubliais, je suis en VACANCES... (au chomage ? en congé maladie ? lépreuse ? en postdoc ?)
Après tout c'est vrai, j'oubliais, je suis en VACANCES... (au chomage ? en congé maladie ? lépreuse ? en postdoc ?)
mardi 19 avril 2005
Quand l'appétit va tout va...
Quand il suffit juste d'appuyer sur un bouton, je ne sais pas résister.
Alors voilà, "I Can Make You Thin" et "Change Your Life in Seven Days" seront sur ma table de chevet demain ou le jour d'après.
Faut dire, quand il suffit juste d'appuyer sur un bouton, je peux être super vachement crédule... même quand je réalise tout à fait que c'est pathétique.
Allez, cette fois c'est sur, je vais me métamorphoser en une femme heureuse, épanouie et bien dans son corps, un peu comme dans Biba mais sans les retouches photos - ce qui me fait penser que depuis que j'ai arrêté Biba j'achète double ration de Chat et autres Take a Break, Bella ou That's life, ce qui prouve que finalement certaines dépendances sont meilleures que celles qui les remplacent.
Allez, c'est pas tout ça, ça doit bien être l'heure d'aller s'empiffrer là maintenant, non ?
Alors voilà, "I Can Make You Thin" et "Change Your Life in Seven Days" seront sur ma table de chevet demain ou le jour d'après.
Faut dire, quand il suffit juste d'appuyer sur un bouton, je peux être super vachement crédule... même quand je réalise tout à fait que c'est pathétique.
Allez, cette fois c'est sur, je vais me métamorphoser en une femme heureuse, épanouie et bien dans son corps, un peu comme dans Biba mais sans les retouches photos - ce qui me fait penser que depuis que j'ai arrêté Biba j'achète double ration de Chat et autres Take a Break, Bella ou That's life, ce qui prouve que finalement certaines dépendances sont meilleures que celles qui les remplacent.
Allez, c'est pas tout ça, ça doit bien être l'heure d'aller s'empiffrer là maintenant, non ?
Une narcisse ne fait pas le printemps...
Il y a des jours quand même où rien ne va plus malgré l'odeur de printemps. Où on pense qu'on va arriver au labo avant 10h le sourire aux lèvres, et où on franchit la porte a 10h53, le cheveux rebelle et boudinée dans un vieux pantalon poucrave qui serre le ventre -sans parler des fesses-, parce que bon, après avoir essayé le contenu ENTIER de l'armoire, il n'y a rien qui me va, les vieilles jupes ont des élastiques préhistoriques qui ont rendu l'âme, les vieux pantalons sont trop serrés, les nouveaux ridiculement trop grands, et aller au labo en peignoir il parait que ca ne se fait pas.
Je suis trop grosse.
Merde, comme si je ne le savais pas déjà.
Quel est le con qui a inventé le miroir hein ?
Je suis trop grosse.
Merde, comme si je ne le savais pas déjà.
Quel est le con qui a inventé le miroir hein ?
lundi 18 avril 2005
Déjeuner en paix...
Assise en tailleur sur le canapé devant la télé, le saladier bien callé là dans le creux des jambes, un verre de rouge sur la table basse, voilà ma position préférée.
D'ailleurs un dimanche soir juste avant de s'installer confortablement, on se retrouve dans la cuisine à préparer sa sauce salade en salivant -comme oui je suis championne du monde en sauce salade, et si t'es pas d'acc c'est pas grave ça en fera plus pour moi- en se souvenant que demain c'est un jour de congé à l'université, et qu'un jour de congé ça signifie surtout "merde la cafét va être fermée". Alors au moment d'ajouter de la moutarde dans le saladier on en met le double, puis on cherche un grand tupperware dans le placard, et on partage précautioneusement sa salade en deux, en salivant tout à coup doublement, puisque demain midi ça va être meilleur que d'habitude finalement.
Sauf qu'on a pas pensé à un truc tout con: au moment d'ouvrir le tupperware et d'admirer la sauce qui dégouline à l'extrémité des feuilles et sur les morceaux de gruyère -du vrai de vrai, pas du cheddar- on est entourré d'un bataillon de british ou de foreigners britanisés, ouvrant leur lunch-box sur un sandwich-triangle et un mini paquet de chips.
Alors on se met quand même à manger sa salade qui fait un crunch-crunch terriblement bruyant, surtout lorsque les 4 paires de machoires alentours mâchent du pain de mie, on s'éclabousse de sauce, surtout sur le menton là, comme quand on est sur son canapé à la maison à se demander quel va être le vainqueur du "100 greatest albums ever" de channel 4, sauf qu'on est pas sur le même canapé, on est sur celui de la salle café face à 4 paires d'yeux qui vous observent d'un air pas franchement dégouté, mais définitivement réprobateur. Alors on n'ose pas finir de saucer la sauce avec son morceau de ciabatta au poivron qui pourtant déchire sa race tellement c'est bon, et on se dit que la prochaine fois on mangera son dessert en secret dans le labo même si c'est interdit, puisque c'est bien connu, manger un dessert pour lunch-time c'est pêcher, surtout si on est française et grassouillette.
Allez, demain c'est pas congé, et je vais pouvoir reprendre mon régime pâtes-fromage cachée dans un coin de la cafet...
D'ailleurs un dimanche soir juste avant de s'installer confortablement, on se retrouve dans la cuisine à préparer sa sauce salade en salivant -comme oui je suis championne du monde en sauce salade, et si t'es pas d'acc c'est pas grave ça en fera plus pour moi- en se souvenant que demain c'est un jour de congé à l'université, et qu'un jour de congé ça signifie surtout "merde la cafét va être fermée". Alors au moment d'ajouter de la moutarde dans le saladier on en met le double, puis on cherche un grand tupperware dans le placard, et on partage précautioneusement sa salade en deux, en salivant tout à coup doublement, puisque demain midi ça va être meilleur que d'habitude finalement.
Sauf qu'on a pas pensé à un truc tout con: au moment d'ouvrir le tupperware et d'admirer la sauce qui dégouline à l'extrémité des feuilles et sur les morceaux de gruyère -du vrai de vrai, pas du cheddar- on est entourré d'un bataillon de british ou de foreigners britanisés, ouvrant leur lunch-box sur un sandwich-triangle et un mini paquet de chips.
Alors on se met quand même à manger sa salade qui fait un crunch-crunch terriblement bruyant, surtout lorsque les 4 paires de machoires alentours mâchent du pain de mie, on s'éclabousse de sauce, surtout sur le menton là, comme quand on est sur son canapé à la maison à se demander quel va être le vainqueur du "100 greatest albums ever" de channel 4, sauf qu'on est pas sur le même canapé, on est sur celui de la salle café face à 4 paires d'yeux qui vous observent d'un air pas franchement dégouté, mais définitivement réprobateur. Alors on n'ose pas finir de saucer la sauce avec son morceau de ciabatta au poivron qui pourtant déchire sa race tellement c'est bon, et on se dit que la prochaine fois on mangera son dessert en secret dans le labo même si c'est interdit, puisque c'est bien connu, manger un dessert pour lunch-time c'est pêcher, surtout si on est française et grassouillette.
Allez, demain c'est pas congé, et je vais pouvoir reprendre mon régime pâtes-fromage cachée dans un coin de la cafet...
Emporte-moi dans ton rêve...
J'ai enfin compris qu'il était inutile d'essayer de lutter: entre 7h et 9h, chaque matin, je ne sais quelle étrange créature prend possession de ma volonté et m'empêche de me réveiller. C'est tout. Comment expliquer sinon que je n'arrive pas à m'endormir le soir, que je me tourne et me retourne en attendant le coup de massue libérateur, alors qu'entre 2 sonneries de réveil de 7 à 9, je me rendors comme un loir, instantanément, et ce meme après la 11ème interruption ?
Souvent, avant 7h, j'ouvre les yeux, et je me retrouve prête à sauter dans la douche et à vaincre le monde avec mes pipettes. Mais à quoi bon ? Il est "avant 7h", et ce serait idiot de ne pas profiter de ma couette moëlleuse 5 minutes de plus. Alors je me retourne et je me rendors doucement. En pensant qu'aujourd'hui, pour une fois, je me leverai au premier son du réveil, puisqu'apparemment j'ai déja assez dormi. Erreur. L'entrée dans la zone magique se termine invariablement vers 9h10, lorsque d'un oeil j'apercois les chiffres rouges, et que je m'élance d'un bond dans mes pantoufles en marmonnant "merde, merde, merde, j'suis encore en retard !!!".
J'ai essayé tous les trucs disponibles. Mettre le réveil loin, utiliser 3 réveils différents, n'en mettre qu'un seul pour me forcer à ne pas compter sur la sonnerie du 3ème, et je suis désormais capable de reprogrammer mon téléphone pour qu'il resonne 10 minutes plus tard tout en fermant les yeux ou presque.
Alors voila, je m'avoue vaincue.
Monsieur le magicien de 7 à 9, tu as gagné...
Souvent, avant 7h, j'ouvre les yeux, et je me retrouve prête à sauter dans la douche et à vaincre le monde avec mes pipettes. Mais à quoi bon ? Il est "avant 7h", et ce serait idiot de ne pas profiter de ma couette moëlleuse 5 minutes de plus. Alors je me retourne et je me rendors doucement. En pensant qu'aujourd'hui, pour une fois, je me leverai au premier son du réveil, puisqu'apparemment j'ai déja assez dormi. Erreur. L'entrée dans la zone magique se termine invariablement vers 9h10, lorsque d'un oeil j'apercois les chiffres rouges, et que je m'élance d'un bond dans mes pantoufles en marmonnant "merde, merde, merde, j'suis encore en retard !!!".
J'ai essayé tous les trucs disponibles. Mettre le réveil loin, utiliser 3 réveils différents, n'en mettre qu'un seul pour me forcer à ne pas compter sur la sonnerie du 3ème, et je suis désormais capable de reprogrammer mon téléphone pour qu'il resonne 10 minutes plus tard tout en fermant les yeux ou presque.
Alors voila, je m'avoue vaincue.
Monsieur le magicien de 7 à 9, tu as gagné...
vendredi 15 avril 2005
Le bilan.
J'ai hurlé, j'ai pleuré, je ne voulais pas y aller, non, non et non, l'Ecosse ça allait forcément être nul.
Mais voila, il faut bien se rendre à l'évidence: chef est détendue et disponible, les 2 postdocs de notre équipe d'adoption sont heureux de ne plus être seuls dans leur grand labo-tout-vide, et d'ailleurs ils cherchent à communiquer le plus possible avec nous, même s'ils s'intéressent autant aux phytochromes que nous à la dégradation de l'amidon, Fran est quasiment parfaite, que ce soit au pub, au musée, dans le labo ou à la cafétéria, son sourire la suit partout, SW n'est toujours pas arrivée, ma paillasse est tellement immense qu'elle parait rangée, et j'ai l'impression inhabituelle d'avoir fait mes devoirs quand j'arrive le matin à 10h.
Bref.
Il ne manque plus que l'autocollant "Disneyland-Scotland" sur la porte du labo, les tabourets roses sous les paillasses et un Nature paper publié dans l'année pour que ma vie soit un rêve...
Mais voila, il faut bien se rendre à l'évidence: chef est détendue et disponible, les 2 postdocs de notre équipe d'adoption sont heureux de ne plus être seuls dans leur grand labo-tout-vide, et d'ailleurs ils cherchent à communiquer le plus possible avec nous, même s'ils s'intéressent autant aux phytochromes que nous à la dégradation de l'amidon, Fran est quasiment parfaite, que ce soit au pub, au musée, dans le labo ou à la cafétéria, son sourire la suit partout, SW n'est toujours pas arrivée, ma paillasse est tellement immense qu'elle parait rangée, et j'ai l'impression inhabituelle d'avoir fait mes devoirs quand j'arrive le matin à 10h.
Bref.
Il ne manque plus que l'autocollant "Disneyland-Scotland" sur la porte du labo, les tabourets roses sous les paillasses et un Nature paper publié dans l'année pour que ma vie soit un rêve...
jeudi 14 avril 2005
Eh bien, dansez maintenant...
A me retrouver dans cette ambiance d'efficacité et de travail, voilà que je m'y mets aussi et que je n'ai plus le temps de... ne rien faire.
Damned.
Work sucks.
Damned.
Work sucks.
mardi 12 avril 2005
Batman était en fait une grenouille.
C'est officiel, je suis la fille de dracula.
Non comme après avoir (discrètement) fait remarquer qu'il faisait bien sombre dans mon coin du labo, la post-doc danoise a (avec le sourire mais fermement) obtenu que je lève le store qui préserve ma rétine fragile. Apparemment "il faut profiter du soleil quand il est là, et c'est pas si souvent".
Right.
Mais voilà, impossible de préparer mes PCRs avec autant de lumière traversant ma paillasse. Et puis d'abord et justement, c'est MON coin du labo.
5 minutes plus tard je tirais donc énergétiquement sur la ficelle pour faire redescendre le store.
Et je crois bien que la danoise a désormais envie de bouffer du vampire...
(euh sinon l'ail ça va, c'est avec de l'oignon qu'on me repousse. Mais réussite garantie à 100% hein !)
Non comme après avoir (discrètement) fait remarquer qu'il faisait bien sombre dans mon coin du labo, la post-doc danoise a (avec le sourire mais fermement) obtenu que je lève le store qui préserve ma rétine fragile. Apparemment "il faut profiter du soleil quand il est là, et c'est pas si souvent".
Right.
Mais voilà, impossible de préparer mes PCRs avec autant de lumière traversant ma paillasse. Et puis d'abord et justement, c'est MON coin du labo.
5 minutes plus tard je tirais donc énergétiquement sur la ficelle pour faire redescendre le store.
Et je crois bien que la danoise a désormais envie de bouffer du vampire...
(euh sinon l'ail ça va, c'est avec de l'oignon qu'on me repousse. Mais réussite garantie à 100% hein !)
Un caméléon sur du tissu écossais...
J'ai toujours cru que je ne pourrai pas rester plus de 10 minutes dans la même pièce qu'un chat dont on écrase la queue qu'une cornemuse.
Mais voilà, il faut bien s'adapter, surtout lorsqu'on habite kilt-land en colocation avec une fille de fabriquant de cornemuses.
Une vraie de vraie.
Bref.
Une soirée à regarder une bande de copains jouer ensemble et vivre leur musique dans un pub surpeuplé a tout changé.
Je n'ai jamais compris pourquoi une "région" voulait être indépendante du pays auquel elle "appartient". Je n'ai jamais aprouvé les nationalistes quels qu'ils soient. Certainement parce qu'il n'y a pas d'identité culturelle forte dans mon patrimoine génétique, puisque je suis une marseillaise à l'accent parisien qui se dit dauphinoise. Voire bristolienne.
Bref.
2 semaines à vivre ici et je commence à comprendre. L'Ecosse n'est pas une région, c'est un pays. Trivial pour un écossais, mais découverte majeure pour l'étrangère que je suis. Et c'est même un pays de gauche. Qui veut prendre soin de ses services sociaux. Qui ne veut pas être entrainé par la vague capitalo-libéraliste anglaise. Qui veut être "un petit pays dans l'Europe", comme il en existe d'autres.
Et ça commence à faire du sens.
Ca y est, je peux porter le tartan, je crois que suis prête.
Mais voilà, il faut bien s'adapter, surtout lorsqu'on habite kilt-land en colocation avec une fille de fabriquant de cornemuses.
Une vraie de vraie.
Bref.
Une soirée à regarder une bande de copains jouer ensemble et vivre leur musique dans un pub surpeuplé a tout changé.
Je n'ai jamais compris pourquoi une "région" voulait être indépendante du pays auquel elle "appartient". Je n'ai jamais aprouvé les nationalistes quels qu'ils soient. Certainement parce qu'il n'y a pas d'identité culturelle forte dans mon patrimoine génétique, puisque je suis une marseillaise à l'accent parisien qui se dit dauphinoise. Voire bristolienne.
Bref.
2 semaines à vivre ici et je commence à comprendre. L'Ecosse n'est pas une région, c'est un pays. Trivial pour un écossais, mais découverte majeure pour l'étrangère que je suis. Et c'est même un pays de gauche. Qui veut prendre soin de ses services sociaux. Qui ne veut pas être entrainé par la vague capitalo-libéraliste anglaise. Qui veut être "un petit pays dans l'Europe", comme il en existe d'autres.
Et ça commence à faire du sens.
Ca y est, je peux porter le tartan, je crois que suis prête.
lundi 11 avril 2005
Un inconnu vous offre des fleurs...
Un(e) inconnu(e) anonyme m'a offert un livre fantastique qui va enfin me dire comment me faire des amis, pourquoi il faut rajouter le lait après le thé, et des tas d'autres choses qui me font mourir de rire avant d'aller dormir.
Mais qui c'est ?
Une inconnue moins anonyme et qui musarde dans ces pages m'a envoyé quelques vaches pour décorer mon nouveau bureau, et m'a montré à quel point, décidément, je ne suis PAS une inconnue anonyme !! [et j'ai trouvé la solution sans tricher hein !]
MERCI !!!
Mais qui c'est ?
Une inconnue moins anonyme et qui musarde dans ces pages m'a envoyé quelques vaches pour décorer mon nouveau bureau, et m'a montré à quel point, décidément, je ne suis PAS une inconnue anonyme !! [et j'ai trouvé la solution sans tricher hein !]
MERCI !!!
Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous...
Tous les 2 ans à peu près revient le même problème. Ca commence par un petit trou, rien du tout vraiment. On se dit que c'est pas bien grave, personne ne peut le voir, le petit trou. Et on se dit qu'il faudrait aller refaire un stock au magasin le plus vite possible, avant que le trou ne s'agrandisse, mais on oublie. Et puis on se promène sur une plage de Portobello un dimanche apres-midi en faisant voler du sable partout et en mettant les pieds dans l'eau de temps en temps -non d'accord juste une fois, c'était un peu comme mettre ses pieds dans un freezer faut dire- et puis on essaie de sauter la barrière en bois, et puis en levant la jambe... craaaaack. Et là on se dit que c'est pas plus mal qu'il commence à faire nuit finalement, parce que tout à coup tout le monde peut le voir, l'énorme trou dans mon pantalon qui dévoile la moitié de ma jambe gauche...
jeudi 7 avril 2005
Low self-esteem.
Je crois que je me souviens encore du soir où c'est arrivé. C'était un vendredi il me semble, et j'étais enfermée dans le labo du fond, avec ce vieil oxygraphe tout pourri qui m'avait été pourtant gentiment prêté par les responsables des TPs de licence-maitrise.
Plusieurs semaines que j'essayais toutes les possibilités.
D'abord il avait fallu convaincre mon Marcel que l'idée de Pierre était bonne, que non, utiliser un oxygraphe, même pas peur, que j'en avais mesuré des tonnes, des échanges d'oxygène, sur des cubes de patate, des morceaux d'épinard, des rondelles d'Arabidopsis, des mitochondries... et ce depuis mes plus jeunes années universitaires.
Idée acceptée, il avait fallu trouver la bête, et surtout finalement se rappeler comment ça marchait, une électrode de Clark. Réussir à monter une membrane, à calibrer le putain de truc, demander et re-demander de l'aide, interdire à qui que ce soit de sauter à pieds joints à coté de la paillasse, enfin surtout à moi-même, et ce malgré la radio.
Et depuis la première joie d'enfin voir mes membranes respirer, je pataugeais.
Ce soir là, après avoir ajouté ma PQ -idée géniale de mon Marcel-, la seringue à peine rincée, je regardais négligement l'enregistreur graphique en n'espérant pas grand chose de plus que la platitude habituelle post-cyanure.
Alors quand la plume a semblé prendre une autre direction, je n'y croyais pas. Du tout. Encore une perturbation à la con.
Mais en me levant d'un bond, j'ai observé l'encre noire sur le papier orangé, en me disant "mais putain... mais merde eh ça marche !".
J'ai passé un gros morceau de la soirée à re-essayer dans tous les sens, avant le cyanure, après le cyanure, après le nPG, et sur le contrôle, et, et... des mètres de papier orangé trainaient par terre, et je n'y croyais toujours pas.
Ce soir là, pour la première fois, j'ai eu l'impression de découvrir quelque chose. D'être une vraie chercheuse.
C'est à cette sensation là que je me raccroche à chaque fois que je me sens démotivée, à chaque fois que mon moral baisse, quand j'ai l'impression de n'être rien et de n'avoir jamais produit que du vent.
La fonction de cette protéine là, c'est moi qui l'ai prouvée, j'étais seule devant mon oxygraphe, et ça personne ne pourra jamais me l'enlever.
Enfin je croyais.
Quelqu'un vient de réussir à écrire un joli papier sur "ma" protéine sans me citer une seule fois.
6 papiers qui en parlent.
6 papiers quand même un peu majeurs, enfin je croyais.
6 papiers que pubmed affiche sans sourciller, avec des mots-clefs tous bêtes.
6 papiers avec mon nom dedans.
Pas un seul dans sa liste.
A peine la petite revue que Marcel a fait l'an dernier dans mon dos.
Et c'est tout.
Je ne suis plus rien.
Ca ne devrait pas vraiment me toucher, c'est ridicule. Je suis ridicule.
Mais on m'a volé mon grand moment, et j'ai un gout amer dans la bouche. Et je ne sais plus pourquoi je fais ce métier. Et j'ai juste envie d'envoyer un email à ce grand monsieur dont j'ai pourtant lu toutes les publis ou presque, que j'ai systématiquement cité, que j'ai toujours idolatré, dont j'ai bu les paroles, qui m'a accompagné partout, de mon lit aux WC, en passant par mon bureau ou mes balades en Chartreuse, qui m'a donné des moments de joies intellectuelles énormes, et des maux de têtes tout aussi intenses.
J'ai juste envie de lui envoyer un email pour lui dire que c'est quand même pas bien malin de faire pleurer une postdoc dans son labo tout sombre.
Plusieurs semaines que j'essayais toutes les possibilités.
D'abord il avait fallu convaincre mon Marcel que l'idée de Pierre était bonne, que non, utiliser un oxygraphe, même pas peur, que j'en avais mesuré des tonnes, des échanges d'oxygène, sur des cubes de patate, des morceaux d'épinard, des rondelles d'Arabidopsis, des mitochondries... et ce depuis mes plus jeunes années universitaires.
Idée acceptée, il avait fallu trouver la bête, et surtout finalement se rappeler comment ça marchait, une électrode de Clark. Réussir à monter une membrane, à calibrer le putain de truc, demander et re-demander de l'aide, interdire à qui que ce soit de sauter à pieds joints à coté de la paillasse, enfin surtout à moi-même, et ce malgré la radio.
Et depuis la première joie d'enfin voir mes membranes respirer, je pataugeais.
Ce soir là, après avoir ajouté ma PQ -idée géniale de mon Marcel-, la seringue à peine rincée, je regardais négligement l'enregistreur graphique en n'espérant pas grand chose de plus que la platitude habituelle post-cyanure.
Alors quand la plume a semblé prendre une autre direction, je n'y croyais pas. Du tout. Encore une perturbation à la con.
Mais en me levant d'un bond, j'ai observé l'encre noire sur le papier orangé, en me disant "mais putain... mais merde eh ça marche !".
J'ai passé un gros morceau de la soirée à re-essayer dans tous les sens, avant le cyanure, après le cyanure, après le nPG, et sur le contrôle, et, et... des mètres de papier orangé trainaient par terre, et je n'y croyais toujours pas.
Ce soir là, pour la première fois, j'ai eu l'impression de découvrir quelque chose. D'être une vraie chercheuse.
C'est à cette sensation là que je me raccroche à chaque fois que je me sens démotivée, à chaque fois que mon moral baisse, quand j'ai l'impression de n'être rien et de n'avoir jamais produit que du vent.
La fonction de cette protéine là, c'est moi qui l'ai prouvée, j'étais seule devant mon oxygraphe, et ça personne ne pourra jamais me l'enlever.
Enfin je croyais.
Quelqu'un vient de réussir à écrire un joli papier sur "ma" protéine sans me citer une seule fois.
6 papiers qui en parlent.
6 papiers quand même un peu majeurs, enfin je croyais.
6 papiers que pubmed affiche sans sourciller, avec des mots-clefs tous bêtes.
6 papiers avec mon nom dedans.
Pas un seul dans sa liste.
A peine la petite revue que Marcel a fait l'an dernier dans mon dos.
Et c'est tout.
Je ne suis plus rien.
Ca ne devrait pas vraiment me toucher, c'est ridicule. Je suis ridicule.
Mais on m'a volé mon grand moment, et j'ai un gout amer dans la bouche. Et je ne sais plus pourquoi je fais ce métier. Et j'ai juste envie d'envoyer un email à ce grand monsieur dont j'ai pourtant lu toutes les publis ou presque, que j'ai systématiquement cité, que j'ai toujours idolatré, dont j'ai bu les paroles, qui m'a accompagné partout, de mon lit aux WC, en passant par mon bureau ou mes balades en Chartreuse, qui m'a donné des moments de joies intellectuelles énormes, et des maux de têtes tout aussi intenses.
J'ai juste envie de lui envoyer un email pour lui dire que c'est quand même pas bien malin de faire pleurer une postdoc dans son labo tout sombre.
Vite fait, bien fait...
De toute évidence, j'ai toujours travaillé dans des instituts de seconde zone, où on se débrouillait à tout faire par nous-mêmes. Ce qui ne m'a jamais vraiment dérangé.
A Grenoble, notre technicienne bien-aimée nous racontait beaucoup ses déboires et autres joies quotidiennes, remplissait nos boites de cônes, et ne savait pas comment ajuster le pH d'une solution ("Et si j'en fait 2 litres, j'ajuste le pH à 14 alors ?"). Nos commandes passaient bon gré, mal gré - et après signature par chef- à travers la montagne de papiers sur le bureau de la secrétaire, et en 48 heures elles arrivaient en haut de la pile, ce qui nous rendait heureux. Sauf quand elles revenaient sur le bureau de chef parce que la secrétaire ne savait pas sur quelle "ligne" passer la commande. Le tout avec le sourire et dans une ambiance familiale inéfficace. Mais qu'est-ce qu'on était bien.
A Bristol notre "technicien qui vient le vendredi matin pour remplir les boites de cônes et faire du LB" venait parfois le vendredi matin. Et m'a donné mon kit de survie en slang anglais. Grâce à lui je ne dis plus "bordel" mais "bugger", merci Steve. Et puis un jour il n'est plus venu, et les sacs à autoclave se sont accumulés dans le labo. Quant aux commandes, une jolie feuille rose, un grant number, mettre la feuille dans la boite de la secrétaire APRES son départ pour éviter son sourire de pitbull, et 2 jours plus tard les colis arrivaient. Le bonheur.
A présent, tout est différent. Il y a une salle où sont stockés des milieux, des bouteilles, de l'eau stérile, et il n'y a qu'à se servir. Plusieurs fois par jour quelqu'un ramasse nos sacs de déchets. Mes boites de cônes reviennent toutes seules comme par magie sur ma paillasse après leur petit tour par l'autoclave. Et il y a un store. Pas un store ouvert de 11h15 à 12h15, avec juste du papier et des cônes qui ne s'ajustent jamais sur mes maudites Finnpipettes. Non, un vrai, grand, ouvert toute la journée, avec un gars à l'humour pas drôle dernière le comptoir. Besoin d'un peu de Taq ? Hop, le store. Plus de TOPO kit ? Hop, le store. Ah non sorry on en a plus, mais j'en commande.
Le progrès et l'organisation, c'est magnifique...
Seulement l'efficacité ça commence à sérieusement me fatiguer...
A Grenoble, notre technicienne bien-aimée nous racontait beaucoup ses déboires et autres joies quotidiennes, remplissait nos boites de cônes, et ne savait pas comment ajuster le pH d'une solution ("Et si j'en fait 2 litres, j'ajuste le pH à 14 alors ?"). Nos commandes passaient bon gré, mal gré - et après signature par chef- à travers la montagne de papiers sur le bureau de la secrétaire, et en 48 heures elles arrivaient en haut de la pile, ce qui nous rendait heureux. Sauf quand elles revenaient sur le bureau de chef parce que la secrétaire ne savait pas sur quelle "ligne" passer la commande. Le tout avec le sourire et dans une ambiance familiale inéfficace. Mais qu'est-ce qu'on était bien.
A Bristol notre "technicien qui vient le vendredi matin pour remplir les boites de cônes et faire du LB" venait parfois le vendredi matin. Et m'a donné mon kit de survie en slang anglais. Grâce à lui je ne dis plus "bordel" mais "bugger", merci Steve. Et puis un jour il n'est plus venu, et les sacs à autoclave se sont accumulés dans le labo. Quant aux commandes, une jolie feuille rose, un grant number, mettre la feuille dans la boite de la secrétaire APRES son départ pour éviter son sourire de pitbull, et 2 jours plus tard les colis arrivaient. Le bonheur.
A présent, tout est différent. Il y a une salle où sont stockés des milieux, des bouteilles, de l'eau stérile, et il n'y a qu'à se servir. Plusieurs fois par jour quelqu'un ramasse nos sacs de déchets. Mes boites de cônes reviennent toutes seules comme par magie sur ma paillasse après leur petit tour par l'autoclave. Et il y a un store. Pas un store ouvert de 11h15 à 12h15, avec juste du papier et des cônes qui ne s'ajustent jamais sur mes maudites Finnpipettes. Non, un vrai, grand, ouvert toute la journée, avec un gars à l'humour pas drôle dernière le comptoir. Besoin d'un peu de Taq ? Hop, le store. Plus de TOPO kit ? Hop, le store. Ah non sorry on en a plus, mais j'en commande.
Le progrès et l'organisation, c'est magnifique...
Seulement l'efficacité ça commence à sérieusement me fatiguer...
mercredi 6 avril 2005
Beau temps pour se jeter à l'eau...
Semer dans un nouvel environement, se contenter d'une hotte qui tient grâce à du scotch, fouiller dans les placards à la recherche de phytagel, remplir des boîtes de cônes, demander, demander, et encore demander.
Tout recommencer, essayer de se re-créer une routine confortable, ne pas se laisser démoraliser par les critiques (constructives?) du labmeeting du matin, se concentrer pour ne plus bafouiller, chasser ces mots francais qui s'incrustent dans chaque phrase, comme à chaque fois que le stress augmente, comme à chaque fois que je me sens ridicule, cercle vicieux à la con qui augmente mon envie de creuser un trou dans le sable.
Retrouver ses marques et se faire accepter, c'est vraiment pas mon point fort...
Tout recommencer, essayer de se re-créer une routine confortable, ne pas se laisser démoraliser par les critiques (constructives?) du labmeeting du matin, se concentrer pour ne plus bafouiller, chasser ces mots francais qui s'incrustent dans chaque phrase, comme à chaque fois que le stress augmente, comme à chaque fois que je me sens ridicule, cercle vicieux à la con qui augmente mon envie de creuser un trou dans le sable.
Retrouver ses marques et se faire accepter, c'est vraiment pas mon point fort...
mardi 5 avril 2005
Ces petits riens...
J'ai eu un oeuf de Pâques en remerciement de mes bons services -j'ai pas osé dire que j'aurai préféré une augmentation, et puis après tout c'est un oeuf de Pâques SUISSE, merci chef....- j'ai vidé la dernière caisse en plastique cet apres-midi, y'a des post-its partout sur les murs du placard au dessus de ma paillasse, le premier lab-meeting de la nouvelle ère est prévu pour demain matin aux aurores -10h quoi-, je suis officiellement the freak who works after 6pm, étiquette que j'endosse sans rechigner, j'ai converti Fiona au fromage qui pue et au cotes du Rhone, mais elle ne me convertira pas au paté de Porcinet meme si ca sent bon dans son assiette, et notre labo orienté plein sud est une fournaise -un 5 Avril, a 55°57' N-, bref tout va bien quoi non ?
samedi 2 avril 2005
Bleu et vert...
vendredi 1 avril 2005
Babel fish di aprile
Dans la série "kiara s'intruit à la cafétéria", aujourd'hui mon gentil italien à l'accent quand même vachement difficile à comprendre m'a appris qu'il existait 2 sortes de poissons panés.
"Breaded" ou "battered".
Et preuves à l'appui, avec 2 rangées de poissons d'aspects très différents, j'ai bien du me rendre à l'évidence que ce qu'il marmonait en me regardant avec des yeux ronds ce n'était pas "how are you today ?" mais bien "battered or breaded ??".
Comme quoi les merveilles de la cuisine britannique se découvrent peu à peu chaque jour... et l'accent écossais n'est définitivement pas le pire de tous !
"Breaded" ou "battered".
Et preuves à l'appui, avec 2 rangées de poissons d'aspects très différents, j'ai bien du me rendre à l'évidence que ce qu'il marmonait en me regardant avec des yeux ronds ce n'était pas "how are you today ?" mais bien "battered or breaded ??".
Comme quoi les merveilles de la cuisine britannique se découvrent peu à peu chaque jour... et l'accent écossais n'est définitivement pas le pire de tous !
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