jeudi 31 août 2006

We are family

J’ai mal à la tête et le nez qui coule. A force d’affirmer qu’il ne fait pas froid en Ecosse, la preuve regarde je marche sous la pluie en t-shirt et même pas mal, il semblerait que je me sois lourdement trompée.
Bref, tout en reniflant je remplis des tubes d’eau, comme c’est quand même mon activité préférée au monde, pipeter des machins dans des trucs, quand Dan arrive avec ses yeux des jours où il veut causer en privé. Alors je tombe les écouteurs, souris et entame un "Yes Dan, what’s up ?" comme si depuis notre repas à la cantine, une éternité s’était écoulée.
Dan s’assoit sur mon fauteuil – il est le seul au monde à avoir le droit de s’y asseoir, les autres n’ont droit qu’au tabouret, c’est injuste mais c’est comme ça – il hésite un peu, puis me raconte.
Je me souviens d’un commentaire de ma psy il y a quelques mois. "You know, when i hear you describing your relationships within your working place, it seems that people in your lab are more part of your family than work colleagues".
Mais est-ce que ce n’est pas un peu partout pareil ? Est-il vraiment possible de passer pratiquement 10 heures par jour ensemble sans nouer des liens ? Je connais mieux Dan que mes parents, que mon frangin, même que ma colocataire. Je sais ce qu’il a en tête, comment il prend son café (2 paquets de sucre et beaucoup de lait), qu’il préfère les Bounty rouges aux bleus, que cet après-midi il va peut-être faire un western, que le matin il arrive un peu après 9 heures, que ses jumeaux ont commencé le pre-school club depuis mercredi, qu’aujourd’hui sa plus grande a cours de piscine, qu’il a toujours un crayon dans la poche ou derrière l’oreille, qu’à 16h, qu’il pleuve ou qu’il vente, et quelque soit la quantité de boulot qu’il reste à faire dans la journée, c’est l’heure du thé.
C’est ce que j’aime le plus, partager le quotidien des gens.
D’ailleurs Dan sait qu’aujourd’hui j’ai le nez qui coule, que j’attends avec impatience le résultat de mes qPCRs, que ce midi j’ai mangé des macaronis au fromage trop cuites en râlant, que ce WE je vais à Paris voir ma grand-mère, que quand je ronchonne il lui suffit de rigoler pour que ça me fasse rire, que je préfère mon café sans lait et sans sucre.
Est-ce que c’est ça appartenir à une famille ?
Et qu’est-ce qui est le plus important, les liens du sang ou ceux du quotidien ?
Je ne sais pas.
Mais aujourd’hui j’ai appris en avant-première que la femme de Dan attend leur 4ème enfant.
(Un bébé que je verrai sûrement grandir, a contrario de ma nièce, au baptême de laquelle je n'ai pas été invitée)

mercredi 30 août 2006

Ma sorcière bien aimée.

Je me connais cynique, désabusée et ronchonne, sous des abords néanmoins aimables, parce qu'on m'a bien élevé moi madame. Alors quand je passe une journée à sourire franchement de tout mon coeur sans même avoir vraiment envie de râler malgré ma flemme de ce jour de rentrée des classes, après ce long week-end pas si long mais suffisamment pour avoir eu l'impression d'avoir été en vacances, et bien je ne comprends plus.
Depuis quand j'aime les lundis matins ?
(depuis toujours, oui, mais c'était une image (et oui je sais qu'on est mercredi), et puis c'était AVANT, quand j'allais VRAIMENT à l'école, de nos jours mes fins de semaines se sont épanouies loin du joug des colères paternelles du dimanche [et du samedi matin] [et parfois même du vendredi soir], ce qui soit dit en passant est finalement un excellent remède pour pousser ses enfants à apprécier l'école. Enfin bref, là n'était pas la question)
Mais enfin que se passe t’il ?
Un coup de baguette magique peut-être.
(ou peut-être un coup de fil ou plus précisément un petit message de mon normand au réveil, allez savoir)
Enfin bref, un bien grand babillage pour annoncer que ma cousine préférée a un blog, et même que c'est ici. Et c'est vachement bien.

mardi 29 août 2006

Back to school.

J'ai acheté un petit kaléidoscope en plastique aujourd'hui. Un truc tout bête, £1.20, trouvé dans le rayon enfants de la boutique du musée. C'est marrant comme Princes Street Garden parait tout à coup différent, les nuages vachement plus jolis, et les cheveux d'Helen un chouilla décoiffés.
J'ai fini par arrêter de jouer, il était l'heure de retourner à l'aéroport, puis de revenir toute seule au labo.
Un mardi au goût de dimanche.
Avec une odeur de rentrée des classes.
C'est de saison.
Il ne me manque plus que l'entrain et la motivation qui d'habitude jaillissent comme par enchantement lorsque septembre approche.
Pour se faire, je me suis jetée dans un autre bouquin. Excellent. Mais je suis loin d'être objective, forcément. Un peu l'impression de réviser ma biblio pour ce nouveau projet qui commence en novembre, avec les anecdotes qui l'entourent. Et des personnages que j'imagine tellement si bien. Une histoire de mafia grenobloise qui a envahi Norwich par vagues successives depuis quelques années. D'ailleurs je me souviens à l'époque m'être promis de choisir une voie différente, histoire de ne pas faire comme tous les autres. Je n'aurai peut-être pas du.
Ou peut-être que si.
Peut-être que je vais enfin réussir à m'immerger à nouveau sous ma paillasse. Peut-être que je vais enfin voir un peu de lumière (rouge) au bout du tunnel. Peut-être que les bons résultats vont soudainement s'accumuler de façon magique. Peut-être que personne ne se rappelera que c'est mon tour au labmetting de vendredi. Peut-être que mon esprit va arrêter de vagabonder entre l'Ecosse et la Normandie et me permettre quelques heures de concentration.
Peut-être.
J'ai comme un doute.
Mais c'est vrai, je suis loin d'être une fille optimiste, en même temps.

samedi 26 août 2006

Un samedi à oublier.

Je ne suis pas au labo depuis très longtemps. J’ai traîné ce matin, je me suis enfouie dans une autre vie, dans ce livre que j’attends depuis des mois, ce nouveau Maggie O’Farrel, celui que j’ai enfin pu acheter hier soir, celui dont je re-regarde la première page de temps à autre, juste pour vérifier.
Une jolie écriture, énorme, noire. « For Fiona + Eve-M*rie, Maggie O’Farrel ». Dédicace banale. "That’s a great name ! Are you french ? The French are so good when it comes to hyphenated names !" m’a-t’elle dit quand nous nous sommes retrouvées devant elle, un peu intimidées après cette heure à l’écouter parler, et à avoir envie d'enfin plonger dans sa nouvelle histoire.
J’ai rarement lu un livre aussi prenant, aussi nostalgique, aussi douloureux qu’After you’d gone. Je m’en étais remise difficilement. Les 2 romans suivants m’avaient plu, mais moins. Celui-ci est dans la lignée du premier. Et ce matin je n’ai réussi à m’en décrocher qu’à contrecœur, parce que j’avais rendez-vous au pub, parce qu’après mon "I’m so late, can we make it 13.30 instead of 12.30 ??", je ne pouvais pas décemment arriver en retard pour retrouver ma copine.

Alors je ne suis pas au labo depuis très longtemps. Mes tubes dégèlent, mes ARNs sont encore à -80ºC, le ciel n’est plus gris, il faut que je m’y mette, il faut que j’arrête de réfléchir à ce qui pourrait être, à ce qui n’est pas, à ce qui semble trop difficile, trop loin, interdit, inimaginable.
J’ai envie de me replonger dans mon bouquin, d’oublier qu’Helen arrive tout à l’heure, d'oublier Belle & Sebastian demain soir, d'oublier que je dois encore ranger la maison, d'oublier que je n'ose pas appeler Mamy, d’oublier que ma RT m’attend, d’oublier cette envie de fuir le labo qui me hante depuis quelques semaines, avec ses conséquences désastreuses sur ma productivité – et sur l’humeur de ma chef.

Je ne suis pas au labo depuis très longtemps. Et j'ai juste envie de repartir.

mercredi 23 août 2006

Sleepless in Edinburgh.

Heaven, I’m in heaven, and my heart beats so that I can hardly speak…

Des regards intimidés, des discussions qui s’enflamment, la 5ème symphonie serrés l’un contre l’autre et le souffle coupé, quelques accords de guitare et autant de cigarettes, un sommet désert et la ville qui s’offre à nous, la pluie battante sur la plage mouillée et nos pieds dans l’eau, marcher, fredonner, rigoler, boire des bières et des verres de vin.

…Oh I love to climb a mountain, and reach the highest peak...

Et puis des pas hésitants derrière la porte, se jeter du haut du plongeoir le cœur battant, et savourer la récompense de son audace tout une nuit.

… But it doesn’t thrill me half as much, as dancing cheek to cheek…

Et après ?
Lorsque le générique de fin englobe les nouveaux amoureux souriants, que les lumières se rallument et que le film est fini, il se passe quoi exactement ???

…When we're out together dancing cheek to cheek…

vendredi 18 août 2006

La 306 de Noé.

Puisque j'attends mon 3ème visiteur du mois, c'est le jour qu'a choisi le ciel pour littéralement nous tomber sur la tête, impossible de mieux donner dans le cliché de l'Ecosse dans la brume (et sous une pluie torrentielle). Mais j'imagine qu'un normand pense à prendre son parapluie dans sa valise, même en plein été.
Bref, le déluge ajouté à mes retrouvailles récentes avec Claudia-dans-la-télé-le-matin, et donc ces courbatures qui m'assaillent alors même que j'évite tout mouvement de trop, m'amènent à avoir une pensée chaleureuse pour monsieur Ford et ses prédécesseurs qui ont inventé le truc polluant motorisé à roues et essuies-glace. Et une autre pour chef bien-aimée qui m'a enfin rendu MA (ok, d'accord, sa) voiture.
Merci, donc.

mardi 15 août 2006

jeudi 10 août 2006

Aveu

Parfois j’ai un peu la flemme, je regarde ma paillasse en baillant, je relis pour la douzième fois ma liste et j’imagine que ça pourrait peut-être attendre demain, voire la semaine prochaine.
Et puis je revois des trucs.
Véro à coté de moi, nos copies étalées sur une table de la BU des sciences, son Stryer et mon Rawn ouverts, et ces comptes-rendus de TP qui nous animaient pendant des heures.
Anne-Marie et son sourire en coin, assise derrière son ordinateur, tout près du téléphone. Ses «Allez, oh, secoue-toi, tu verras demain, tu seras contente de l’avoir fait », et mes ronchonnements en repartant vers le labo de l’autre coté du couloir.
Anne-Marie est trop loin aujourd’hui.
Et Véro est morte.
Et moi j’ai un peu la flemme.
Et vraiment très honte.

mardi 8 août 2006

The long walk.

J’ai perdu. Le confocal a gagné. J’abandonne.
C’est terriblement frustrant, voir complètement insupportable, ces trucs qui refusent de marcher sans qu’on sache pourquoi, alors que de toute évidence ça devrait marcher, mais là non, la conjonction de Mars et Vénus avait certainement décidé que je perdrai mon temps aujourd’hui. Ou alors j’avais pas mis d’ADN dans mes transformations. Ou un truc aussi con du genre.
Alors je vais rentrer me planter devant la télé, parce qu’à défaut de trouver un minimum d’excitation au labo je peux toujours compter sur Big Brother, ce qui est parfaitement pathétique, j’en conviens, mais après une bonne dizaine d’heure en tête à tête avec un microscope peu coopératif dans une pièce noire et surchauffée, je ne trouve pas d’alternative. Hormis peut-être un twix. Voire un verre de rouge.
Oh, je pourrai certainement vérifier les séquences que je viens de recevoir histoire de ne pas avoir l’impression d’une journée totalement gachée, mais d’ici à ce que Pluton soit aussi en conjonction avec Mars et Vénus, mieux vaut ne pas tenter sa chance aujourd’hui. Aucune envie de m’apercevoir que ma Taq continue à se foutre de ma gueule, ayant décidé que j’avais certainement envie d’entreprendre une mutagenèse aléatoire plutôt que d’exprimer gentiment ma protéine de merde. C’est vicieux une enzyme en fin de vie. Elle est peut-être née sous le signe du Bélier, ma Taq, qui sait. Parce que oui, c’est fourbe et vicieux, un Bélier. Enfin j’dis juste ça parce que mon père est Bélier, et parfois fourbe, voire vicieux, mais ne te sens pas visé, ami Bélier, j’te connais même pas.
La prochaine fois je vous parlerai de mon tube d’ACC, qui est sûrement Verseau ascendant contaminé, et c’est pas forcément mieux.
En attendant faut que j’aille faire chauffer mon tube cathodique, à défaut de cerveau en état de marche (ou crève).

vendredi 4 août 2006

Dans la peau d'une touriste.


Le Tattoo a vécu sa première nuit, le temps du fe-st-iv-al est donc revenu... Hier soir la queue s'étendait à perte de vue devant l'esplanade du château, et dès ce week-end les rues vont être envahies de touristes au programme chargé, venus "faire" le festival.
C'est aussi pour ça qu'en août, j'me planque au fond du labo.
(Sauf quand le programme m'apporte Belle & Sebastian dans Princes Street Gardens, là je me contente d'arrêter de ronchonner tout en remerciant le dieu des fans déchaînés, qui a finalement entendu mes prières.)

jeudi 3 août 2006

Wake me up when august ends.

Il m'arrive des trucs en ce moment.
Certains que j'apprécie pas mal, parce que faire la gueule à tort et à travers et surtout à tout bout de champ j'ai finalement décidé d'arrêter, c'est trop contraignant. Et je manque de discipline.
Et puis d'autres qui me font quand même grincer des dents et me cogner la tête contre mon oreiller (comme les murs ça fait mal) en me disant que je suis un peu conne quand même, d'être aussi naïve. Peut-être que certains pensent qu'à quasi 30 ans, je n'ai pas encore réglé mon oedipe Electre. Peut-être. En fait si, ça va, c'est réglé, merci, enfin du moins en ce qui concerne la partie paternelle de l'histoire, et je n'ai donc aucune envie de coucher avec papa. Aucune. Et du coup qu'un gars de 60 ans me fasse les yeux doux (et plus si affinités), je dois dire que ça me fait froid dans le dos, sérieusement. Et ça me rendrait même triste.
J'imagine qu'on va encore me dire que j'envoie les mauvais signaux, comme d'habitude, l'excuse suprême des refoulés qui ne comprennent pas l'intérêt de la gentillesse. A croire que l'homme, celui avec un petit h, sa bite et son couteau sous la chemise, n'est pas capable de se croire autrement qu'irrésistible. Ou alors c'est juste que je n'y comprends toujours rien, ce qui est bien possible.
Bref, tout ça pour dire qu'août démarre de façon intéressante, mais que je ne suis pas sure de vouloir en voir la suite.
Ou alors cachée au fond du labo.
Ca tombe bien j'ai plein d'trucs à y faire, et y'a pas un chromosome Y en vue.